Six semaines, après avoir signé un podium assez inattendu en Suède, Adrien Fourmaux a fait de même au Kenya en démontrant encore une fois ses progrès réalisés depuis l’an passé.
Actuel troisième du championnat pilotes derrière Thierry Neuville et Elfyn Evans, le Français prend petit à petit confiance dans ce championnat et peut savourer.
Ton deuxième podium n’aura pas été long à arriver. Tu dois être encore très satisfait de ta performance.
“Je suis un peu fatigué, mais bien sûr très content. Autant en Suède, il fallait absolument mettre les gaz pour avoir ce podium, autant au Kenya, il fallait avoir une approche différente et plus “réfléchie”. C’est bien de montrer des qualités différentes entre deux rallyes.
Pour nous, ce Kenya était un gros challenge, car aucune Puma, sauf celle de Jourdan (Serderidis) avait pu finir le rallye sans Super Rally lors des deux dernières éditions. Et encore, il avait quand même eu des soucis importants.
Cette fois, je n’ai eu aucun problème sur la voiture, et Grégoire (Munster) non plus. Des petits soucis pour Jordan, mais vite résolus. Donc c’est une grosse satisfaction pour nous aussi. J’ai réussi aussi à être un peu plus malin dans mon pilotage pour éviter les problèmes.
Globalement, nous nous sommes bien amusés en attaquant fort quand le terrain était ouvert. Et on a plutôt moins roulé que les autres quand c’était plus cassant.
“Le Kenya, c’est aussi un énorme boulot pour les copilotes. C’est un rallye où il faut être très précis et c’est un gros challenge. C’est compliqué pour eux de se repérer avec tous les mouvements dans la voiture et peu de temps parfois pour lever la tête. Alex a fait un boulot fantastique malgré les difficultés.”
Comme en Suède, ton rallye s’est un peu découpé en deux. Vendredi et samedi pour attaquer et contenir Evans, et dimanche plus “tranquille” pour valider les gros points.
“En effet oui. Je me suis retrouvé un peu dans la même situation qu’en Suède. Il fallait garder Evans derrière nous jusqu’à samedi soir, c’était l’objectif n°1. Le dimanche, on a fait un peu mieux qu’en Suède en termes de vitesse. J’ai soulagé beaucoup dans la première spéciale qui était très cassante. J’ai d’ailleurs été surpris du rythme des autres dans une spéciale aussi difficile pour la voiture. On a été assez performants dans les deux autres spéciales pour ajouter quelques points de plus.”
Tu termines troisième du rallye, mais tu marques “seulement” 17 points contre 19 pour Neuville qui termine cinquième. Qu’en penses-tu ?
“C’est assez frustrant de voir qu’un pilote comme Thierry qui termine cinquième à plus de onze minutes, marque plus de points que nous troisièmes. Le fait de se retrouver dans cette situation montre néanmoins qu’on fait du bon boulot, et c’est ça qu’il faut retenir.”
Contrairement à Toyota et Hyundai qui ont roulé dans le Sud de l’Europe pour préparer le Kenya, M-Sport a fait ses essais sur sa base d’essais en Angleterre. Est-ce que c’était tout de même constructif ?
“Oui. Cette journée m’a quand même servi, même si ce n’était pas l’idéal. Il aurait plutôt fallu rouler en Sardaigne ou au Portugal. Dans la première boucle du rallye, les réglages n’étaient pas très adaptés. Heureusement, on a très rapidement trouvé des solutions avec l’équipe à l’assistance suivante. C’est bien de voir que l’on peut rapidement s’adapter et gagner en performances. C’est aussi là-dessus que j’ai pu progresser ces derniers mois avec l’équipe.
Il fallait en plus que je reprenne mes marques sur la terre, car je n’avais plus roulé en compétition sur cette surface avec la Puma depuis la Finlande 2022. Cela faisait du bien de rouler sur la terre. Pour le Portugal, on aura une vraie séance de travail pour préparer l’épreuve, j’ai hâte. Depuis 2022, la voiture a progressé sur plein de petits points, principalement au niveau des géométries.”
Le Kenya reste un rallye très particulier du calendrier. Est-ce que des choses t’ont marqué cette année ?
“La météo a été une surprise cette année avec la saison des pluies. Il peut parfois énormément pleuvoir à deux kilomètres d’une spéciale sans avoir aucune pluie ensuite dans le chrono. C’est un truc de dingue. Par contre, quand il pleut, comme en reconnaissances, ce sont des grosses averses.
Sinon, je vais retenir aussi la personne qui s’est amusée à faire une réplique de ma voiture. On était ravis de faire une photo ensemble et je l’ai remercié d’avoir fait ce boulot.”
Est-ce que le snorkel a été utile malgré l’absence de grosses pluies ?
“Il nous a sauvé plus d’une fois dans des zones de fesh-fesh. Notre snorkel avait une valve qui nous permettait de passer directement de la prise normale au snorkel. Quand il était activé, la perte de performances était importante. J’avais l’impression d’avoir une Rally2. J’en ai parlé à un pilote Hyundai qui n’avait pas cette valve sur le snorkel. C’était donc forcément handicapant pour eux. Cela montre qu’une petite équipe peut faire du bon boulot.”
Après ce gros début de saison, la suite du calendrier est en Croatie, un des premiers rallyes où tu as été très performant dans la catégorie reine. L’objectif sera plus élevé ?
“On sera en troisième position sur la route. Statistiquement, j’ai fait plus de fautes sur l’asphalte que sur la terre, donc il va falloir faire attention ça. Au Monte-Carlo, on a manqué un peu de performances sur l’asphalte.
Pour la Croatie, on aura le nouvel aileron arrière, mais aussi des petites choses sur la géométrie et les suspensions. Je pense qu’on a fait un bon step sur le développement asphalte. En plus, je connais mieux la voiture maintenant et le paramètre confiance est aussi important. Depuis l’an passé, je prends toujours un peu plus de confiance.”
Depuis la Suède, la FIA a publié des informations importantes sur la réglementation à venir en 2025 puis en 2026. As-tu eu l’occasion de parler de tout ça avec ton équipe et/ou d’autres pilotes ?
“On a pu en discuter avec beaucoup de monde. On a tous un peu près le même avis. L’important est de se focaliser sur la promotion de notre sport plutôt que sur la réglementation technique. On a de belles voitures spectaculaires avec un gros challenge sur chaque épreuve, mais on a du mal à retranscrire ça en termes de promotion. On a aussi quasiment jamais parlé du carburant non-fossile que l’on utilise depuis 2022, c’est dommage.
De notre côté, M-Sport est un peu inquiet par rapport aux dernières informations de la FIA. On va retirer l’hybride alors qu’il est désormais bien en place. Son retrait ne va pas réduire énormément le coût des voitures, car on aura du développement à faire à côté. Il faudra travailler sur l’aéro, mais aussi sur la bride. Les gars ne vont pas juste changer la bride, mais vont essayer d’optimiser le moteur en fonction de ça.
Les Rally1 ont été développées pour accueillir le kit hybride et la conception de la voiture a été basée sur ça. Il va falloir notamment revoir totalement la répartition des masses qui va rebasculer sur le train avant. Le caractère de la voiture sera différent.”
Fourmaux et M-Sport sont l’heureuse surprise et/ou la confirmation attendue de ce début de saison.
L’équipage français est présent sur chaque course, prêt à être “le meilleur des autres”, ce qui en raison des contres-performances nombreuses de ce début de saison conduit à des podiums en série.
Bravo!
Merci à vous deux Adrien et Alexandre, ce que vous faites en ce moment est excellent, j espère que vous prenez du plaisir et que vous nous ferez encore plaisir avec quelque podiums supplémentaires !