Tour de Corse 2000 : Peugeot rayonne, Panizzi triomphe



Continuons notre rétrospective des meilleurs moments du WRC avec un retour sur le rallye du Tour de Corse 2000, épreuve où Gilles Panizzi remporta une première victoire en championnat du monde des rallyes à l’issue d’une véritable démonstration des Peugeot à domicile.

Performante sur neige et terre, essentiellement aux mains de Marcus Grönholm, la Peugeot 206 WRC n’a pas encore gagné sur l’asphalte, un an après sa première apparition en WRC. Au 28 septembre 2000 à Ajaccio, les Peugeot sont clairement attendues à l’avant face à une opposition principalement composée de Richard Burns (Subaru), Colin McRae (Ford), Carlos Sainz (Ford) ou encore Tommi Mäkinen (Mitsubishi). Trois hommes sont alors en lutte pour le titre : Grönholm, McRae et Burns !

Dès les premiers kilomètres de cette épreuve, le duo tricolore Delecour/Panizzi fait la différence en se partageant les scratchs, dont quatre consécutifs pour Zébulon, auteur d’un départ canon. Et grâce à un gros temps dans le chrono de Gare de Carbuccia, le pilote Peugeot s’est logiquement emparé de la tête face à Delecour pour six secondes. Le ton est donné et les Lionnes semblent déjà hors de portée de ses rivales impuissantes.

Derrière les 206, quatre hommes tentent de résister à une vingtaine de secondes de la tête : Sainz, McRae, Burns et Mäkinen.

Le lendemain, les frères Panizzi repartent sur un rythme identique à la veille avec deux scratchs (ES7 et ES9), comptant jusqu’à 10s7 de marge sur Delec’. Entre ces deux spéciales, le Tour de Corse avait payé son engouement avec une spéciale annulée à cause d’un trop grand nombre de spectateurs. Le week-end dernier, quatre personnes avaient trouvé la mort au rallye de l’Yonne et ce drame est forcément encore dans toutes les têtes et fait logiquement réfléchir.

Dans la 10, McRae alors en bagarre pour le podium, sort violemment de la route et fait craindre le pire. Au final, le britannique s’en sort bien avec seulement une pommette fracturée et des contusions aux côtes entraînant des problèmes respiratoires.

Dans la 12 et alors qu’il était en position idéale, Panizzi va connaître un début de spéciale sous haute tension. Sa 206 WRC cale au départ et refuse de redémarrer immédiatement. A l’arrivée, le pilote de Roquebrune-Cap-Martin cède 13s6 sur Delec’, nouveau leader pour seulement deux dixièmes. Derrière, Carlos Sainz a beau tout donner, au prix d’une grosse frayeur, l’espagnol est incapable de suivre le rythme des Peugeot. Candidat au titre, Burns est à une minute et demie avec la quatrième place provisoire.

Le dimanche, six spéciales sont encore au programme avec un parcours de 126,78 km pour une répétition des chronos de la première étape !

Dans Vero – Pont d’Azzana, chrono d’ouverture, les 206 WRC font un festival avec un triplé mais Delec’ ferme la marche des Lionnes et perd la tête face à Panizzi, affamé ce dimanche matin et revanchard après son calage de la veille. Après être passé à travers dans la 13, le père Freine Tard réagit admirablement dans la 14 et reprend 5s5 à Gilles Panizzi, revenant à 9 dixièmes de son coéquipier ! Mais de retour à l’assistance et alors que Carlos Sainz est totalement décroché, Peugeot va sonner la fin de la bagarre. En passe de signer un excellent résultat dans l’optique du championnat, le constructeur français ne veut pas prendre le risque de gâcher un tel résultat et fige les positions. 

“Il était impossible de laisser nos deux pilotes continuer à faire une course excessivement rapide au risque de perde une voiture, soit deux. Nous courrons pour le championnat du monde constructeurs avant de courir pour le championnat pilotes, et même si une décision de ce type est difficile à prendre et annoncer, nous avons décidé Jean-Pierre Nicolas et moi de figer les positions en l’état.” commente alors Corrado Provera.

Les quatre dernières spéciales ont peu d’importance même si Delec’ prend involontairement ou non la tête devant un Panizzi relâché. Dans l’ultime chrono, le nordiste met le frein à main et laisse la victoire à son coéquipier, vainqueur pour la première fois en championnat du monde.

Logiquement déçu, le second, François Delecour, accepte finalement cette décision après avoir eu des propos plus acerbes à chaud : “Ce n’est pas de gaîté de coeur que l’on accepte une telle décision, mais on est professionnel. On n’a rien à dire, c’est comme ça. Il faut regarder les intérêts de Peugeot.” La veille, le nordiste avait reconnu la supériorité de son coéquipier : “Il sera très difficile de rattraper Gilles. Il est super sur le sec. Ce n’est vraiment pas facile, ça va très très vite. On passe réellement les virages comme si la vie en dépendait, il n’y a aucune marge, il faut se jeter partout. Si la pluie est au rendez-vous je pourrais peut-être. Sinon il n’y aura rien à faire.”

Au championnat, Marcus Grönholm, intéressant cinquième sur asphalte, préserve sa place de leader au championnat, deux points devant Richard Burns et quatre sur Colin McRae.





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albe
albe
4 années il y a

Proche de la perfection sur le bitume ce Panizzi où ses freinages étaient vraiment exceptionnels. Je me souviens notamment, avec la 306 Maxi au Limousin, d’un freinage en appui gauche rapide pour une épingle droite à l’époque de ses fratricides duels avec Delecour…..lui et les autres!
Je ne l’ai pas vu courir avec la 206 et suis moins impressionné par ces WRC “ancienne génération” très aseptisées niveau moteur (réglementation restrictive) mais extrêmement efficaces en chassis.

Pied gauche
Pied gauche
4 années il y a

Superbe Cette édition du Tour de Corse, un souvenir impérissable,j’ai vu Mc Rae se mettre au trou dans un long gauche après une épingle ,très grosse boîte le Colin évacué en hélico et Nicky Grist est resté sur place garder l’epave ! c’était aussi les premiers tour de roue de Loeb dans une WRC (corolla) et de Morel avec la 206 WRC les 2 espoirs Français a cette époque.