En Estonie le week-end dernier, Adrien Fourmaux a retrouvé le volant de sa Ford Fiesta Rally2 pour jouer les premiers rôles en WRC2.
En bagarre tout au long de la course pour grimper sur le podium final de la catégorie, le nordiste termine finalement au 4e rang. À l’issue de cette épreuve, le pilote nordiste a pris une nouvelle fois le temps de nous confier ses impressions.
Tu termines 4e de ce rallye d’Estonie en WRC2 après avoir constamment joué le podium. Quel est ton bilan de cette course ?
”’Je suis plus ou moins satisfait. J’ai eu du mal à me mettre dans le bain vendredi matin. J’ai pris du temps à me remettre dans la WRC2 après mon rallye du Kenya avec la WRC et j’ai couru après le temps perdu de la première boucle (à 33s du leader) pendant tout le week-end. C’était encoure jouable pour le podium, mais les autres ont simplement été meilleurs que moi pour avoir ce résultat. J’ai vraiment tout donné, et j’ai d’ailleurs failli terminer dans un lac même !
Dans le final, je n’ai pas pu jouer ma chance dans la Power Stage car après ma sortie dans l’avant-dernière spéciale, il fallait prendre le temps de nettoyer le radiateur et je n’ai pas eu le temps de bien changer les réglages de la voiture pour une Power Stage très spécifique. De toute façon, le championnat était déjà joué, donc cette Power Stage n’avait pas une grande importance pour moi. Globalement, je retiens aussi que le rythme était bien meilleur que l’an passé.”
Quel est ton avis sur cette Power Stage ?
“Cette Power Stage ne ressemblait pas à grand chose, c’était un peu n’importe quoi selon moi. À la limite, la fin était jolie mais le début était vraiment moche et peu plaisant au niveau du pilotage. Pour ceux qui n’ont pas suivi le week-end avant ça, les téléspectateurs devaient être surpris de voir un chrono comme ça en Estonie. Ce n’était pas du tout représentatif du rallye que nous venions de faire. C’est vraiment dommage. Après, on sait bien que le promoteur et la FIA veulent une Power Stage très proche du parc d’assistance.”
La plus grosse déception est peut-être d’avoir loupé ce podium ?
“Je voulais faire ce podium, c’était l’objectif minimal que je m’étais fixé avant le départ avec l’équipe. Donc c’est forcément décevant sur ce point là et encore une fois, c’est dommage d’avoir loupé l’entame du rallye car la 2e place était peut-être jouable, ou au moins, la 3e aurait été assurée. Avant l’épreuve, je devais beaucoup rouler en essais, mais entre mon week-end à Goodwood et un petit problème sur l’auto, j’ai effectué seulement 30 km d’essais le dimanche sur une très bonne base. Le lendemain, la base était beaucoup plus rapide, typée Finlande, et j’ai pu faire 120 km, mais c’était moins intéressant.”
Pour la 3e place, tu es battu par le jeune bolivien Marco Bulacia, est-ce que tu l’attendais à ce niveau ?
“J’ai été à moitié surpris du rythme de Bulacia. Il était déjà vite sur cette épreuve en 2020 mais il était moins performant sur d’autres rallyes comme en Sardaigne cette année ou encore au Monte-Carlo. Il a franchement fait une belle course, il a été impressionnant !”
Que penses-tu tu découpage du rallye avec 24 spéciales et peu de grosses spéciales ?
“En effet, c’est dommage d’avoir des chronos aussi courts. Les deux nouvelles spéciales du samedi étaient superbes mais un seul passage aurait suffit. Le sol n’était pas assez compact et c’était de la survie ensuite avec énormément de rails. Toutes les spéciales étaient sympas dans l’ensemble, sauf la Power Stage bien sûr. Dans l’ensemble, cela aurait été sympa d’avoir des spéciales plus longues, mais je préfère avoir 22 spéciales courtes comme en Estonie, plutôt que 3-4 très longues moins intéressantes.”
Parle-moi de ton erreur dans l’avant-dernière spéciale qui te fait perdre toutes tes chances de terminer 3e.
“La corde est un peu molle à l’entrée du virage, je lance la voiture quasiment à fond dans le droite. Ma roue avant-droite rentre dans cette corde meuble et ça m’emmène. Je contre-braque à fond tout le long et j’atterris finalement dans un champ juste après un lac que je n’avais pas vu d’ailleurs ! C’était un passage en 5e à plus de 120 km/h.”
Avant l’Estonie, tu as eu l’occasion de présenter et rouler avec la Ford Puma Rally1 au Festival of Speed de Goodwood. Comment cela s’est passé ?
“C’était un événement promotionnel pour M-Sport et Ford. La voiture était vraiment dans sa configuration complète hybride et c’était l’occasion pour nous de la dévoiler devant la presse et le public. J’ai pu rencontrer les patrons de Ford et Ford Performance, c’était un grand honneur et une belle opportunité pour moi. J’ai pu croiser également des pilotes extraordinaires et voir des voitures magnifiques.
C’était vachement sympa d’y être, c’était vraiment un bel événement. J’ai essayé de faire des donuts mais je n’ai pas réussi…j’ai calé devant les caméras. C’est le seul point noir de ce week-end en Angleterre !”
Maintenant que tu connais bien le système hybride sur la Ford, peux-tu nous dire comment les pilotes pourront exploiter le moteur électrique qui développera environ 140 ch ?
“Pour cette nouvelle réglementation, la FIA veut empêcher les ingénieurs de développer des stratégies permettant d’optimiser l’utilisation du moteur électrique. Donc actuellement, on régénère l’énergie en freinant jusqu’à avoir l’énergie nécessaire pour la débloquer et avoir 100 KW de boost. D’un coup, on dispose de 140ch supplémentaires, donc c’est un peu imprévisible comme système ! Chaque constructeur va avoir son sytème pour prévenir le pilote du déclenchement de ce surplus de puissance. Je préférais avoir ce moteur fonctionnel tout le temps, ou au moins un bouton pour l’activer quand on veut, mais la FIA n’en veut pas malheureusement.”
Pour ton prochain rallye, tu as rendez-vous en Belgique sur un rallye inédit pour toi. Quel est ton avis sur cette épreuve ?
“Je ne sais pas encore avec quoi je vais rouler à Ypres, je vais sans doute le savoir dans la semaine. Je n’ai jamais fait ce rallye, mais c’est le cas de tous les pilotes, hormis Neuville et Breen. On aura au moins une journée d’essais tous les cas. C’est vrai que ce n’est pas l’épreuve qui me fait le plus rêver, pas comme la Finlande par exemple, mais cette ambiance particulière, les spéciales nocturnes et le parcours rapide font que je suis tout de même très content de disputer cette épreuve. C’est en plus à seulement 40 km de chez moi, donc mes partenaires et mes amis seront là.
En terme de pilotage, je ne sais pas trop si je peux être performant sur ce terrain. C’est assez familier des routes de chez moi mais je préfère rester prudent. Rendez-vous dans l’ES1 !”
Loeb prend le départ cette semaine de la Baja Aragon.
Voilà-t-y pas que notre nonuple a pris en exemple Adrien Fourmaux !
Pourquoi me direz-vous !
Et oui, pourquoi d’après vous ?
Magnifique