Intouchable en championnat de France asphalte l’an passé, Yoann Bonato s’est présenté au départ du Monte-Carlo au volant d’une voiture inattendue, une Peugeot 208 R2.
Toujours accompagné par Benjamin Boulloud, le pilote des 2 Alpes a rayonné au volant de cette dernière, remportant largement la “catégorie 2 roues motrices” et terminant du même coup à la 15e place au scratch.
Deux jours après cette performance remarquable, Yoann nous offre une nouvelle chronique, lançant une nouvelle saison qui promet d’être riche en événement, et on l’espère également pour lui, en succès.
Est-ce que ta faible expérience du Monte-Carlo a pu t’aider, notamment en ce qui concerne le choix de pneus ?
“Nous avons pris le risque de participer à cette épreuve avec une petite voiture, pourquoi un risque ? Simplement que nous savions que nous étions attendus au tournant et qu’il ne fallait pas se louper. C’est vraiment le genre de challenge qui me botte et me fait vibrer dans ce sport. Je n’ai pas beaucoup d’expérience sur ce rallye car je l’ai fini 1 fois en 2016. les 2 autres, je casse le moteur dans la première ES, autant dire que cette année, avec une nouvelle auto, 2 roues motrices, nous avions beaucoup à découvrir ! Nous avions choisi de partir en slick dans les 2 premières ES, évidement et comme à chaque fois que tu fais un choix osé, tu le regrettes lorsque tu te retrouves fasse à la difficulté majeure d’une Monte-Carlo : une forte pente en descente verglacée sans mur de neige sur les côtés ! T’arrives là, tu freines, tu essayes de te détendre un peu, tu te rends compte que ça fait quelques temps que tu n’as pas respiré, donc tu respires et tu attends que ça se passe… Le temps parait éternellement long dans ces moments là !!! Des moments comme ceux-là il y en à eu des dizaines pendant le rallye, mais on doit aimer puisqu’on y retourne.”
Avant le départ, tu as évoqué un temps d’adaptation pour revenir à la 2 roues motrices. A la vue de tes performances, il a semblé plutôt court non ?
” Le temps d’adaptation à été relativement long par rapport à ce que j’espérais au départ, le pilotage est vraiment différent d’une R5, les passages en courbes sont moins rapides, ça freine moins fort puis ton train arrière a tendance à faire du zèle sans que tu ne lui en ai donné l’autorisation ! Mais tout était plus ou moins clair avant que l’on rencontre nos premiers soucis de freins, c’est à dire dans l’ES 4. A partir de ce moment là, je pense avoir retrouvé le rythme des petites formules et on s’est vraiment fait plaisir. Il faudra tout de même que je revienne vite à mes habitudes de R5, car mes petits copains ne vont pas me laisser de temps de me remettre dedans lors de notre première course au Touquet !”
Au cours de ce Monte-Carlo, y a t-il un moment particulier que tu retiens ?
“Je retiendrai un bon moment notre première ES où nous avons doublé 4 voitures dont une 2 fois (elle nous avait redoublé dans la descente sur la glace). Il y a aussi ce premier passage sur la neige dans le Dévoluy qui fut magique mais extrêmement complexe à négocier et notre 14 ème temps scratch dans les rails de la spéciale 11. Valait mieux être un bon cheminaux pour ne pas dérailler et finir dans le décor.”
Combien de personnes ont travaillé autour de ton auto sur une telle épreuve ? Combien de pneus et types de pneus avaient-tu à disposition pour le week-end ?
“Nous avons travaillé avec la même équipe que la R5, tout le monde a rétrogradé avec le sourire, il a fallu que tout le monde se remette au bon souvenir de la R2. Car la dernière fois que notre chef de voiture, Max, chez CHL Sport auto à travaillé sur une R2, il n’avait encore pas de poils et vu sa barbe actuellement, on peut imaginer que ça remonte à fort longtemps ! Nous avions un large choix de pneumatiques mis à disposition par Michelin, sur un tel rallye il est compliqué de ne pas disposer de tout les choix pour être performant. Nous n’avons à ce sujet pas fait d’erreurs, et les gommes ont plutôt très bien fonctionné malgré les conditions délicates. Au total nous avons dû passer 25 pneus mais certains sont encore neufs et pourrons servir à nouveau.”
Est-ce que vous utilisiez un système de notes propre à cette épreuve, ou du moins avec des ajouts spécifiques à ce rallye ?
“Nous avons quelques petites astuces avec Benjamin au niveau de notre système de notes mais tout reste quand même très classique, les conditions sont changeantes mais la route reste toujours identique !”
Yoann Bonato, champion de France 2017, au volant d’une 208 R2 au Monte-Carlo 2018. Voilà une combinaison qui était improbable. La DS3 R5, c’est désormais du passé ?
“La DS3 sera ressortie à l’occasion du rallye du Touquet, pour le MC, nous avons voulu nous lancer un défi sympa et nous sommes très contents du résultat ! D’autant que toutes les voitures de l’équipe CHL finissent le rallye dont une à la deuxième place en la personne de Nicolas Latil avec qui nous avons échangé tout le rallye sur les choix de pneus et les réglages de voiture. Très sympa !”
On attend forcément des nouvelles de l’homologation de cette C3 R5. Tu as quelques infos à ce sujet ?
“Nous ne savons pas encore grand chose sur les homologations et la sortie de la nouvelle C3, nous attendons comme tout le monde de pouvoir mettre les fesses dedans en course et le plus tôt sera le mieux !!”
Pour terminer cette chronique, Yoann a souhaité revenir sur le rôle des ouvreurs sur une telle épreuve.
“Concernant le rôle des ouvreurs sur un MC, il est loin d’être simple, il est surtout très ingrat. Les conditions de leur passage 2h avant nous peuvent évoluer très rapidement ! Ce fut le cas au Turini dimanche, certains en ont voulu à leurs ouvreurs (un cours instant) de ne pas les avoir informé de la réalité des choses. il est cependant difficile d’inventer la route dans 2 h ! Ce sont bien souvent des réactions à chaud qui sont sans rancœur mais tu te fais tellement peur qu’il faut bien en vouloir à quelqu’un ! Le co-pilote en prend déjà assez pour son grade durant tout le week-end et dame nature aussi !!!
Cela dit, sans ouvreurs, tu ne peux pas faire ce rallye au rythme ou vont les voitures à ce jour ! Leur rôle est indispensable, j’irai même plus loin en disant qu’il indispensable sur chacune des manches asphalte. De notre côté, Alex et Thomas ont fait du super boulot et le résultat est tout autant le leur !!”
Superbe perf au Monte avec cette 208 R2 🙂
Dommage que le duel avec Franceschi n’ait pas pu durer jusqu’au bout 🙁
Ouais… M’enfin le gars est pilote pro à priori (s’il fait parti du programme de développement de Citroën sport), c’est la moindre des choses qu’il gagne sa classe, surtout en R2, face à des amateurs…. Cela aurait été différents en R5…