Encore dans le flou à la mi-janvier, Laurent Pellier est maintenant assuré de pouvoir participer au championnat du monde Junior dès le prochain rallye de Suède qui aura lieu du 9 au 12 février prochains.
Dans sa dernière chronique avant de partir vers la Suède en fin de semaine, le récent champion d’Europe Junior nous parle de ces dernières semaines stressantes, mais surtout des semaines passionnantes qui l’attendent désormais.
Il y a dix jours à peine, ta situation semblait compliquée mais maintenant, on peut le dire, tu seras bien au départ du rallye de Suède en Ford Fiesta Rally3 dans la catégorie Junior WRC.
“Oui il a fallu trouver des solutions pour la Suède afin de commencer le championnat Junior. On a vraiment hâte d’y être maintenant, ces dernières semaines ont été compliquées. Le promoteur nous a bien aidés pour nous permettre d’être au départ en trouvant des accords pour la suite de la saison.
Bien sûr, il faudra trouver du budget supplémentaire pour s’assurer de pouvoir rouler toute l’année, tant sur le plan logistique, que sur la programmation d’essais par exemple. À l’heure actuelle, nous sommes assurés de pouvoir rouler en Croatie mais la situation est plus floue pour la suite.”
Par contre, tu vas te lancer dans ce grand défi sans aucune expérience, ni de l’auto, ni de la surface.
“Avant la Suède, nous n’avons pas pu faire d’essais alors que certains auront fait des rallyes quelques jours avant en Suède ou en Estonie. On ne sera clairement pas à égalité mais c’est comme ça. M-Sport a proposé une journée d’essais là-bas à 11 000 € pour six heures de roulage, autant dire que ce n’était pas possible. Pour cette journée, je sais que certains pilotes seront au rendez-vous comme le Belge Tom Rensonnet. Et niveau logistique, cela imposait de partir bien plus tôt alors que l’on part déjà vendredi en fin de semaine pour faire la formation M-Sport.”
Mais on a tout de même vu dans une Ford Fiesta Rally3 lors du rallye de la Ronde du Jura le week-end dernier.
“Je me suis en fait invité à la séance de Pierre Ragues. Je l’avais contacté quelques jours avant le rallye pour savoir si je pouvais découvrir la voiture à son assistance. Je suis monté à côté de lui pour quelques tours d’essais et j’ai pu donc voir cette voiture. Je voulais assister à cette séance pour prendre un maximum d’informations. Comment faire les clics ? Quels sont les outils nécessaires pour certaines choses ? Où placer des éléments pour les reconnaissances ? Où sont certains boutons ? Même si nous avons reçu un manuel d’une soixantaine de pages, il est quand même plus pratique de voir la voiture en vrai. Donc c’était une première prise de contact et c’était ultra-bénéfique. J’ai balayé pas mal de choses et pris plein de photos.”
Quel a été ton ressenti dans la voiture ?
“Une voiture qui paraît assez facile, il va falloir se réhabituer à la 4 Roues motrices, cela fait longtemps depuis la R5. Niveau puissance, c’est assez équivalent à la Rally4 avec le poids supplémentaire. Les amortisseurs ont semblé bien réagir aux réglages. Il y a pas mal de poussée venant de l’ALS (Anti Lag System). On a quatre niveaux, dont un qui le désactive. Cela me rappelle la DS3 et la DS3 Max. C’est comme si on freinait tout en accélérant.”
C’étaient des premières prises d’informations pour savoir à quoi s’en tenir et c’était assez enrichissant.”
À ton arrivé en Suède, tu vas suivre une formation de trois jours pour ton engagement en Junior WRC. En quoi ça consiste ?
“Oui, comme mes huit adversaires et leur copilote, on va avoir un programme assez costaud sur trois jours. On va probablement voir le fonctionnement de l’équipe, des assistances, de la logistique, des repas ou encore revoir des points du manuel et de la réglementation. Je n’ai pas le détail du programme encore.”
Et dans huit jours, tu seras au départ du shakedown avec aucun mètre parcouru avec cette voiture.
“C’est ça. C’est un beau défi de découvrir la voiture dès le shakedown et en plus sur une surface nouvelle. Si on fait 3 passages, soit 15 km, ce serait déjà pas mal. À moi de me servir intelligemment de cet apprentissage. Niveau setup, la voiture est assez verrouillé finalement et il n’y aura pas trop de travail à ce niveau là.
On pourra changer la barre anti-roulis avant le rallye ou au soir de chaque étape. Pour le reste, nous n’aurons droit à aucune modification, ni ressort, ni hauteur de caisse, ni différentiel par exemple. Avec la barre, nous aurons déjà pas mal de choses à faire mais, nous n’irons pas dans l’extrême, ce sera impossible sans modifier d’autres paramètres.”
Tu as maintenant la liste de tes adversaires pour la saison, qu’en penses-tu ?
“Un nom me vient tout de suite, celui de Creighton, l’Irlandais. Il fait le championnat depuis deux ans, c’est un gros client car il connaît parfaitement la voiture et toutes les manches. C’est logiquement le favori du championnat. Les autres, je connais moins, ce sont tous des mecs qui vont vite chez eux mais qui ne connaissent pas forcément toutes les surfaces.
Je pense qu’on a notre mot à dire dans ce championnat et je crois en nos chances de titre. C’est d’ailleurs clairement l’objectif de l’année, nous sommes là pour ça. Je pense être capable de le faire, tout doit bien s’aligner bien sûr. On ne jouera pas devant en Suède normalement mais à partir de la Croatie, on veut jouer la victoire.”
As-tu contacté des pilotes français en vue d’avoir des conseils pour le pilotage en Suède ?
“Pas du tout non. J’ai regardé des vidéos pour voir les réactions des voitures en fonction des conditions, je me suis concentré sur ma perception des choses et mon apprentissage. J’ai tout de même posé des questions à Vincent Ducher, mon ancien responsable chez Saintéloc Racing, à propos des pneus. Mais comme nous avons un seul type de pneu disponible, ce n’est pas un élément très marquant.”
Est-ce qu’un top 5 en Suède te conviendrait ?
“Oui vraiment, je serai très content même. On va prendre la journée du vendredi pour apprendre et on reverra peut-être nos objectifs en fonction du classement du vendredi soir. On aime les longues spéciales, on verra si on peut en tirer un avantage. Je n’ai en tout cas pas le statut de favori pour la Suède.”
Un peu plus de deux mois après la Suède, tu seras en Croatie pour la première manche asphalte. Est-ce que tu aurais une “vraie” préparation pour cette manche ?
“On l’espère, on va travailler dessus. Ces dernières semaines, nous étions focalisés sur la Suède. Avant la Croatie, il faudrait faire une petite séance d’essais avant le départ avec une Ford Fiesta évidemment. Mais il y a peu de voitures disponibles en France, et encore moins avec un kit asphalte. Malheureusement, Pierre Ragues n’en a pas par exemple.
Pour finir, je voudrais remercier ma ligue et celle de Marine pour leur soutien fidèle. Et j’espère aussi que vous n’hésiterez pas à patienter un peu pour regarder nos performances alors que l’on va passer plus d’une heure après les Rally1.”
Espérons pour lui qu’il arrive à boucler un budget pour la totalité du championnat, en tout cas ravis de voir ce bon pilote accéder au niveau mondial.
Go laurent !
Le plus fou c’est qu’il y a 3 jours de formation mais pas un mètre de roulage…