Au jour d’aujourd’hui, la communication est l’un des secteurs cruciaux de chaque team en WRC, et le boum de réseaux sociaux a révolutionné ce domaine, offrant de nouvelles possibilités à l’ensemble des équipes de communiquer différemment, avec un éventail d’options très large.
Pour mieux connaître cet univers, nous avons poussé les portes de Hyundai Motorsport pour rencontrer le responsable communication de l’équipe : Thomas Villette. Engagé avec l’équipe coréenne depuis six ans désormais, le français va vous faire découvrir, via cette interview, cet univers et ces métiers si méconnus du grand public.
Cet interview fait suite à celui réalisé avec un mécanicien en mai dernier, de celui d’un ouvreur, et sera normalement suivi d’autres découvertes avec un ingénieur, puis un photographe notamment.
Simplement, présente-toi avant de rentrer dans le vif du sujet
“J’ai 42 ans, je m’appelle Thomas Villette et ma fonction est : PR Manager de Hyundai Motorsport (depuis 2013). En français, ça donne responsable communication on va dire.”
Quel a été ton parcours professionnel avant d’arriver chez Hyundai ?
“A 42 ans, je commence à avoir un peu de bouteille donc on va essayer de résumer rapidement. J’ai fait plusieurs équipes. J’ai un profil uniquement marketing et communication en sport automobile. J’ai fait quasiment la moitié de ma carrière en circuit, en F1 plus précisément, et l’autre moitié en rallye. Avant ça, j’ai travaillé aussi dans le sponsoring, la gestion et mise en place de contrats de sponsoring. Par la suite, j’ai décidé d’aller vers le côté de la communication pour gérer les médias, et après, internet est arrivé. La plupart des métiers a été bouleversé suite à ça. Quand j’étais chez Peugeot Sport, c’était sérieux au niveau d’internet (2011-2013), ce ne l’était pas encore chez Toyota (2007-2010). Cela démarrait mais les teams n’étaient pas encore équipés comme aujourd’hui.
Donc mon poste, c’est principalement les relations média et puis toute la partie réseaux sociaux qui a pris de l’ampleur récemment. Au centre media et dans les zones d’interviews, je fais le relais avec les journalistes de la presse écrite, internet, TV et radio. Il y a aussi les medias qui ne peuvent pas se déplacer et qui couvrent les rallyes à distance. Les pilotes doivent se concentrer sur leur rallye, donc nous sommes là pour faire au mieux avec leur timing et que les journalistes puissent récupérer du contenu sur le team.
Pourquoi avoir travaillé uniquement dans le sport automobile ? Suite à tes études ?
“Mes études ont été plus orientés vers : je ne sais pas où j’allais. J’ai terminé sur une branche marketing , cela correspond à une licence, je suis parti en Angleterre. Et après, j’ai fait un BTS de Commerce International où je me suis finalement retrouvé dans une impasse où je ne savais pas trop ce que je voulais faire. A l’époque, je bénéficiais du système Erasmus, très connu aujourd’hui, mais à l’époque novateur. L’idée était de partir à l’étranger et d’avoir un diplôme qui permettait de pouvoir travailler à l’étranger.
Après ce BTS, j’ai fait une année de marketing en Angleterre, et cela m’a tellement plu, que j’en ai fait une autre derrière. Et à la fin de cette année, j’étais censé écrire une thèse/dissertation sur un sujet libre, et c’est là que le sport automobile est arrivé. Le sujet était le sponsoring en Formule 1. L’idée a germé en regardant un reportage sur Turbo je crois avec un reportage sur les partenaires de Prost GP. Cela m’a vraiment intéressé, c’était comme un déclic. J’ai réussi à faire un rapprochement direct entre mes études et l’application sur le terrain. Cela m’allait plus qu’une thèse sur la part de marché de la télécommunication au Bénin.
J’ai eu du bol lors de cette thèse. J’ai contacté les personnes de Prost GP et j’avais un tas de questions à poser. Quand je les ai rencontré, il n’y avait pas de notion d’emploi et d’embauche future, mais simplement en vue de ma dissertation. Et plus on pouvait en parler, plus je me disais que c’était exceptionnel ce truc. Quand tu es petit, tu te dis, je veux être astronaute, pompier ou encore footballeur professionnel, mais tu ne vas jamais dans mon domaine. Dans ces rencontres, le plus dur aura été de croiser le responsable marketing de Prost GP. Il a fallu persévérer et finalement, cela s’est bien fait et très bien fait. J’ai gardé le contact avec eux et je leur ai envoyé la dissertation et le résultat. Au final, dans cette “aventure”, j’ai rencontré trois personnes clé qui m’ont permis de démarrer, dont une avec qui j’ai eu mon premier boulot.”
Quel est ton rôle précis chez Hyundai Motorsport ?
“Je suis responsable de l’ensemble de la communication média. Dans la presse dans un premier temps, et ensuite dans la communication extérieure et les réseaux sociaux. Tu ne peux pas tout voir mais tu vois les tendances. Nous sommes scindés en 2 dans l’équipe de communication : le WRC et le Customer Racing (compétitions clients avec R5, TCR et WTCR). On a un attaché de presse dans chaque partie et on a une agence à Londres qui travaille un petit peu en satellite sur tous ces sujets là. Je ne peux pas vraiment détailler la composition de notre équipe mais en gros on va dire que nous sommes une demi-douzaine pour gérer tous nos médias (attaché de presse, réseaux sociaux, vidéastes, photographes).
Tu dois avoir un rythme de vie un peu dingue en voyageant autant sur le WRC ?
“Là pour l’Allemagne je pars six jours, c’est souvent sept, et c’est bien sûr plus long sur les manches hors Europe, cela rajoute deux jours et demi, trois jours en plus. Pas vraiment de repos la semaine prochaine (dernière semaine d’août) puisque l’on va préparer le salon de Francfort avec la présentation de notre voiture électrique de compétition. L’an passé, je n’ai pas pu prendre mes jours comme je le voulais, et j’ai quasiment tout mis en décembre du coup. Pour l’annonce de Sébastien Loeb, j’étais en vacances, et en Nouvelle-Zélande en plus ! Les journées sont assez rudes sur les rallyes, ce matin (dimanche), nous nous sommes levés à 4h30 et ce soir, on va se coucher vers les 23h. De toute façon, tu es tout le temps un peu connectés. J’ai le statut de cadre donc on ne calcule pas les heures. Il faut être passionné, il faut avoir envie, tu donnes de ton temps, de ta vie personnelle et familiale.”
Que dirais-tu à quelqu’un qui veut travailler dans la communication comme toi et spécialement dans le sport automobile ?
“Moi je suis partie de rien, en ne connaissant personne, donc cela veut dire qu’on peut y arriver. Après, il y a pas mal de concurrence, donc ce n’est pas évident, mais parfois dans la vie, il faut un peu de réussite. La chance se créé, il faut se montrer, il faut être sur le terrain. Il faut faire des piges et de montrer son travail. C’est déjà très important de parler et de bien écrire, ce qui est assez rare aujourd’hui quand t’on voit ce qui peut être écrit sur les réseaux sociaux. Il faut être tourné vers l’extérieur et parler plusieurs langues. Si tu parles anglais, tu peux aller des Etats-Unis, à l’Ecosse jusqu’en Nouvelle-Zélande. Moi je parle aussi espagnol, c’est anodin, mais ça peut vite servir avec les pilotes et les journalistes également, comme ce que j’ai pu connaître aux 24h du Mans.”
Quel est ton avis sur les réseaux sociaux utilisés par Hyundai ?
“C’est dingue, car ce que tu publies est très vite oublié. C’est difficile mais nous nous sommes limités à quatre plateformes aujourd’hui : Youtube, Facebook, Instagram et Twitter. Il y a tellement d’autres choses et on n’exploite pas bien Youtube. Nous sommes un peu arrivés au plafond de Facebook, et nous sommes en pleine croissance sur Instagram, il n’y a plus de croissance sur Twitter, qui est une plateforme qui ne va pas exister pour encore très longtemps selon moi. On regarde pour de nouvelles plateformes, il y a un marché énorme en Chine mais cela demande des moyens énormes aussi, de traduction et de planning.”
As-tu un “pouvoir” final pour ces publications ?
“Pas sur toutes bien sûr, c’est impossible, mais je valide toutes les photos qui sont mises en ligne, chaque communiqué de presse et chaque vidéo.”
As-tu parfois des moments plus intenses que d’autres ?
“Il y a des week-ends très compliqués parfois en WRC et WTCR. L’an passé, on avait le final en Australie avec le titre, mais aussi Macao en même temps. Il y avait quatre heures de différence mais cela voulait dire que tout les contenus arrivaient en même temps. Et c’était dur et le bazar d’ailleurs. J’ai morflé mais j’ai bien aimé. Quand tu mets des superbes vidéos en Finlande, ou des embarquées qui vont très vite, c’est génial de voir les réponses de tout le monde, il y a de l’engagement, c’est vivant. En rallye, il y a des périodes de creux avec les liaisons et regroupements, donc tu checkes un peu ce qu’il se passe.”
en fait on apprend tellement sur ces interviews qu’on a pas toujours qqchose à dire derrière.
qui va jouer le rôle du photographe pour la prochaine interview ? mystère
Intéressante vision de la face cachée de l’iceberg. Et encore un article original!
Y sont que 2 chez RS mais y font pas semblants. Bravo.