Grand habitué de la Coupe de France depuis plus de vingt ans, Lionel Bernard ne disputait que sa deuxième finale ce week-end. A l’issue d’une énorme bagarre face à Michel Bourgeois, le vauclusien s’impose dans le groupe N pour seulement quatre secondes.
Pour se qualifier, Lionel a été très performant, enregistrant quatre victoires de groupe en seulement six rallyes disputés. L’objectif du pilote vauclusien était clair cette année : disputer sa deuxième finale et prendre sa revanche sur sa première participation à Lunéville en 2016.
“En 2018, on ne fait que quatre rallyes, mais pour se qualifier, on en a fait six. On a marqué des points au Fayence et Sarrians l’année dernière, puis au Haute-Provence, Venasque, Laragnais puis Picodon avec quatre victoires de groupe au total.
La finale, c’était notre gros objectif depuis un an puisque on a pris des points dès que possible au Fayence, il y a plus d’un an maintenant. Je gardais un goût relativement amer de ma participation à Lunéville, j’ai eu des soucis de pneumatiques, cela nous a tué notre finale alors que notre départ de nuit était bon. On avait des pneus neufs mais vieux, ils avaient huit ans et les carcasses ont explosé, je me suis retrouvé à rouler sur des bouées et on a perdu six minutes et demie, donc cela m’a tué cette finale. Donc j’avais un peu à coeur de me rattraper.
Pour Marseille, c’était la guerre pour se qualifier et tout le monde roulait dans la région, sans aller voir d’autres régions. Ce n’est pas mon style, j’adore rouler à la note, je ne suis pas un limeur et il aurait fallu faire une quinzaine de rallyes pour se qualifier, donc je m’étais fixé cette finale de Chalon, et une finale tous les ans, ça coûte un peu de sous.”
Au départ de l’épreuve, Lionel ambitionnait de finir sur le podium du groupe N, une performance qui l’aurait déjà satisfait.
“C’était l’objectif de cette année, mais je ne te cache pas que nous sommes venus un peu avec des prétentions et on voulait accrocher le podium de groupe. Je pensais que Thiebaut allait enrhumer tout le monde, je savais que Bourgeois serait difficile à manoeuvrer, Mollas, costaud aussi, sur le papier, je me suis dit qu’on pouvait jouer 3/4/5. Ce n’était pas très déconnant après les résultats du prologue.”
Après un bon prologue, le pilote Mitsubishi s’est rapidement retrouvé en tête, entamant alors une énorme bagarre face à Michel Bourgeois pour la victoire.
“Vendredi, on a fait de bons chronos, samedi matin, on repart en tête mais on fait une énorme erreur en perdant 18s dans la première avec un tête-à-queue. On a commencé à cravacher ensuite, Bourgeois fait une erreur dans la 2e et perd 10s, réponse du berger à la bergère. Dans la troisième, on lui met sept dixièmes, dans la quatre, nous nous sommes dépouillés complet et on lui pose 10s environ. Dans la cinq, avant-dernière spéciale, temps forfaitaire, il prend un temps de merde et dans la sixième, la dernière, il nous en prend neuf pleines. On gagne pour quatre secondes au final.
Ce qui veut dire, que s’il n’y a pas le temps forfaitaire, c’est lui qui est champion de France et pas moi. Sportivement c’est lui qui gagne, mais c’est moi officiellement. J’y suis absolument pour rien, les calculs des temps forfaitaires n’ont pas été forcément très favorables pour moi dans le passé. Je ne peux pas cacher que si les places avaient été inversées, j’aurais eu une haine contre l’organisation (rires).”
A l’arrivée, Lionel a salué son adversaire du week-end, Michel Bourgeois, grande figure de la Coupe de France et auteur de plus de 200 départs.
“Michel en a gagné trois (Grenoble, Mazamet et Dunkerque), donc il peut bien m’en laisser une. Il m’a dit qu’il avait gagné sa première finale en 88, moi je venais d’avoir 18 ans et je venais de passer le permis, donc c’est assez drôle, et j’ai attaqué les rallyes à 25 ans. Moi, Michel Bourgeois, ça fait 23 ans que je roule et 23 ans que je suis ses résultats, c’est un grand Monsieur du rallye français, donc pouvoir me bastonner avec des gars comme ça, c’est que du bonheur, c’est ça le rallye. Il est de Normandie, on ne se recroisera peut-être plus jamais, ou alors peut-être sur des finales. Le mec est zen, c’est de la sportivité à haut niveau et j’adore ça.”
Evoluant avec cette Mitsubishi Lancer Evo IX depuis fin 2014, le vauclusien pourra difficilement trouver plus performant par rapport au budget dont il dispose.
“Je crois que la voiture a douze ans. Je ne pouvais pas mieux espérer avec cette voiture ici. De toute façon, financièrement, je ne pourrais jamais aller chercher plus haut. Peut-être qu’on fera des évolutions vers le groupe A, mais je ne suis pas certain que cela serve à quelque chose. Nous sommes sur des autos rapport prix/potentiel performance qui est imbattable pour moi. Quand on court chez nous, nous n’avons quasiment jamais de R3 devant nous., donc je n’ai pas trop d’idées.
Si je gagne au loto, je te garantis que je prends une Skoda. Elles sont vraiment les plus performantes, au pire une Fiesta, on ne va pas faire le difficile. Ce ne sera pas une marque française, c’est dommage mais c’est comme ça.
Il ne faut pas être idiot non plus, j’ai une vie, une famille, on ne fait pas n’importe quoi, on se saigne depuis 23 ans pour faire ce putain de sport mais c’est tellement beau et dans ces moments là, on ne regrette rien.”
Pour cette finale, les organisateurs ont proposé un parcours très renouvelé par rapport au rallye de la Bourgogne Côte Chalonnaise, un effort largement apprécié par les pilotes.
“Je suis plus que content, l’organisation était très belle, ce que l’on a apprécié avec Sylvain c’est de voir que les organisateurs ont voulu faire quelque chose avec une équité parfaite avec des spéciales quasiment inconnues pour tout le monde, et sportivement, c’est vachement bien. Nous dans notre région, il y a beaucoup de limeurs, et cela m’horripile, pour moi, ce n’est pas ça le rallye. Le rallye c’est, tu passes 3 fois, et tu roules à la note. C’est ce qu’on a fait tout le week-end et nous nous sommes dépouillés pour ne pas se faire exploser par les mecs du coin. Après, Thiebaut a eu un gros souci avec une casse mécanique, je pense que cela aurait été très compliqué sinon car ce garçon va vraiment très vite.
L’organisation était top, Chalon-sur-Saône est une ville magnifique, Sylvain et moi, on adore le pinard, donc il y avait tout pour faire une super finale.”
Très belle mentalité et très belle esprit sportif !!! Certains jeunes ” limeur” devrait s’en inspirer….
Je prends un bon coup “de vieux”, c’est vrai qu’en 88 j’étais au bord des routes à coté de chez moi !
Et cette première finale avait déjà déjouée bien des pronostics !!!