M.Chatillon : “Devenir champion du monde WRC3”



Deuxième de sa catégorie au Monte-Carlo au volant de sa Renault Clio Rally3, Mattéo Chatillon a répété ce résultat en Croatie en étant cette fois inscrit en WRC3.

Quatrième le samedi soir, le Français âgé de 22 ans, a terminé très fort en remportant notamment les deux dernières spéciales. Avant qu’il découvre la terre en mondial au prochain rallye du Portugal, il était opportun d’échanger avec Mattéo.

Pour ton deuxième rallye en mondial, ton premier en étant inscrit en WRC3, tu as décroché la deuxième place au milieu d’une vingtaine de Ford Fiesta Rally3. Tu dois être très satisfait de tes performances.

“Je suis super content du week-end, surtout de mon dimanche. Le rallye avait mal commencé le vendredi. Je me suis fait avoir en reconnaissances et j’ai abîmé l’auto. Ça m’a un peu bridé et je suis parti sur un faux rythme. J’avais peur de faire des bêtises et je me suis fait démonter le premier jour.

Ensuite, on a essayé d’augmenter le rythme progressivement. La journée était bien meilleure même si les choix de pneus étaient compliqués. L’après-midi, on a vu que la pluie était en train de tomber pour les Rally1. On a fait un choix de 3 tendres et 3 pluies, alors que les autres avaient fait un meilleur choix avec 4 tendres et 2 pluies. Au final, on perd notre 3e place dans la dernière du samedi.

Pour le dimanche, je n’étais pas trop confiant, car je n’avais pas aimé les spéciales en reconnaissances. Dans la deuxième, celle de la Power Stage, je ne pensais pas pouvoir prendre beaucoup de plaisir. À faible allure en reconnaissances, ce n’était pas très intéressant. Beaucoup de parties en sous-bois et parfois juste la largeur de la voiture.

Finalement, en course, c’était le vrai kif dans cette spéciale. Beaucoup de monde a fait des erreurs et on s’est fait plaisir. On a beaucoup travaillé les caméras entre les deux boucles et on termine avec les deux meilleurs temps pour arracher la deuxième place.”

Devant nous, Romet (Jürgenson) est vraiment un gars très rapide. J’avais déjà pu me battre avec lui au rallye de Catalogne l’an passé. Il ne laisse rien au hasard et je pense vraiment que c’est quelqu’un qui finira au volant d’une WRC dans les années à venir. C’est chouette de se bagarrer face à un gars très bon comme lui.

Globalement, je suis content d’avoir joué avec les Fiesta, car elles sont réputées pour aller très vite, mais un peu moins fiables. J’avais un côté un peu exclusif de rouler avec la Clio et il y avait de l’engouement autour de cette voiture. Les pilotes Fiesta se sont intéressés à notre voiture, certains ont voulu monter dedans, et moi, j’ai fait pareil avec la Fiesta !

J’ai juste le regret de ne pas avoir été dans le match tout de suite, même si je ne sais pas si notre résultat aurait été meilleur.

On m’avait dit qu’une manche de championnat du monde pouvait apporter autant d’expérience qu’une saison sur la terre en France, et je confirme ! En plus, c’est vraiment la guerre au niveau du mondial. J’ai l’impression de me retrouver en formule de promotion avec la Rally5. Sur les quelques rallyes que j’ai pu faire avec la Rally3 avant le mondial, la bagarre était moins présente et cela me manquait. Là, on joue des podiums avec beaucoup de concurrence et il faut se dépasser.”

Tu t’es bagarré pendant toute la semaine face à des pilotes “FIA Rallye Star”. Qu’en penses-tu ?

“Que c’est vraiment dommage de ne pas avoir eu une sélection en France. Je n’en connais pas les raisons, mais en Croatie, il y avait quatre pilotes qui sont formés sur cinq ans par un encadrement pro. J’ai pu discuter avec Nicolas Klinger, le responsable de ce programme. C’est vraiment une belle initiative et une belle chance pour ces pilotes.”

Est-ce que Renault t’aide pour ce programme en mondial ?

“Financièrement, Renault me soutient pour les deux manches du championnat de France Terre. J’ai gardé la livrée officielle, car je ne voulais pas dépenser de l’argent pour ça, surtout que je vais alterner encore avec le championnat de France.

Pour le mondial, Renault m’aide techniquement sur différents points. Déjà pour pouvoir travailler plus rapidement et efficacement, mais aussi en apportant des nouvelles évolutions renforcées pour améliorer la fiabilité de la voiture. En plus des évolutions, des ingénieurs de chez Renault suivent ma course et me donnent des conseils à distance.

En Croatie, on a pu voir que la Clio était plus fiable que la Fiesta. Nous n’avons pas eu un seul problème, hormis de casser une jante au même endroit que Neuville dans l’ES6.”

Et du côté de la fédération ?

“Je suis inscrit sur les listes ministérielles en tant que sportif de haut niveau, mais pour le moment ça ne m’apporte pas grand chose.

Dans certains pays comme la Finlande où les pays de l’Est, les pilotes pros reversent une somme d’argent à la fédération pour aider ensuite les jeunes pilotes à progresser. Je trouve ce système très intéressant. J’estime qu’en France, nous ne sommes pas à la hauteur d’autres pays.”

Quelle est la suite de ton programme ?

“On va aller au Portugal avec l’objectif de gagner. Il n’y aura pas les Juniors donc la concurrence sera un peu plus faible normalement. À la base, je ne comptais pas m’engager en WRC3 cette année, car le but était d’apprendre et de ne pas brûler les étapes, sans avoir de gros objectifs de résultats. Finalement, comme ça a bien marché au Monte-Carlo, on a décidé de s’inscrire dans ce championnat. Être dans le match dès cette année est une bonne surprise. En plus, il y a pas mal de Français en WRC3, donc c’est sympa.

Après le Portugal, on va rouler en France au Terre d’Aleria avec Renault. On voudra gagner comme au Terre des Causses. Puis retour en WRC3 avec la Sardaigne où l’objectif sera aussi de gagner avec le retour des Juniors. L’objectif ultime est de remonter au classement du championnat pour devenir champion du monde WRC3. On a seulement le budget pour les deux prochaines épreuves. Pour le reste, ce serait idéal de rouler en Finlande et à l’Europe Centrale.”

Combien coûte justement l’inscription en WRC3 ?

“C’est 1 700 € pour l’inscription à l’année, puis 700 € d’engagement par manche, mais aussi l’obligation de rouler avec un carburant spécial avec un coût supplémentaire d’environ 5 000 € par manche. Le budget global pour une manche est d’environ 30 000 €, en sachant que la voiture m’appartient. L’équipe est composée de quatre mécaniciens et d’un ingénieur.”

Les journées en mondial peuvent être très longues comparées à celles d’un championnat de France. Comment on s’y prépare ?

“Il faut être bien physiquement pour avoir une bonne gestion de la fatigue. C’est vraiment un truc sur lequel il faut travailler pour ne pas avoir de perte d’énergie et de concentration. On avait 8 spéciales par jour à faire, et en plus, les liaisons étaient très longues en Croatie. Il faut donc une bonne hygiène de vie et avoir un bon sommeil.”

Tu débutes encore dans cette catégorie et tu viens de faire ton 2e rallye en mondial seulement. Comment tu progresses en termes de pilotage ?

“J’ai la chance de travailler avec Patrick Magaud. On a complètement revu mon système de notes cet hiver. Les notes sont beaucoup plus précises maintenant. Et je me suis aperçu que les notes représentent 70% du boulot sur le rallye. On travaille aussi davantage les caméras embarquées. Et comme Patrick bosse beaucoup avec Fourmaux, je peux aussi profiter de petites choses supplémentaires.”



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enzo
enzo
9 jours il y a

patrick magaud, le mentor de l’ombre…
il faisait voler sa saxo kit car usine à la belle époque du CDF.

NISMO
NISMO
9 jours il y a

Sans vouloir jouet au vieux c.., 30 000€ = 200 000 francs.
S’il y a un pilote qui traîne sur cette discussion, et qui a couru dans les années 90, ou début 2000, j’aimerais bien qu’il nous dise combien ça coûtait à cette époque là…