Pour son premier rallye d’Estonie dans la catégorie reine, Adrien Fourmaux a réalisé une course sage sans prise de risques, parvenant tout de même à signer quelques chronos intéressants pour finalement décrocher la 7e place finale.
Comme après chaque épreuve, le Français est revenu en longueur sur sa performance.
Bonjour Adrien. En Estonie, tu viens de décrocher le meilleur résultat de ta saison avec la 7e place. Es-tu satisfait de ton week-end ?
“Je suis content de ce rallye avec vraiment une bonne gestion tout au long du week-end. J’aurais signé tout de suite pour avoir eu cette bagarre dans le top 6 pendant tout le rallye.
Dès le vendredi, c’était très serré entre Katsuta, Gus, Pierre-Louis et même Oliver pour le top 6. Au final, nous sommes plutôt là où nous devions être. C’est malheureux de finir 7e alors que l’on a chassé la 5e place pendant une grande partie du rallye, mais c’est comme ça.
Après le shakedown, je me disais que ce serait compliqué de se battre pour une telle position, même si je n’ai jamais vraiment réussi à être performant dans un shakedown de toute façon.”
Avec 7e position, tu finis premier pilote M-Sport, est-ce important pour toi ?
“Pas vraiment. J’aurais surtout préféré voir plus de voitures à l’arrivée et mieux placées, même si c’était devant moi ! On ne peut pas se satisfaire d’être 1er M-Sport en terminant à la 7e place. Cela m’a rajouté un peu de pression le dimanche avec l’obligation claire de ramener la voiture à l’arrivée. Je n’ai pas roulé aussi libéré le dimanche que lors des premiers jours et cela m’a probablement coûté la 6e place.”
Justement, parlons de cette Power Stage qui aura été compliquée pour tout le monde.
“Il faut admettre que les conditions étaient vraiment dantesques. C’était facile de se mettre dehors dans cette spéciale. À certains endroits, il aurait fallu un bateau pour passer avec d’énormes flaques. En termes de performance, on peut voir que Thierry Neuville n’a pas fait mieux que nous. Entre quelqu’un qui soulage et un autre qui attaque, il y a de grosses différences à faire. Mais malgré tout, je ne pensais pas que Lappi allait me reprendre autant de temps. Il devait me devancer de plus d’une seconde au kilomètre, ce qu’il n’avait jamais fait auparavant. J’en ai d’ailleurs discuté avec Thierry avant la spéciale et lui non plus ne pensait pas qu’il pourrait le faire.
Au final, Esapekka a pris de gros risques, c’est ce qu’il m’a dit à l’arrivée, et cela a payé. Je n’avais pas le droit de me mettre dehors et je n’ai aucun regret, c’est ce qu’il fallait faire. De toute façon, pour le championnat pilotes, je ne regarde même plus après les résultats du début de saison et pour le championnat constructeurs, cela ne changeait rien. Bien sûr, mes résultats de cette année ont évidemment joué dans ma confiance pour aborder ce chrono particulier.”
Ce rallye d’Estonie a été marqué par des conditions météos très variables. Est-ce aussi plaisant que sur le sec ?
“Jusqu’à la Power Stage, j’étais vraiment content du rallye et j’avais pris beaucoup de plaisir. Il y avait eu de la pluie, mais pas encore de flaques. Je pouvais jouer avec la voiture et me faire plaisir. Il faut quand même relativiser, j’ai la chance de rouler avec de telles voitures et de tels rallyes, la notion de plaisir est très importante ! Et quand je m’amuse comme ça, je suis souvent plus performant.”
Sur ce rallye, et contrairement à beaucoup cette année, il semble que la Puma a été très fiable, tout comme les pneumatiques ?
“Aucune inquiétude pour les pneus en effet, aucun décoincement. Pour la voiture, une panne d’essuie-glaces nous a perturbée pendant une spéciale. Je comprends que ça puisse paraître aberrant d’avoir ce problème sur ce genre de voitures, mais les autos sont aussi soumises à des conditions et des chocs bien différents par rapport à des voitures normales. Une sécurité s’est mise en place dans cette spéciale. Il y avait une légère pluie et comme le pare-brise était sec et chaud, le système s’est mis en pause pour ne pas trop forcer dessus. J’ai juste oublié de reseter le système sur la console en pleine spéciale…Pierre-Louis a fait la même chose. Pour nous, c’était un problème d’essuie-glaces, et pour d’autres, c’était plus important avec des soucis de désembuage et même des tuyaux retenus par un copilote (rires)
Parfois, les équipes sont trop à la recherche de performances et oublient ce genre de petits détails.
Sinon, un petit truc avec l’hybride quand même. À la réception d’un saut, j’ai perdu l’hybride. C’est revenu quand je suis redescendu sous les 90 km/h…et en Estonie c’est assez rare. C’était assez surprenant pour moi, je l’ai vite ressenti sur les premiers freinages après la bosse. Encore une fois, c’était une sécurité qui s’est enclenchée après un “choc” pour un saut assez normal finalement.”
Sur ce rallye, les informations météos étaient très importantes. Comment ça fonctionne pour ton équipe et avec Alex ton copilote ?
“Déjà, nous sommes très contents des informations que nous avons pu avoir. On savait quand la pluie allait tomber, combien et où avec une précision de 15 minutes environ. Déjà, ça te sert mentalement à te préparer pour affronter des conditions différentes. On peut aussi jouer sur la pression des pneus et faire des petits changements de setup avant la spéciale. Nous avons un groupe de discussions commun avec tous les équipages, les informateurs météos et les ingénieurs.”
Côté setup, tu as dit avoir changé des choses puis être revenu partiellement en arrière. Étais-tu satisfait finalement ?
“J’ai essayé différentes choses que je n’ai pas pu tester en essais. Nous sommes toujours un peu frileux d’essayer des choses radicales en course car ça peut être très pénalisant si l’on se trompe. En début de rallye, je me basais beaucoup sur les performances de Craig (Breen) car nous avions un setup très proche. D’ailleurs, il était très similaire entre les quatre pilotes, c’est souvent bon signe.
J’ai encore des petites idées pour améliorer la voiture et je vais essayer lors du shakedown de la Finlande car nous n’avons pas d’essais avant ce rallye. Ça joue sur énormément de paramètres : les barres, la garde au sol, le rake, les géométries, les ressorts ou encore les cartographies.”
Pour ce rallye, tu as apporté une modification assez importante dans son système de notes avec l’ajout du mot “Respire” pour t’indiquer/te forcer à prendre ta respiration en spéciale. Pourquoi ?
“Globalement, je me suis rendu compte de différentes choses en fin de spéciale. Déjà, je suis moins rapide sur les derniers kilomètres car je sens que je manque d’énergie. Quel était le problème ? Est-ce que c’était un mauvais entraînement physique ? Ou autre chose ?
À la fin des chronos, on peut voir que je suis assez rouge et que j’ai l’air plus fatigué que les autres. J’ai l’impression d’être un peu vidé parfois et d’être en apnée assez souvent.
Avec mon préparateur, on a donc travaillé ma routine avant ma spéciale puis ma respiration dans le chrono. On a donc rajouté le mot “respire”, on aurait pu choisir n’importe quel mot finalement tant que ça me permettait de souffler. Parfois, ce n’était pas utile, et parfois, ça faisait du bien et j’ai déjà pu voir les bienfaits.”
Dans ton week-end, tu as été particulièrement performant dans la spéciale de Tartu Vald disputée deux fois le dimanche ? Comment expliques-tu ce rythme ?
“Comme dans les autres spéciales du dimanche, je n’ai pas pris de risques dans celle-ci. Mais dans ce chrono, on peut beaucoup jouer avec la voiture et être propre, tout en faisait des temps. J’ai essayé de garder la vitesse et d’utiliser les rails du mieux possible. Et il a fallu absolument ne pas trop raser les rails. Dans cette spéciale, tu peux faire des temps avec une prise de risques moindre.”
Sur les trois jours, on a vu deux petites erreurs de ta part. D’abord dans un carrefour, puis une autre le dimanche avec une petite frayeur.
“Pour le carrefour, c’est une erreur assez anodine où je préfère tirer tout-droit et mettre la marche arrière plutôt que de faire un tête-à-queue. Pour celle du dimanche, ce virage a surpris beaucoup de monde ! L’an dernier, c’était un virage facile et c’est le droite qui suivait qui était compliqué. Mais cette année, il y avait zéro grip dans le gauche. Je pense que j’ai plutôt bien géré le truc au final.”
Dans deux semaines, tu seras dans le shakedown du rallye de Finlande. Comment vas-tu aborder ce rallye ?
“Un peu comme l’Estonie avec un petit peu plus d’expérience avec la voiture sur ce profil de rallyes. Ça va vite arriver avec un parcours revu à 31% soit une centaine de kilomètres. Comme d’habitude, je vais regarder dans un premier temps mes caméras de l’an passé pour me mémoriser les spéciales. Puis je vais regarder la caméra de l’auteur du scratch dans chaque spéciale. Je vais donc démarrer avec la super-spéciale et le scratch signé par Katsuta.”
Oui bon… Il marque des points, c’est le principal, les places sont chères et plus on engrange des billes, plus on peut garder sa place… Mais voilà… Excusez moi d’être franc, mais on est quand même un bon cran en dessous de ce qui se fait de mieux en WRC, vu le niveau affiché et la progression des uns et des autres, ça n’augure rien de bien réjouissant pour l’avenir du rallye français. Être obligé de noter “respire” sur ses notes… J’ai cru lire une blague sur les blondes… On aura eu la chance d’avoir vecu 2 décennies de victoires… Lire la suite »
Une analyse bien intéressante, merci RS, qui permettra en outre à certains commentateurs de revoir leurs écrits. . .