Eloignée du championnat du monde des rallyes cette saison, l’équipe 2C Compétition était tout de même engagée sur deux jolis programmes cette année.
Et avant de débuter 2023 dans les prochaines semaines, nous avons fait le point avec Florent Peronnet, team manager de 2C Compétition. En 2022, son équipe s’est notamment lancée dans une toute nouvelle aventure en participant au championnat des Etats-Unis avec Ken Block. Et en plus de cette aventure exotique, 2C a bien entendu roulé dans le championnat de France avec Nicolas Ciamin en Hyundai i20N Rally2.
Dans cette première partie de l’interview, Florent a tiré un bilan de cette saison, évoquant plus particulièrement le championnat de France Asphalte des rallyes. Demain, le championnat des Etats-Unis sera également à l’honneur dans un deuxième article.
Quel est ton bilan global de cette saison 2022 ?
“C’est globalement une année positive même si nous n’avons pas eu de titre dans les deux championnats. On a été tout de même performants et fiables avec beaucoup de podiums et quelques victoires. On a bien progressé au cours de la saison avec deux nouveaux projets. L’année prochaine, on compte bien viser la marche la plus haute.
On commence maintenant à bien connaître la Rally2, son exploitation et ses réglages. Nous n’avons plus de trop de surprises et on sait comment on doit l’adapter en fonction des conditions.”
Après l’arrêt du programme avec la Hyundai i20 Coupé WRC, l’intersaison a forcément été délicate pour ton équipe.
“Oui, c’était un peu compliqué avec ce changement de réglementation et l’impossibilité de faire rouler nos WRC en championnat du monde. Avec le départ d’Andrea Adamo, cela a changé nos habitudes de travail et on ne savait pas comment notre collaboration avec Hyundai allait évoluer.
On avait finalement plus d’incertitudes que d’habitude. On voulait monter des programmes aux USA et en France.
D’autre part, a pu vendre une WRC à un collectionneur en sachant que tout le monde ne peut pas exploiter une telle voiture. Il y a beaucoup de process à suivre et cela reste une voiture d’exception.”
Avant de parler du programme américain dans un deuxième article, concentrons-nous donc sur la France. Quel est ton regard sur le championnat de Nicolas Ciamin ?
“C’est une saison faite de hauts et de bas. C’était une bonne entrée en matière en étant performant tout de suite au Touquet. Ensuite, on a eu du mal à suivre les performances des autres avec pas mal de points d’hésitations sur la voiture. C’était en demi-teinte même si on a signé plusieurs podiums. L’équipe a donné beaucoup d’énergie pour jouer les premières places, mais sans forcément de réussite derrière. Parfois, nous avons fait deux journées d’essais pour essayer de se rapprocher des autres et d’une forte concurrence avec la C3 et la Polo. Notre voiture est encore en développement face à des voitures abouties.
Tout au long de l’année, nous avons échangé avec d’autres teams internationaux et Hyundai Motorsport pour tenter de progresser. On a vu que la voiture était plus moins efficace en fonction des terrains rencontrés. Quand les conditions sont compliquées, avec de la pluie ou un faible grip, la voiture est très performante. C’est moins le cas quand le grip est vraiment bon.
On avait un enjeu important en début de saison avec l’objectif de gagner le championnat, mais nous n’avons pas réussi.
La Hyundai i20 Rally2 est une voiture très exclusive, pointue et il faut bien travailler pour exploiter son plein potentiel. Nous n’avons pas eu d’évolutions réelles de performance au cours de l’année. Je précise que la voiture est exactement la même que celle utilisée par Suninen en championnat du monde. Hyundai n’a aucun intérêt de faire de différences et leur but est bien de montrer que la voiture marche.
Nicolas aura mis du temps à s’adapter à cette nouvelle voiture. C’est un jeune pilote talentueux qui a faim, qui a soif de victoires, mais il a fallu se remettre en question toute l’année. Il doit avoir un peu plus d’ouverture d’esprit en fonction de la voiture qu’il utilise, elles sont toutes différentes et demandent donc des choses différentes. Si nous étions à 1s au kilomètre des autres, j’aurais pu dire que c’était une année de merde, mais nous étions toujours assez proches finalement.
À partir de Antibes/Vosges, on a bien compris qu’il serait difficile de jouer le titre jusqu’au bout.”
Ce championnat de France 2022 s’est malheureusement disputé dans une ambiance assez tendue sur la majeure partie de l’année. Après le Var, Yoann Bonato a notamment demandé à la FFSA de rendre son championnat plus professionnel. Quel est ton point de vue sur ça ?
“Je suis complètement d’accord avec Yoann. L’organisation est inchangée depuis de nombreuses années, mais les équipes se professionnalisent de plus en plus. Les investissements sont très importants et les enjeux aussi.
On demande simplement plus de rigueur au niveau technique et organisationnel. On veut des contrôles plus nombreux et plus poussés. Il y a un réel manque de communication entre les équipes et la fédération. On doit pouvoir discuter plus simplement et efficacement avec eux pour améliorer ce championnat. Il manque un manager pour gérer tout ça, une nouvelle tête, une communication différente, plus de jeunesse et de dynamisme. Le championnat ne doit pas nous voir seulement comme des participants, mais des acteurs.
On veut être persuadé qu’il n’y aucun doute sur telle ou telle auto, et ce n’était pas le cas cette année. Il y a eu trop de rumeurs pendant la saison et il y a eu un phénomène de tension grandissant depuis les Vosges. Il y a un règlement Rally2 international à respecter dans tous les championnats, et on veut s’assurer que ce soit le cas chez nous aussi.
Si on prend la parole comme ça, c’est dans le but d’essayer de faire évoluer et de dynamiser ce championnat. Cette année a donné une mauvaise image du sport auto et c’est évidemment regrettable.”
Je fais tout de suite le parallèle avec les USA où le règlement est bien plus compliqué à établir avec la BOP (Balance of Performance).
“Oui en effet, car les discussions ont été directes et ouvertes avec le prometteur et notre concurrent principal, Subaru. Avant la première manche, ils avaient des doutes légitimes sur notre voiture qui venait du WRC. On a montré que notre voiture était en règle sur tous les points demandés par Subaru, sans que personne ne soit obligée de poser des réclamations ou des chèques !”
Quels sont les projets pour 2023 ?
“Déjà, on doit recevoir deux nouvelles Hyundai i20N Rally2 dans les semaines à venir. Nous en aurons donc quatre pour la saison prochaine. Un retour sur la scène internationale me plairait bien. On travaille notamment avec Nico pour revenir en WRC2. Chez 2C, on a toujours fait en sorte d’aider de jeunes pilotes à percer.
On regarde aussi du côté de l’ERC qui est un championnat sympa avec des coûts plus maîtrisés que le WRC2.
Pour une participation au Monte-Carlo, c’est difficile, pour l’instant je ne peux pas dire si nous allons rouler. On va peut-être faire l’impasse pour donner la priorité aux événements suivants.”
Avec la commande de deux nouvelles i20, l’entente semble toujours aussi bonne avec Hyundai. Avez-vous pensé à acquérir la nouvelle Skoda ?
“Hyundai Motorsport reste une très belle entité avec un suivi de clients très performant. On a regardé la nouvelle Skoda bien sûr car nous avons un super passif avec eux. 18 Skoda Fabia R5 différentes sont passées chez nous ! Nous sommes toujours en discussions avec eux pour exploiter encore quelques voitures de nos clients.
Mais nous sommes pour l’instant très satisfaits avec Hyundai. C’est une situation compliquée pour avoir de nouvelles autos et tous les constructeurs sont dans le même cas. Pour nos i20, il y avait six mois d’attente par exemple.”
Dans une deuxième partie d’interview qui sera publiée demain matin, Florent évoquera la saison très singulière vécue par son team aux Etats-Unis.
Avec un Z comme…
il faut que 2c mette 2 i20 officielles sur les 2 championnats