#4- Au bout du suspense (Les Carnets de Victor)



Depuis le début de saison, Victor Belotto, coéquipier de Florian Bernardi, n’avait connu qu’une seule place : la plus haute marche du podium. Au rallye du Rouergue, troisième manche du Clio R3T Trophy, la performance était encore largement au rendez-vous mais la course fût beaucoup plus mouvementée !

Dans ce nouveau carnet de notes, Victor revient ainsi sur cette course pimentée, marquée par une grosse bagarre dans un premier temps, suivi d’une erreur très pénalisante, pour finir par une folle remontée les conduisant une nouvelle fois sur le podium.

Prenez votre souffle avant de démarrer cette chronique, le climat surchauffé de l’Aveyron n’a pas épargné notre copilote et son récit ne manque pas d’émotions fortes.

Retour en Aveyron

Voilà près de 6 ans que je n’avais plus foulé l’asphalte aveyronnais. Paradoxalement, les chemins de terre me sont eux plus familiers. Après une coupure de presque 2 mois pour Florian, un peu moins pour moi qui ai participé au Laragnais avec mon ami Christophe Note sur une mythique Clio S1600 début juin, nous nous retrouvons près de Rodez pour entamer le cap de la mi- saison. L’objectif reste inchangé malgré une concurrence particulièrement bien préparée. Nos plus sérieux adversaires au championnat ont tous effectué une ou deux courses depuis le Charbo et ont déjà participé à cette manche pour la plupart. L’expérience du terrain et la confiance emmagasinée seront nos principaux atouts pour ce weekend. A nous d’en faire bon usage.

C’est quand l’hiver ?

La première difficulté pour moi sera la gestion de la chaleur. Ces dernières semaines dans l’hexagone furent assez caniculaires et le manque de sommeil qui s’accumule se fait ressentir à l’entame de cette longue journée de recos. L’inusable Corsa, qui nous a obligé à un changement de roue de bon matin, n’a plus une goutte de fréon et les vitres jouent avec nos nerfs et laissent seulement un maigre filet d’air entrer dans l’habitacle. A la pause déjeuner sur Laissac; je suis dans un état second, partagé entre la nausée, l’envie de fermer les yeux et me jeter dans la banquise. Je me force à avaler un morceau et petit à petit mon organisme reprend le dessus. On s’autorise une mini sieste à l’ombre avant d’attaquer la spéciale de Tremouilles et ce fut la meilleure décision du weekend ! Tout neufs, nous repartons sur les routes, concentrés sur notre job et les moindres détails qui pourront faire la différence. Après un passage par Rodez pour découvrir la première super-spéciale de l’histoire de ce rallye, nous rentrons au gîte pour saluer le reste de l’équipe. Nous dinons tous ensemble avec vue sur le fameux Trou de Bozouls, un des derniers moments de calme avant le début des hostilités. L’hostilité qui a déjà bien commencé au-dessus de nos têtes : l’orage qui s’est abattu est autant une bonne nouvelle pour la chaleur qu’un casse-tête pour les pneus le lendemain.

La routine

Nous avions volontairement décidé de reconnaître la spéciale de Laissac en ce jeudi matin afin de terminer plus tôt la veille et d’être bien réveillé pour le shakedown dans la foulée. Le plan était tellement bon qu’on se retrouve les premiers au départ ! Après un premier run de chauffe, nous en enchainons 2 autres en accélérant le rythme et en peaufinant le setup. Au moment de passer la ligne d’arrivée du troisième passage, Florian me dit « On ne touche plus à rien ! ». Plutôt bon signe ! La pluie tombe désormais par intermittence ce qui nous pousse malgré tout à essayer autre chose. Mais la spéciale est très dégradée et avec les sous-bois humide, impossible de réellement comparer. On retourne pour de bon à l’assistance puis à notre gîte pour travailler comme de coutume les caméras et moi les notes. Chaque minute de gagnée dans la journée, seront autant de minutes de sommeil supplémentaires ce soir. Vérifications, cocktail Renault, mise en parc fermé, repas et enfin dodo. Demain il fera jour.

Pleuvra ? Pleuvra pas ?

Le ciel est encore bien menaçant ce matin et remet en cause notre plan pneus. On essaye d’avoir une vision globale, de réfléchir sur la totalité du rallye. Avec une tendance à l’amélioration et les fortes chaleurs prévues pour samedi, on sait que la première boucle ce matin sera serrée et pourrait créer des surprises. Cela se vérifie très vite sur le routier, un peu avant Saint Julien de Rodelle où tout le monde se gare au bord d’une grande ligne droite. Il y a de tout, on se croirait dans une brocante : du soft, du médium, du retaillés, 2 roues de secours, 1 seule, chacun sa stratégie. Nos adversaires sont, sur le papier, mieux équipés que nous pour ce premier chrono mais qu’en sera t’il après la 3 ? Depuis les reconnaissances nous avions décidés de « sacrifier » cette nouvelle spéciale afin de valider les notes et ne pas compromettre toute la course sur une erreur évitable. Bon, le moins que l’on puisse dire c’est que l’on s’est un peu trop endormis et que les 13s concédées sur Boris et Marine ne faisaient pas partis du plan.

Bataille à la seconde

Bien décidés à rectifier le tir dans le juge de paix de Campouriez et ses 35km, nous partons d’entrée sur un gros rythme. Le profil particulier du Rouergue avec 4 spéciales de plus de 30km est unique en championnat et nous savons que nous pouvons en tirer avantage. On y trouve un condensé de tout ce qu’on va rencontrer ce weekend : une descente rythmée, des parties sinueuses en sous-bois, une remontée rapide avec beaucoup de virages en aveugle puis une section démentielle où on frôle avec le rupteur de 6 pendant quasi une minute, une descente hyper technique et très piégeuse avec toute cette gravette et enfin une dernière partie avant la bosse type Finlande où il faut se dire que oui, on est entre le 5ème et le 6ème rapport et que ça passe ! Florian se met vraiment dans le mode attaque sur ce chrono car il sait qu’on peut réussir à faire un écart. Je reste bien concentré car les changements incessants de rythme sont la difficulté majeure : si vous prenez du retard dans le rapide c’est soit la sanction du chrono car votre pilote hésite et freine ou la sortie si la note arrive trop tard. On fait 2 petits écarts sur la gravette bien maitrisés par Florian et un freinage plus que tardif peu avant l’arrivée. J’ai eu beau me faire toute les annotations du monde sur mon cahier pour ne pas me faire surprendre, le manque d’air en fin de phrase et le décalage de quelques millièmes de seconde dans la diction auraient pu nous coûter un temps précieux. Nous franchissons la ligne avec un joli chrono nous permettant de revenir à moins de 2s de Carminati. La bataille est réellement lancée.

A toi, à moi

Le regroupement de Bozouls casse un peu notre rythme et m’endort presque avant de rejoindre la troisième spéciale de Laissac. Tout comme le shakedown, ce tracé est vraiment atypique par rapport aux autres : large, rapide avec quelques grosses cordes et pas mal de vertical, on s’attend à ne pas forcément faire le scratch. Les échanges entre Florian et Daniel Giroud de R.Tec au regroupement rendent l’auto plus efficace mais aussi moins « confortable ». Dès le départ je sens que l’auto tape d’avantage au moindre trou mais le gain en perfo n’est pas négligeable. A l’arrivée, on enchaine finalement un second meilleur temps ce qui nous permet de reprendre la tête pour 2s. Une bonne matinée quand on sait comment elle a débuté. L’équipe de Frédéric Anne Compétition bichonne notre Clio pour la boucle de l’après-midi pendant que nous avalons en vitesse un morceau pour reprendre des forces. Sur ce rallye, la gestion de l’hydratation, de l’alimentation et de la condition physique est capitale. Si vous commencez à vous effondrez au bout de 5 minutes dans Campouriez, la claque à l’arrivée risque de piquer.

D’un souffle

Cette fois, hors de question de faire la sieste. En roulant dans ce second passage de St Julien comme dans les deux précédentes spéciales, nous améliorons de près de 15s notre temps du matin, soit quasi 2s/km. Mais étrangement, Florian sait déjà que ça ne suffira pas. Il sait où on peut gagner du temps, où il a hésité et l’équipage Carminati/Lacruz reprend la tête pour 1,1s, autant dire un souffle. Les 35km qui arrivent seront déterminants. Au moment de se casquer et de partir, Marine prend le temps de nous donner le score du match qui est dans tous les esprits cet après-midi. Quand on vous dit que l’ambiance est top dans ce trophée. On repart sur le même rythme, avec la même envie et mes inters confirment ces efforts. Nous sommes en avance par rapport au matin jusqu’à la descente en full gravettes. Impossible alors de tenir sur le même rythme, bien trop piégeux, on se croirait presque sur du verglas. L’utilisation répétée du frein à main est plus que nécessaire pour trouver un semblant de traction et d’efficacité. A l’arrivée, c’est 10s pleines de plus que le matin : « Quoi ? 10s ? Pourtant j’étais sûr qu’on était plus vite partout ». La déception de Flo après un effort de presque 21 minutes est logique et il s’empresse de demander confirmation à Eric de FR-MédiaLive si c’est pareil pour tout le monde. Apparemment oui, alors on attend. Boris arrive enfin au point stop, un brin énervé, avec presque 10s de retard car ils auraient été un peu gênés par Poizot dans la partie rapide. Rassurés mais pas rassasiés et encore moins à l’abri, on se dirige vers Bozouls, non sans suivre un peu l’équipe nationale sur le routier histoire de tuer le temps et penser à autre chose. La dernière spéciale du jour, Laissac, fut un véritable avant-goût de ce qui allait suivre. Avec un setup encore peaufiné et une envie d’enfoncer le clou, on sort une grosse ES avec une dernière descente jouissive dans ces cordes avalées en 5 en appui. On améliore de presque 5s, tout comme Boris qui ne nous lâche pas mais termine la journée en deuxième position à 10s. Un matelas très faible après plus de 1h de course mais il vaut mieux les avoir en moins qu’en plus.

« Cette fois c’est terminé mec »

Nous sommes moins tendus en ce samedi matin. Florian connaît et aime plutôt bien les 3 spéciales au menu du jour. Arrivés avec un peu d’avance comparé à la veille, les discussions avec nos amis comme Sébastien, Karl, Franck, Hugo ou encore Yannick Roche venu me dire bonjour juste avant de repartir pour sa Bourgogne, font du bien et permettent de dédramatiser les enjeux. Le soleil et la chaleur sont plus timides et nous facilitent grandement le choix des pneus. On modifie encore la stratégie pneu pour gagner en efficacité puis direction la longue liaison pour rejoindre Tremouilles. Sur place, la longue file de voitures ne laisse pas de doute sur un retard ou un arrêt de course. Problème de spectateurs ou sortie, il faudra finalement attendre près de 30min pour voir Cédric Robert repartir et apprendre finalement que c’est Rouillard qui est sortie au km4,5. Nous sommes plutôt détendus au moment de nous recasquer, nous prolongeons les discussions du matin avec mes amis de la 208 Rally Cup jusqu’au moment de remonter dans l’auto. La stratégie est simple pour Boris, Marine et nous : attaquer.

Le départ est très rapide dans cette ES et on se méfie de nos pneus froids à l’arrière. Après à peine 500m, on arrive en sixième d’une descente et on déboule sur un carrefour pour récupérer une autre route. Florian cale l’auto avec un léger pied gauche mais au moment de franchir la compression, l’arrière encore froid décroche instantanément et « tourne » a autour du train avant. Florian corrige en contrebraquant mais l’arrière repart violemment de l’autre côté et à cette vitesse on devient alors spectateur. On heurte assez fortement la haie intérieure, ce qui soulève l’auto qui continue à tourner puis se stoppe rapidement de l’autre côté de la route dans le sens du départ. Florian tend sa main vers la console centrale pour redémarrer tout en me demandant : « Tu penses qu’on repart ? ». « Cette fois c’est terminé mec, on a une roue arrachée » lui répondis je un brin défaitiste. En fait je voyais dans mon rétro, la terre sur la route et un tas de morceaux où je croyais distinguer un pneu. Florian retire alors sa main et sort pour constater les dégâts pendant que je fais de même en cherchant le moyen de signaler notre sortie. Réflexe du mondial puisqu’en France, le bouton du GPS sert uniquement pour le SOS ce qui heureusement n’est pas notre cas. En quelques secondes Florian se rend compte que seule la roue avant droite est cassée mais que tout le reste à l’air ok. J’entends alors crier : « On repart ! ». On se jette vers l’arrière pour récupérer cric et péteuse et on commence à démonter.

Par chance, la direction de course avait immédiatement prévenu et personne ne s’était alors élancé dans la spéciale. Je vais récupérer sur la route les morceaux que je peux, retire ce qui pend devant pendant que Florian lutte pour retirer la roue coincée. Lorsque le commissaire nous voit mettre des grands coups de pieds pour tenter de la faire sauter, il nous demande d’arrêter car la course va reprendre. Je lui rétorque qu’il ferait mieux de faire ralentir au croisement et de nous laisser bosser. Après presque 1 minute d’effort, la jante sort enfin et on s’active pour terminer notre changement de roue. Florian me ferme même le coffre sur le dos pendant que je tente de remettre le cric à sa place ! On saute dans l’auto, je m’attache, rebranche la radio et reprend mon cahier de note. On galère à repartir dans ce fossé et au moment de récupérer le grip, la Mitsu de Marty jailli sous nos yeux. Il s’en est fallu de peu ! On effectue les premiers kilomètres à l’écoute du moindre bruit et du moindre comportement suspect. Après un moment de flottement, Florian rebranche sa radio et nous reprenons notre route. On hausse le rythme au fur et à mesure que la confiance revient mais au moment de franchir la ligne d’arrivée la sanction fait mal : 4min40 de perdue dans l’opération et désormais 8ème au classement.

L’espoir n’est pas perdu

Au point stop, Florian veut répondre aux journalistes mais il ne peut plus ouvrir sa porte. Je lui dis alors de tracer car nous avons peu de temps et beaucoup de boulot sur l’auto. On change l’autre pneu avant pour équilibrer et on commence à faire le tour des organes vitaux : radiateur, échangeur, frein, etc … Excepté un tirant de chasse tordu et un radiateur amoché mais pas percé, notre réel coup de chance, tout semble normal. On fixe au mieux tout ce que l’on peut et on repart sans plus attendre vers Calmont. Je pointe à 20s de la pénalité et on se prépare dans l’urgence sans avoir eu le temps de faire les pressions. Contre toute attente nous réalisons le scratch et on se met à croire à l’impossible. Sur la liaison avant le regroupement de La Primaube et avec Fred au téléphone, on poursuit notre inspection de la voiture afin de s’assurer de l’état de certaines pièces et aussi nous rassurer. On termine de fixer certains câbles, le parechoc arrière, détordre quelques tôles qui frottaient sur les pneus et on se pose un moment à l’ombre pour reprendre nos esprits avant Moyrazés.

La scratchatada

Au moment de se casquer, Florian s’inquiète du filet de la rotule du tirant tordu. On ne sait pas si ça va continuer à se tordre ou si ça va sectionner d’un coup. On compare avec l’autre côté, on réfléchit, on demande conseil à d’autres équipages, à l’assistance ce qui finit de nous conforter, un peu. On part sur un bon rythme, un vrai rythme, sans penser à tout le reste. Mais rapidement Florian ressent un manque de puissance, surtout en montée puis rapidement l’échappement se déboite. J’ai l’impression d’être dans une Mini WRC avec son bruit caractéristique de « pétaradage » à chaque décélération. Il faut alors que j’hausse le volume et que j’essaye surtout de rester concentré ce qui n’est pas tout le temps le cas. Je sens que je ne suis pas à 100%, enfin de mon point de vue toujours hyper exigeant. Malgré tout cela, nous réalisons un bon temps, à 20s de son record de l’année dernière tout de même mais vu l’état de l’auto et notre état psychologique, nous nous en tirons bien. On regagne d’un coup 2 places en revenant à 1 minute pile de la deuxième place détenue par l’italien Canzian. L’assistance va avoir du boulot.

L’exploit d’une équipe

Nous arrivons bien en avance à l’entrée du pointage de l’assistance à Laissac ce qui permet à Frédéric de bien faire le tour et d’établir un plan de bataille. Il avait déjà tout anticipé concernant les pièces de rechanges qui nous attendent sur la bâche. Chaque minute sera précieuse. Sur la liaison, j’avais demandé à Fred ce que nous pouvions faire pour les aider. Il a répondu humblement que ça irait mais comment voulez-vous rester à l’écart dans de tels moments ? Je fais rentrer Florian au tout dernier moment afin que la voiture ne soit pas trop chaude quand les mécanos iront mettre les mains sur l’échappement. Cette fois le compte à rebours est lancé. Nous avons 35 minutes et pas une de plus. Comme c’était prévisible, les amis et la famille veulent participer mais on prend garde à ne surtout pas gêner le travail des mécaniciens : Thomas s’occupe du train avant droit, Frédéric et Mister Fouques de la face avant, pendant que Florian et son père réparent la porte. Daniel et Philippe s’occupent de l’arrière, et de vérifier si tout le reste est ok et enfin, je gère le temps et j’aide ponctuellement sur chacun des postes. La chorégraphie fonctionne et plus les minutes défilent et plus la Clio reprend vie. A 4 minutes de pointer, la voiture est posée, prête à repartir dans les spéciales, un exploit. Maintenant c’est à notre tour de jouer.

Couteau entre les dents

Avec une vraie ES de moins, il faudra tout pour que nous puissions remonter sur le podium. Le 11ème temps dans Calmont est un bon début mais nos concurrents s’accrochent et on ne reprend que 8,8s à Walter alors troisième. Nous sommes revenus 5ème à 43s de la seconde place, on commence à douter de la faisabilité étant donné que ce matin nous ne reprenons que 25s sur Canzian. Point positif, nous assurons d’ores et déjà les points du meilleur performer pour la troisième fois consécutive. Après le regroupement, nous nous arrêtons à l’ombre peu avant le départ de Moyrazès. Comme depuis le départ, l’équipage Marty/Vedraine sur la Mitsu Evo IX vient détendre l’atmosphère avec les facéties de son pilote mais un déclic en moi vient de se produire. J’ai eu comme un flash 6 ans en arrière : sur ce même rallye, nous étions 2ème avec Florian sur la Twingo à 10s de Charles Martin avec une dernière spéciale à effectuer. Idem au Mont Blanc où après une première étape parfaitement maitrisée, nous devions repartir de zéro après un souci mécanique. Je partais à la guerre et on ne voulait surtout rien regretter à l’arrivée. Au départ, j’avais la mâchoire serrée, le regard d’un tueur ce qui m’arrive assez rarement. Florian savait qu’il pouvait compter sur moi pour réaliser la remontée du rallye. Au fur et à mesure que j’annonçais les inters, notre motivation se décuplait et même un petit souci de frein peu après le départ ne nous a pas ralenti. J’avais l’impression de conduire l’auto, de ne faire qu’un. Je n’ai jamais vécu un moment comme celui-là, je n’ai pas de mots pour décrire les sensations de plaisir, de trance, de sisu à ce moment-là. Pas un mètre de route n’a pas été exploitée, pas une seule corde oubliée, pas un seul freinage de trop, moins que plus d’ailleurs ! A l’arrivée, c’est 27s de mieux que le passage du matin et surtout un nouveau 11ème temps qui nous laisse encore un espoir. On colle 20s à Guigou, 28s à Robert. « On ne peut guère aller plus vite je crois » me sort un Florian soulagé après un tel effort de sa part. Frédéric se prend la tête tellement il hallucine sur le tableau d’affichage tout comme les journalistes. Sur le routier on apprend qu’on pose 44s à Carminati et 51 à Poizot mais eux ne sont pas dans la même optique. Et plus rien. A l’approche de Rodez toujours pas de nouveaux temps et on apprend finalement les sorties Delaporte et Canzian. Ce n’est pas comme cela que nous voulions remonter mais tout le monde à jouer sa carte pour rester sur le podium.

Ne jamais rien lâcher

Nous effectuons avec sérieux cette super-spéciale car le temps de Walter n’est toujours pas tombé et on ne voudrait pas tout perdre sur un parking du centre-ville. Nous franchissons la ligne et nous devons maintenant patienter pour le verdict. Il arrivera finalement pendant le repositionnement, confirmant notre seconde place. Incroyable ! Nous avons repris près de 2min33s en 5 spéciales pour terminer finalement sur la seconde marche du podium, inespéré. Notre première place au championnat est confortée.

Encore une fois, Florian a été un véritable exemple de persévérance et de ténacité. Ce type ne lâche jamais rien et heureusement ! Nous aurions pu rester dans notre talus avec nos espoirs et notre confiance mais nous repartons de ce Rouergue encore plus soudé et en apprenant beaucoup sur nous-mêmes. L’équipe à une nouvelle fois répondu présente dans des moments délicats et nous a toujours poussé sans jamais nous blâmer ou nous accabler. Je pense d’ailleurs que nous retirons presque plus de positifs en ayant eu cette course-là plutôt qu’une sans embuche.

Félicitations aux vainqueurs Boris et Marine et à l’ensemble des concurrents du Trophée Clio R3T avec qui l’ambiance est excellente, de même qu’avec les différentes équipes notamment LCS qui nous a chaleureusement félicité à l’arrivée. Merci bien sûr à toute l’équipe FACompétition, Daniel, Jean Michel, Julien, nos familles et amis et je vous donne rendez-vous dans 2 semaines du côté de Rome pour notre second rallye en ERC ! L’équipe aura bien du travail pendant une semaine pour remettre une voiture en parfait état mais le chrono de Moyrazès nous rassure sur l’aspect mécanique !




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