A une semaine du rallye de France, c’est un Yohan Rossel détendu et disponible qui s’est prêté volontiers à une entrevue en toute sincérité pour Rallye-Sport.fr.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, tu peux nous en dire un peu plus sur toi.
“Alors Yohan Rossel, né le 13 février 1995 à Saint Jean du Gard. Après avoir eu un Bac STI à Alès, j’habite maintenant à Chambéry où je suis inscrit au CESNI (Centre d’Etudes des Sportifs Nationaux et Internationaux) en DUT Techniques de Commercialisation. C’est un établissement qui me permet d’adapter mon emploi du temps d’étudiant à ma carrière de pilote.”
Ta carrière de pilote justement, on aimerait bien en savoir plus.
“Débuts à 10 ans en Karting en minimes cadets, ou j’avais un gros désavantage, j’étais trop lourd. Puis le X30 en championnat de France, ou il y avait vraiment un gros niveau. Après, grâce à mon oncle, j’ai pu participer à la Caterham Academy, toujours sur circuits afin d’engranger de l’expérience face à des pilotes déjà affutés. Mais après financièrement, c’est devenu compliqué, il me fallait des sponsors, et au moment de signer, c’était toujours la même réponse. J’ai du beaucoup me remettre en question et oublier toute ces déceptions.”
Et donc pour rebondir, tu te tournes vers Rallye Jeunes.
“Exactement… Puis avec ma famille, on a toujours été réaliste, il n’y avait que deux options. C’est même mon père qui me l’a toujours dit, faut avoir des sous, ou gagner un volant pour réussir.”
Tu as l’air assez proche de ta famille, tu en parles beaucoup, tu en penses quoi?
” C’est sûr, c’est aussi grâce à eux que j’en suis là. Avant on allait voir des courses avec mes parents, mon oncle et mon petit frère, mais j’avoue que je m’ennuyais vite, je voulais piloter moi, pas regarder. C’est même eux (son père et son oncle) qui m’ont transmis cette passion. De toute façon, je baigne dedans depuis que je suis né.”
Et donc Rallye Jeunes ?
“La chance de ma vie, vraiment ! Fallait se démarquer et rien lâcher puis ça l’a fait. J’étais quasiment obligé sinon mes parents se seraient saignés, et on ne serait pas aller bien loin au final.”
Victoire en volant, tu te retrouves au départ du rallye Lyon-Charbonnières, un mois plus tard, pour six manches du championnat de France dans le cadre du Citroën Racing Trophy Junior en DS3 R1, tu le vis comment?
“Grosse satisfaction d’abord de se retrouver là, de pouvoir enfin caresser du bout des doigts mon rêve au final. De l’excitation aussi de pouvoir se mesurer à une concurrence déjà rodée dans un championnat de qualité, le tout soutenu par la fédération et un constructeur tel que Citroën, ce n’est pas rien. D’ailleurs après une courte fête (pour le gain du volant), je me suis mis direct au travail, trouver un copilote, développer un système de notes, et bosser à fond les caméras embarquées pour mieux me familiariser à ces nouveaux rallyes. Le jour où j’ai reçu la combinaison, j’étais comme un fou et là, ça a commencé à sentir bon.”
On se retrouve au mois de septembre, la saison a bien avancé (4 manches sur 6 déjà courues), tu nous décortiques un peu tout ça?
“On est arrivé au Charbo un peu dans l’inconnu, on voulait vraiment se faire une idée pour voir on se situait par rapport aux autres. Et dès la quatrième spéciale, il me semble, on fait le scratch et tout de suite on a fait le plein de confiance. A la fin, on gagne le rallye après une bonne bagarre, on ne pouvait vraiment pas rêver meilleur départ pour la saison. Nicolas Bernardi y est aussi pour quelque chose, il m’encadre, me conseille, il est vraiment important. Ensuite l’Antibes, toujours en découverte sur des routes mythiques comme le Turini, on est pas mal, on finit deux sur un terrain que j’aime un peu moins. L’école du circuit me pousse à préférer le roulant et le rapide, en privilégiant le pilotage propre, que je retrouve plus au Rouergue et au Mont-Blanc d’ailleurs. Deux victoires de plus tout en creusant l’écart au championnat face à mes adversaires directs (Laurent Laskowski et Damien Defert) sans avoir le sentiment de rouler à la limite, sans prendre de risques, c’est vraiment une saison qui se déroule mieux que ce que je pouvais imaginer.”
Dans un mois, tu peux jouer le titre à la maison aux Cévennes, tu en as conscience ?
“C’est fou, il y a un an, jour pour jour, je faisais mon premier rallye aux Camisards sur une 106 N1, c’est presque pas aller assez vite mais avec du recul, ça a pris une allure de fou. Donc les Cévennes devant la famille et les amis, à domicile, j’ai hâte, avec pour objectif assumé le titre mais pas victoire à tout prix. Je ne veux pas me retrouver au Var avec la pression. J’espère aussi que le rallye n’aura pas trop souffert des intempéries, ça fait peur…”
Ce week end, tu étais au Vosgien, la semaine prochaine, au rallye de France WRC, comment ça se passe?
“Plutôt pas mal, ce n’était pas prévu à la base. Le Vosgien pour découvrir l’auto (DS3 R3), c’est vraiment un autre monde, et aussi le profil des routes dans ce coin de la France. J’ai pu aussi me jauger par rapport à Quentin (Giordano) qui connait le WRC, et l’Alsace et on a pu échanger ensemble, j’en tire du positif. Après l’Alsace, c’est une chance à ne pas rater, afin d’engranger un maximum d’expérience. Je compte rouler comme je sais faire, prendre du plaisir. Mais vu la concurrence, l’objectif sera d’être à l’arrivée et ensuite on regardera les temps. Cependant, je sais que ça va être de la folie, les médias, les sollicitations, les spectateurs, ça va être énorme.”
La semaine passée, tu as participé aussi aux journées Presse Citroën, tu as roulé avec la DS3 WRC, en un mot ?
“Hmmm … Magique !”
Et finalement la suite, 2015, tu l’envisages de quelle manière ?
“Avant de parler de 2015, il faut déjà remplir l’objectif cette année, à savoir le titre. Si je ne gagne pas, c’est mort. Si c’est bon, on s’alignera en DS3 R3 dans le Citroën Racing Trophy, sur quatre rallyes asphalte et deux terre, plus la manche française du WRC. J’ai aussi envie de monter un programme sur la terre histoire d’apprendre.”
Le WRC, tu en parles, tu en as essayé une la semaine dernière, je suppose que tu y penses ?
“Forcément, c’est le top niveau, les voitures, les rallyes, tout ! Il faut juste franchir les étapes une à une, ne pas se griller. Mais le but, c’est d’être au moins en WRC2 dans moins de cinq ans.”
En résumé c’est un pilote plein de maturité et de bon sens qui s’est livré à nous, bercé d’un relâchement dans ses propos, déjà digne de l’état d’esprit des plus grands, ou du moins de ceux qui en prennent la bonne voie. Fidèle à ses racines et à ceux qui l’ont porté jusque là, Yohan n’oublie non plus pas la FFSA, Rallye Jeunes et Citroën. Il sait d’où il vient et il sait où il va !
JE TE SUIE AVEC LUDO AVEC TOI AU CAMISARD BRAVO ON SERA AU CEVENNE
Un talent énorme, et pour le côtoyer régulièrement, d’une simplicité extrême … Bravo Yohan.