“Mamie je t’aime”



Après Eric Camilli en WRC, une deuxième chronique voit le jour sur Rallye-Sport grâce à Yoann Bonato, pilote en championnat de France asphalte et en WRC-2.

17;il occupait la deuxième place au général, la première du R5.

Retour sur la semaine du pilote CHL Sport Auto, entre essais, reconnaissances et résumé du rallye, avant de donner un avis tranché sur le règlement du championnat de France des rallyes 2016.

“On démarrait le championnat au Lyon-Charbonnières en faisant l’impasse sur l’Antibes et le Touquet. On se devait de marquer de gros points sur ce rallye, c’est une épreuve que j’aime bien, qui m’a toujours réussi.”

Essais avant le départ

“On a démarré par une séance d’essais le lundi, pour voir de nouveaux setups, car le terrain était quand même très différent du Monte-Carlo, dernier rallye effectué avec la DS3. Cela m’a permis de reprendre le contact avec l’asphalte sec, on a bien bossé sur les différentiels et les suspensions. Je pense qu’au niveau du châssis, nous sommes vraiment au point maintenant. Par rapport à la 208, c’est exactement la même chose. La seule différence est au niveau de l’ergonomie, il y a un peu moins de place dans la DS, je suis assis différemment.

On a essayé d’adapter le setup spécifiquement au Charbo et il n’est pas sûr qu’on réutilise ce setup au cours de l’année. Si on veut être au niveau des WRC et des Fabia, il faut travailler sur chaque domaine. Les évolutions sont toujours en attente, normalement ce sera opérationnel pour le Portugal.”

Reconnaissances

“Ensuite, place aux reconnaissances et en regardant la météo, on se disait que ça allait être bien compliqué. Au Charbo sous la pluie, c’est toujours aussi difficile avec des plaques noires, des changements d’adhérence et des virages très rapides, on utilise vraiment toute la largeur de la route. Donc, nous nous sommes appliqués à noter tous ces pièges.

L’idéal, vu notre position au championnat et notre programme, la seule manière d’espérer quoique ce soit, c’était d’être devant la Fabia de Michel, tout en espérant voir des WRC s’intercaler entre nous.”

Bonato-1-Arno

Résumé du rallye

“Tant que c’était sec, c’était compliqué le vendredi. On a vraiment roulé vite, on a essayé de faire au mieux, même si dans certaines spéciales, ce n’était pas parfait. On signe quatre scratchs sur cinq en R5, donc on ne pouvait pas faire beaucoup mieux.

Le lendemain, on savait qu’il allait pleuvoir, donc il y avait sans doute un coup à faire. Dans la première le samedi, je suis un peu parti en mode Monte-Carlo, en me disant qu’il y aurait des pièges à chaque virage, donc j’ai vraiment assuré et je n’étais pas content de moi. A l’arrivée, on m’a dit « super temps par rapport aux WRC » mais je savais que mon chrono n’était pas bon et je l’ai vu en voyant le chrono de Sylvain. Dans Marchampt ensuite, j’ai bien roulé, sans faire trop d’erreurs, mais c’était toujours aussi difficile dans ces conditions. Honnêtement le Charbo sous la pluie, il faut vraiment le vivre pour s’en rendre compte, c’était vraiment dur. Sur cette première boucle, tous les favoris roulaient avec les mêmes pneus.

Dans la seconde, les autres sont passés en pluies alors que de notre côté, nous avons gardé les slicks (R11 de chez Michelin). Franchement, c’était vraiment pas mal comme choix. Le temps de la première est très bon (scratch), dans la deuxième, je pense que ça aurait été payant aussi, mais malheureusement, on ne le saura jamais.

Dans cette sortie, nous ne nous sommes pas fait piéger sur un aquaplaning, ni une plaque noire. On a légèrement sousviré à l’entrée d’un virage, le grip était un peu moins bon en forêt, et il nous a manqué une vingtaine de centimètres sur une route étroite.

A ce moment-là, je voulais continuer sur mon rythme, sans vraiment penser à aller chercher Salanon. Mon choix de pneus, je me suis dit que c’était le bon, mais pas forcément que les autres étaient mauvais. Il y avait quand même un peu plus d’eau et plus d’aquaplaning.Bonato-4-Bastien

Ma dernière sortie remonte à 2009, donc je me suis dit que depuis ce temps là, je m’étais fait de nombreuses chaleurs, donc au bout d’un moment, c’est normal que ça arrive. Quand tu roules sur le fil du rasoir, dans ces conditions, une sortie peut forcément arriver. Denis avec l’expérience qu’il a, était conscient autant que moi que nous ne prenions pas tous les risques non plus, ce n’était pas fou, mais on s’est quand même fait surprendre.

Et puis moi, j’ai toujours du mal à laisser passer une occasion comme ça. C’était chaud, mais si ça passait, c’était bon. J’ai eu droit au fameux « Mamie je t’aime » de Denis lors de la sortie.

Forcément, tu ne peux que regretter cette erreur mais tant que ça n’arrive pas régulièrement, ce n’est pas trop grave. Ca ne va pas changer ma philosophie de course maintenant, ce n’est pas à cause de cette sortie que je vais plus rouler sur la défensive la prochaine fois.

L’équipe était forcément déçue. Depuis mes débuts avec CHL, ça n’était jamais arrivé et les résultats ont toujours été là. Moi et Denis, nous sommes conscients que ça peut arriver à tout moment car nous sommes dans la voiture, mais de l’extérieur, pour l’équipe, c’est plus une surprise entre guillemets. Ca remet un peu les idées en place.”

Essais avec la 208 T16 au Portugal

“Le lendemain du Charbo, nous sommes partis à Faro au Portugal avec Peugeot afin d’essayer les nouvelles évolutions de la voiture sur la terre. Nous n’avions plus roulé sur cette surface depuis 2009. Il a fallu que je reprenne un peu mes marques, mais ça s’est vraiment très bien passé. Tout n’était pas parfait mais au bout de 25 kilomètres, c’était bien revenu. Ca a toujours été une surface que j’ai bien aimé mais malheureusement je n’ai jamais eu trop l’occasion de pratiquer.

En course, ça risque d’être plus difficile, surtout que ma dernière expérience sur terre, c’était au volant d’une WRC avec la Skoda. Il va falloir se remettre dans le bain en compétition, ça risque d’être différent. J’avais déjà roulé pour PSA sur asphalte avant le Lyon-Charbonnières et là j’ai été invité, il y a un petit mois, pour faire cette journée au Portugal.

Bonato-7-Bastien

C’est Peugeot qui s’occupe désormais du développement des R5 de chez PSA, donc là on a roulé avec la 208 alors qu’a Mazamet, c’était en DS. C’est difficile de quantifier le gain de performance, mais il y a pas mal de nouveautés sur la voiture, globalement ça va dans le bon sens. Il y a du mieux sur les différentiels et le moteur pour résumer. J’aimerais bien un jour essayer la Fabia, pour voir un peu les différences. En tout cas en vidéo, ça ne marche pas pareil, ça ne fait pas le même bruit, la gestion du moteur est différente.

Avant le Portugal, je n’aurais pas forcément d’autres essais, car la priorité maintenant, c’est de remonter la caisse et il y a pas mal de boulot. Après, nous avons deux années pour faire le WRC-2, donc il faudra avant tout prendre de l’expérience, parcourir toutes les spéciales, afin d’être performant en vue de l’année prochaine.

Championnat de France des Rallyes / Règlement R5/WRC

“C’était un peu dommage d’avoir ce petit plateau au Lyon-Charbonnières, sans trop de WRC. Normalement le Charbo, c’est un rallye qui fait le plein. Je pense que le nouveau règlement n’est pas étranger à cette situation avec la réduction des points pour les WRC.

En R5, il y avait du monde donc de ce côté, c’était plutôt bien, mais dans les grosses catégories, c’était léger.

Moi, j’ai toujours émis un peu de retenu sur le nouveau règlement. Soit, tu décides de faire un championnat R5 et tu supprimes les WRC, soit, tu les laisses courir et elles marquent des points comme tout le monde. Le problème cette année, c’est que le champion de France pourrait n’avoir gagné aucun rallye cette saison. Je lui souhaite d’en gagner à Sylvain, mais tant qu’il y aura des bons pilotes en WRC, il ne pourra pas être devant.

Je trouve ça vraiment dommage, ça ne veut plus rien dire même si ce règlement est dans mon intérêt. A mon avis, le champion de France va être connu très tôt cette année et en plus il n’y a pas de jokers cette saison. Dans cette situation, tu réserves un peu le championnat à celui qui peut faire la totalité des manches. Aujourd’hui, le championnat de France reste un championnat d’amateurs, vu qu’il n’y a pas de constructeur engagé, ce n’est pas logique de ne plus avoir de jokers. Si tu ne laisses pas aux amateurs la possibilité d’être absent sur une ou deux manches et de réduire un peu leur coût, ce n’est pas terrible. Je pense qu’on oublie un peu le côté amateur du championnat de France.”

Bonato-2-Arno




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dav
dav
8 années il y a

Pilote super sympa et impressionant il avait la capacité de gagné dans ses conditions a la reguliere , bravo a yoan continu comme ça

enzo
enzo
8 années il y a

merci pour cet article hyper complet et très instructif pour les passionés….

il est clair qu’en ES, il y a Bonato et Michel au dessus de la mélé.
et pour lutter contre cette Fabia R5 que j’ai trouvé hyper stable en chassis, redoutable d’homogéneité (surement plus facile dans des conditions difficiles), et bien il faut la vitesse d’un Bonato !
chapeau l’artiste.