Engagé avec Opel Motorsport en ERC4 Junior cette saison, Laurent Pellier a idéalement débuté son année en remportant les deux premières épreuves, d’abord sur l’asphalte des Iles Canaries, puis sur la terre de Pologne.
Accompagné de Marine Pelamourgues, le pilote Haut-Savoyard occupe logiquement la tête du championnat alors que trois épreuves (une 4e pourrait être ajoutée) sont encore à venir.
Bonjour Laurent. Pourquoi évolues-tu dans le championnat ERC cette saison ?
“L’an passé, dans la coupe électrique Opel, c’était plus ou moins annoncé que le vainqueur aurait un programme international avec une Corsa Rally4. Au cours de la saison, on a eu quelques confirmations et en fin d’année lors de la dernière manche, c’était beaucoup plus clair. Mais on a tardé à annoncer le programme car je voulais attendre que tout soit signé et prêt.”
Comment se présentait ce rallye de Pologne ?
“J’avais déjà fait ce rallye avec la Peugeot 208 T16 mais il a beaucoup changé depuis. Hormis la super-spéciale, toutes les spéciales avaient changé. À défaut de connaître le parcours, la typologie était la même donc je n’ai pas été dépaysé.
Le profil est toujours aussi rapide et étroit. Dans la spéciale la plus longue du premier jour, nous étions au rupteur en 5e pendant longtemps !”
Ce week-end en Pologne, tu es tombé sur un adversaire très rapide, un finlandais nommé Toni Herranen !
“Je ne le connaissais pas. Le premier jour, il partait 28 minutes après nous. Je n’avais même pas vu ses chronos au début, je ne m’attendais pas qu’un gars qui parte si loin soit si rapide. Du coup, j’ai regardé son profil sur EWRC et j’ai vu qu’il était très jeune (19 ans) mais qu’il avait déjà fait une cinquantaine de rallyes après avoir débuté à 15 ans.
C’était une sacrée expérience de me bagarrer face à lui, il m’a fait sortir de ma zone de confort. Je n’avais pas roulé en compétition sur terre depuis quatre ans et avec ma sortie en essais avant le rallye, je n’étais pas au top niveau confiance. Un podium m’aurait bien satisfait et je ne pensais pas vraiment me battre pour la victoire.
Dans la dernière spéciale, on a mis la barre haute et Herranen n’était sans doute pas au top. Tout le monde me demande comment j’ai fait et il faut que je regarde la caméra embarquée ! Ce finlandais sera en Lettonie et à Rome donc ce sera très intéressant.
Globalement, j’ai été surpris de mon niveau de performances en Pologne. Dans mon calendrier prévisionnel, on ne visait pas aussi haut et j’ai eu des bonnes bagarres à chaque fois depuis le début de ce championnat. Je ne sais pas si j’allais retrouver mon niveau sur terre en étant autant engagé qu’à l’époque de la 208 T16 par exemple.”
Avant ce rallye de Pologne, tu avais débuté ton année avec une victoire aux Canaries. Comment c’était ?
“On a mal débuté car j’ai fait un tête-à-queue dès l’ES1 mais on a très vite comblé le retard pour se retrouver en tête. Nous avions une avance solide en Junior mais on voulait aussi se battre en ERC4 face à Anthony Fotia et c’était une grosse bagarre. Même si nous sommes focalisés sur le Junior cette année, on ne va pas se gêner de titiller les autres marques.”
Quelles sont justement les différences entre ERC4 et ERC4 Junior ?
“Déjà, en ERC4 Junior, nous roulons avec l’essence du commerce et forcément en pneus Pirelli avec deux types de gommes possibles par rallye. Si je gagne ce championnat, j’aurais droit à un programme de quatre rallyes avec une Ford Fiesta Rally3 en JWRC la saison prochaine. Pour l’ERC4, l’essence et les pneus sont libres et il n’y a pas vraiment de récompense au bout, hormis de remporter un titre. La consigne est clairement de remporter le titre Junior, surtout que j’ai l’âge maximum pour rouler dans cette catégorie.”
Quelle est ta préparation pour chaque épreuve ?
“Pour cette année, j’ai vraiment deux contrats distincts. Un avec Opel Motorsport pour faire la saison ERC, et un autre pour faire du développement avec PSA. En ce qui concerne la préparation des épreuves, j’avais droit à une séance d’essais sur asphalte et une autre sur la terre. Avant la Pologne, la séance a malheureusement été très courte car j’ai pris une pierre que je n’avais pas vu en recos et nous sommes partis en tonneaux. Sinon, j’ai toujours une bonne préparation avec la journée de roulage en début de semaine avant les reconnaissances, et je peux faire environ 80 km, sans oublier le shakedown. Ce sont des journées qui me sont utiles.”
Tu n’as pas pu rouler en France depuis le Mont-Blanc 2020. Est-ce qu’un retour est prévu prochainement ?
“On a pu en discuter en Pologne. Comme il y a la formule électrique Opel qui vient au Mont-Blanc, je pourrais faire un coup de pub avec cette voiture. Mais si je peux m’aligner en Corsa Rally4, ce serait cool pour montrer la voiture et embêter un peu Renault et Romain Di Fante. Cela fait un moment que je n’ai pas roulé en France et ça me manque. Ce week-end, je vais me déplacer au Bornes pour voir des amis, mais sans rouler donc !”
Comment pourrais-tu décrire cette Opel Corsa Rally4 ?
“C’est un bon mix entre DS3 R3 et 208 R2. La DS3 car c’est une voiture souple qui prend du roulis et avec un moteur turbo coupleux. Et la 208 pour son chassis exceptionnel et son plaisir de pilotage. Au final, c’est une voiture un peu plus pointue à conduire mais vraiment sympa.”
En roulant en ERC, est-ce que tu peux profiter d’une bonne visibilité ?
“Il y a beaucoup de retours positifs en participant à ce championnat. Je ne sais pas si cela vient du changement de promoteur car Eurosport faisait du beau boulot. Par rapport à la 208 T16, c’est bien mieux pour moi mais c’est peut-être aussi parce-que je joue cette fois la victoire dans ma catégorie. Avec WRC+, ça ajoute forcément de la visibilité pour tout le monde. En tout cas, Opel est bien content de la visibilité. Avec beaucoup de nationalités différentes dans ce championnat, cela aide aussi un peu.”
Que penses-tu des épreuves à venir ?
“J’ai pu participer à chaque rallye dans le passé. Le parcours de la Lettonie n’est pas encore sorti mais il semble qu’il y aura pas mal de modifications. Pour Rome, pas mal de modifications aussi mais je connaitrais en partie. Et pour le Barum, j’ai quand même une belle connaissance.
J’aime beaucoup la Lettonie, je préfère à la Pologne car c’est un peu plus large avec moins d’arbres, nous sommes plus en sécurité ! D’ailleurs, le rallye a bien bossé là-dessus et par rapport à ce que j’ai pu voir à l’époque du WRC, tout m’a semblé en ordre.”
Comme tu participes au développement de cette Opel Corsa, bénéficies-tu d’évolutions supplémentaires ?
“Hormis l’antipatinage, j’ai vraiment la voiture client de monsieur tout le monde. Je ne sais pas quand il sera disponible pour les clients. Je l’ai en partie développé et j’en suis content, mais d’autres n’aiment pas rouler avec.”
Côté emploi du temps, ça donne quoi pour toi ?
“C’es un peu sport, les rallyes sont assez rapprochés. C’est assez difficile avec le boulot, mais aussi avec la famille car j’ai eu un petit garçon en début d’année. Le rythme est assez intense !”
Bravo Laurent pour ton parcours..
On espère tous que cela t’aménera encore plus haut.
super pilote!