Libéré d’une pression constante, après une saison qu’il juge comme la plus compliquée depuis son arrivée chez Volkswagen, Julien Ingrassia est revenu sans concession sur les derniers instants qui ont précédé ce quatrième titre mondial décroché en Espagne.
“C’est une grande satisfaction, c’était un championnat où le travail et les efforts ont été importants. C’est un soulagement qui vient des tripes. Certes, Seb et moi, on a eu le temps d’y penser depuis la Corse et ça aurait été compliqué que le titre nous échappe. Malgré cela, c’est toujours étrange de se retrouver au départ d’une course où le titre peut se jouer, mais j’ai été exactement le même ce weekend. Je n’y ai pas pensé avant la dernière ligne droite, avant le rond-point où là, ça y est, j’ai rangé le cahier de notes. J’ai juste attendu de voir si Seb allait faire un où deux donuts. Après avoir passé la ligne d’arrivée, j’ai été assez étonné de voir que ça a explosé, je m’y attendais entre guillemets mais la pression et les efforts fournis ont été tellement intenses cette année. Il y’a quelque chose de naturel et de violent qui est sorti de moi, c’était un réel soulagement.”
Après une série de six rallyes sans victoire, c’est finalement en Espagne et avec deux rallyes d’avance sur la fin du calendrier que l’équipage français a décroché une nouvelle couronne mondiale.
“Le bilan, certes, on est encore champion, on remporte le titre deux rallyes avant la fin de la saison mais il ne faut pas s’arrêter là et regarder les choses plus en détail. Pour cela on a fait de notre mieux, mais on a gagné zéro rallye sur terre et pendant quelques mois, on a trouvé le temps long. On a eu la rage de gagner sur l’asphalte où il a surtout fallu rattraper le temps perdu, prendre le plus de points et surtout se faire plaisir.”
“Cette année, on a fait le maximum. Il y a eu aussi cette erreur en Finlande où on se pose dans l’épingle. Mais à la différence de nos adversaires, on en a fait qu’une et une petite en plus alors qu’ils se sont tous bouffés entre eux, les uns, les autres. Aucun de nos adversaires n’a vraiment été régulier cette saison et ça a forcément joué en notre faveur. Le jour où un de nos adversaires va être un peu plus régulier, je peux garantir que le titre ne se jouera pas deux rallyes avant la fin de la saison.”
“À l’époque où Loeb dominait, tout le monde se demandait comment il claquait ses temps d’extraterrestre. De notre côté on a travaillé et on a poussé dans la bonne direction. On y est arrivé, on a surement dû avoir aussi un peu de chance et c’est loin d’être aussi facile que ça peut en avoir l’air mais je suis convaincu que beaucoup de nos adversaires ont le talent et le potentiel, comme Mikkelsen, Neuville, etc… À eux de nous le prouver maintenant, ils ont la pointe de vitesse, ils ont des stratégies de course, ils ont le matériel mais il ne manque que cette pointe de régularité qui fait la différence en fin de saison.”
Les titres pilotes et copilotes acquis, la saison 2016 n’a pas encore délivré toutes ses réponses puisqu’il reste encore deux rallyes à disputer et le titre constructeurs a décerné avant de se concentrer sur 2017 et ses promesses.
“Il reste deux rallyes, il va falloir assurer au Pays de Galles pour décrocher maintenant le titre constructeurs pour Volkswagen mais personnellement, c’est un rallye qui nous a réussi ces dernières années et on aimerait gagner au moins une fois sur terre cette année. L’Australie, on peut faire une croix dessus par contre.”
“L’année prochaine, avec l’arrivée des nouvelles voitures, les cartes seront redistribuées. Le différentiel, l’aérodynamique et la puissance, tout a évolué et il risque d’y avoir quelques surprises sur certains rallyes. Il n’y aura pas quinze prétendants à la victoire à chaque fois, mais les pilotes qui se battent aux avant-postes en 2016 seront prêts et affutés pour 2017 et risquent de fortement nous embêter au championnat.”
“Après quatre titres, un cinquième, c’est évidemment l’objectif. Je me vois déjà au départ du Monte-Carlo, ça va être fabuleux avec toutes ces nouvelles voitures. Si en plus, il y’a des conditions compliquées, ça risque d’être magique. Au début des années 2000, je me souviens quand j’allais voir du WRC en tant que spectateur, c’était de la folie et j’ai le sentiment qu’on va retrouver une peu de ça l’année prochaine.”
Enfin, il était difficile de ne pas évoquer une dernière fois un personnage haut en couleur qui est régulièrement venu animer les déclarations et autres conférences de presse.
“Ma grand-mère, elle doit être contente, mais c’est promis que je n’en parlerai plus en 2017.”
Bravo encore a Sébastien Ogier et Julien Ingrassia pour leur 4ème titre.
Bravo à Julien pour son 4e titre. Il est des plus mérités. Très professionnel et rigoureux, Julien est un exemple de ce beau métier de copilote et, à travers lui, nous rendons hommage à tous les copilotes qui contribuent à notre plaisir rallistique. Encore félicitations à Julien.