Y.Rossel : “Il faut se battre pour s’engager sur chaque épreuve”

Au milieu de cet agenda chargé, le jeune gardois a fait le point avec nous sur sa saison et son actualité intense. 

Bonjour Yohan. Tu es actuellement en route vers le Mont-Blanc. Quelles seront les autos alignées dans ton team ?

“Nous aurons deux Peugeot 208 Rally4 pour nos jeunes de la coupe, mais également l’Alpine A110 RGT de Grégory Fontalba. On a également sous-loué une Peugeot 208 Rally4 pour Sarah Rumeau, la leader du championnat de France Féminin.”

La semaine dernière, tu as participé au Barum Rally avec une Opel Corsa-e Rally. Quel est ton retour d’expérience ?

“Déjà, on m’a prévenu seulement quatre jours avant le rouler ! Opel veut inviter sur chaque manche un pilote pour mieux faire connaître leur formule de promotion. À la base, je pensais faire ouvreur sur le Barum, mais finalement, peu de temps avant le départ, j’ai appris que je serai concurrent.

On était vraiment là pour découvrir la formule dans un environnement inédit pour nous. Je n’ai eu aucun essai et j’ai fait les deux passages dans le shakedown avant de partir en course. Le but était de passer un bon week-end, sans avoir à l’esprit la compétition pure comme habituellement.”

Parle-nous de cette Opel e-Corsa Rally, la première voiture électrique alignée par un constructeur en rallye.

“Je pense que les performances sont similaires à une R1 de l’époque. Ça manque forcément de watts, mais comme tout le monde a la même voiture, ce n’est pas très grave. Comme j’ai pu le dire à un responsable de chez Opel, quelque soit la performance, tant que tout le monde s’amuse et roule à égalité, il n’y a pas de problème.

C’est assez choquant d’avoir une voiture sans bruit mais on s’y fait. Ce n’est pas non plus évident au début de ne pas avoir à changer de vitesses, mais c’est rapidement oublié. Niveau chassis, je pense que la voiture est encore en phase de développement. Les amortisseurs sont proches de la série et il faut être méfiant sur du bosselé ou certaines cordes, mais comme à l’époque de la R1 finalement.”

Est-ce que cette voiture peut être intéressante pour de jeunes pilotes ou d’équipes comme la tienne ?

“Cela peut intéresser des partenaires, c’est certain ! Pour les pilotes, la prime de fin de saison est un programme international en Opel Corsa Rally4 la saison suivante. Par rapport au coût de cette formule, c’est très bien. C’est finalement un championnat comme un autre et tout le monde s’y intéresse petit à petit. Pour mon équipe, ça paraît tôt encore mais j’ai reçu beaucoup de questions.”

Après un rapide Mont-Blanc, tu pars en Grèce pour une nouvelle manche du WRC3. Comment ça se présente ?

“Je pars dès samedi pour rouler en essais le dimanche. On va rouler une journée pour une séance d’essais classique avec Saintéloc. On va repartir globalement sur la même configuration qu’en Sardaigne où ça marchait très bien. L’objectif sera de faire du mieux possible, faire le maximum comme d’habitude et ne pas trop réfléchir au championnat. On a une avance assez grande mais notre adversaire Kajetanowicz a un rallye en moins. S’il gagne les 3 rallyes et que nous ne sommes pas performants, on sera derrière au final ! Donc on va attaquer fort, et essayer de jouer avec les WRC2 également, comme d’habitude.

Cette semaine, j’ai pu regarder les vidéos des spéciales et je dois que ça promet d’être magnifique, on va se régaler. C’est à coup sûr le plus beau rallye terre que je vais faire de ma carrière. Il y a beaucoup de diversités dans les spéciales. Parfois, j’avais l’impression d’être dans Joux Plane sur la terre. Ça monte, ça descend, c’est étroit, mais aussi parfois large, en sous-bois, en plaine…il y a de tout. C’est vraiment magnifique.”

Revenons rapidement sur Ypres et ta victoire en WRC3. C’était un week-end parfait pour toi non ?

“En terme de résultat (7e scratch, 1er WRC3), c’est sûr que je ne pouvais pas faire mieux. On est vraiment sur une bonne dynamique, on se sent bien dans l’auto avec Alex. C’était un super rallye. Avant le départ, j’avais une appréhension face aux belges et la connaissance du terrain. On a quasiment rien touché sur la voiture du week-end.

Le parcours était très rapide, il ne fallait parfois pas trop réfléchir et par chance, il a fait sec. Pour les deuxièmes passages, c’était assez facile de lire les changements après le passage des voitures, mais il fallait se concentrer sur les changements d’adhérence.”

Et après la Grèce, tu finiras ta saison en Espagne avec de gros espoirs de titre.

“Il faut savoir que l’Espagne n’est pas encore sûr à 100%, loin de là ! Heureusement, Yacco me soutient depuis le rallye d’Ypres, et en plus de ça, Auto Hebdo a créé une cagnotte pour récolter des fonds avec son Auto Hebdo Rookie Academy.

Sinon, ça reste très compliqué pour moi. Il faut se battre pour s’engager sur chaque épreuve et j’engage énormément d’argent personnel. Si on arrive pas à avoir un contrat pour l’année prochaine en WRC2, ce sera très compliqué de continuer. J‘espère avoir de bonnes opportunités en fin de saison avec un constructeur. Avec Citroën, je suis très bien chez eux, je suis très content de la voiture. Mais cette saison représente d’énormes sacrifices, humains et financiers, et je ne pourrais pas me permettre de recommencer, c’est impossible.”