Trois jours après leur victoire au Coeur de France, Yoann Bonato, Benjamin Boulloud et l’équipe CHL étaient au Portugal pour vivre une nouvelle expérience avec une participation manche en ERC.
Et cette grande première a été une véritable réussite pour le double champion de France des rallyes asphalte, auteur d’une deuxième place à l’arrivée après avoir même espéré l’emporter après un final haletant.
Dans cette nouvelle chronique, Yoann nous fait encore le plaisir de répondre à nos différentes interrogations suite à sa performance.
Décidément, cette saison 2020 est sacrément belle pour toi. Pour ta 1ere en ERC, te voilà à la 2e place finale après avoir été en mesure de jouer la victoire. Que retiens-tu de cette épreuve ?
“C’est vraiment magique ce qu’on a connu ce week-end. Se battre pendant 2 jours, à la seconde, pour finir avec seulement 1 dixième d’avance, c’est inimaginable !!! On aura vraiment tout tenté dans cette dernière ES sachant que nous étions moins bien équipés que nos concurrents dans les choix de pneus. Je me suis mis quelques belles chaleurs notamment celle où l’on s’appuie sur la glissière de sécurité pour finir le virage. Finalement je me dis que le dixième est peut-être là !
Pour ce qui est de la victoire, il faut rester lucide, A. Lukaynuk était bien plus rapide que nous sur l’ensemble du week-end. Cette seconde place était déjà une très bonne surprise, de là à gagner, ça aurait été un gros coup de chance ! En tout cas produire un tel résultat dans l’enchainement du Cœur de France reste un exploit pour notre équipe : ils font un boulot incroyable ! Quand je pense que nous étions encore à Vendôme le dimanche et que le mardi nous roulions en essais à Fafe, je me dis que c’est irréel… Une sorte de téléportation de chacun et chacune avec le camion !”
Quel était ton état d’esprit avant d’attaquer la dernière spéciale ? Pour rappel, tu avais quand même « collé » plus de trois secondes à tout le monde dans le chrono d’avant.
“J’avais vraiment envie de garder cette seconde place, nous venions de faire un bon temps dans la précédente, bien aidés par un choix de pneus pertinent, couplé à une grosse attaque. Nous avions 9 dixièmes d’avance au départ de la dernière. Avec une telle avance, je me suis permis de gérer ma spéciale tranquille en prenant tous les risques et en utilisant parfois un peu plus que la route !”
Qu’as tu pensé de ce format avec 3 passages dans chaque spéciale et finalement seulement une soixantaine de kilomètres à reconnaître ?
“Je trouve le format vraiment top, il n’y a que 3 ES par jour à faire 3 fois. Cela fait prendre beaucoup de départ dans un week-end. Étant donné que les WRC ne sont pas présentes, les cordes sont normales et les risques de crevaison diminuent nettement par rapport au mondial. Les recos se déroulent assez rapidement, le programme est condensé, on passe 3 fois par l’assistance ce qui met l’équipe un peu plus à contribution mais elle aussi mieux mise en valeur. Nous avons tout découvert ce weekend et nous avons adoré !”
A l’arrivée de l’ES10, tu as évoqué un «a big moment width a big slide ». Tu peux nous en dire plus ? 😉
“Ah oui ça c’est mon anglais, j’espère que vous ne vous êtes pas trop moqués ce weekend ! Généralement à l’ESF (Ecole du ski français), on utilise seulement : follow me, look at me et one by one. Pour enseigner, ça suffit, mais ici c’était limite ! Autant dire que dans cette fameuse ES où la voiture est partie en glisse à haute vitesse, je me suis retrouvé seul face à moi-même et surtout face à la barrière. On s’en est sorti mais le palpitant est légèrement monté pendant quelques instants !”
Comment cet engagement s’est décidé finalement ?
“Nous avons appris que Fafe allait peut être se positionner sur de l’ERC, la manche allait être nouvelle pour tout le monde, c’était donc une bonne opportunité pour nous d’espérer faire une belle perf. Tous nos partenaires se sont mobilisés pour que nous puissions être au départ. Notre équipe a fait le job pour que nous puissions être partir dans de bonnes conditions. Nous avons même fait arroser la base d’essai du mardi pour tenter de découvrir le grip dans les conditions de la course.
Je tiens à remercier particulièrement notre partenaire Igol qui nous permet de rouler sous les couleurs Citroen et de continuer notre progression à l’international. C’est une grande marque de confiance qu’ils me font et je leur en suis particulièrement reconnaissant…”
Est-ce que d’autres participations en ERC sont envisageables sur cette fin de saison, ou encore un engagement à Ypres ?
“Aujourd’hui je n’ai pas de réponse à cette question mais il est évident que si d’autres opportunités se présentent, nous les saisirons des 3 bras !”
On parle souvent de pneumatiques dans ta chronique, et c’est encore l’occasion par rapport aux conditions météos rencontrées au Portugal. Quelles sont les grosses différences de choix et de règlements par rapport au championnat de France ?
“La réglementation est la même qu’en CFR. La seule différence se situe au niveau du retaillage qui est prohibé. Nous avions droit à 16 pneus (pluies inclus). C’est la première fois que je fais un rallye asphalte aussi complexe en terme de lecture de grip et de météo changeante. Hormis le Monte Carlo on va dire ! Les Michelin ont encore une fois été irréprochables, les MW se sont montrés une fois de plus décisifs dans ces conditions au combien aléatoires.”
En terme de réglementation encore, est-ce que les mesures liées au COVID-19 étaient très proches entre ERC et Championnat de France ?
“”Oui nous sommes très proches de ce que nous faisons en France. Chacun joue le jeu pour le bien être de tous et également la continuité de nos épreuves. Ici, le parc d’assistance était interdit au public, il fallait être muni d’un bracelet justifiant un test covid négatif. Cet accessoire était limité à 8 personnes par Team. Nous n’avons pas le choix de nous plier à ces règles pour espérer faire encore quelques épreuves d’ici la fin de l’année.
Nous avons suivi de loin les intempéries qui ont frappé la région d’Antibes. Nous sommes comme tous, très choqués par les images que nous avons pu voir dans les médias. Nous avons une grosse pensée pour les sinistrés et leur apportons tout notre soutien en espérant que tout se rétablisse le plus rapidement possible.”
super course de Bonato, on aimerait le revoir sur d’autres manches à l’international
Un grand Monsieur du rallye français et international ce Yoann, du talent, de la sincérité et une bonne dose d’humour
J apprécie tout particulièrement le mot pour les sinistrés des alpes maritimes.