Pour son cinquième rallye au volant de la Ford Puma Rally1, Grégoire Munster n’a pas eu l’occasion de parcourir toutes les spéciales kenyanes, la faute à un contact contre une pierre survenue le samedi matin.
Reparti le dimanche, le pilote M-Sport a tout de même accumulé de nombreux kilomètres qui seront forcément utiles pour les nombreux rallyes terres à venir. En attendant, sur l’asphalte de la Croatie, le Belgo-luxembourgeois aura des objectifs de performances plus relevés dans un peu plus de deux semaines.
Tu avais pour objectif de réaliser un rallye sans-faute et tu as malheureusement rencontré des soucis le samedi qui t’ont forcé à abandonner. Quel est ton avis sur ton rallye après quelques jours de réflexion ?
“Je ne suis pas trop du genre à regarder dans le passé et à trop y penser. Ce qui est fait est fait. On ne peut pas changer le passé et il faut avancer. On peut tout de même garder quelques points positifs. On avait clairement la bonne stratégie, car nous étions 6e provisoire derrière Adrien vendredi soir. C’était vraiment le but. Et quand on voit qu’Adrien termine 3e avec les crevaisons d’Evans et les problèmes de Neuville, on se dit que l’on aurait pu terminer 4e ou 5e.
Le samedi matin, on tape une pierre cachée dans un buisson. Au deuxième passage, Tänak et Lappi ont également touché cette pierre, mais sans conséquence pour eux. J’avais la pierre dans les notes, mais c’était très étroit. Il fallait être super droit, mais j’ai eu un peu de glisse au frein et la voiture a un peu glissé de l’arrière. J’ai senti tout de suite qu’il y avait un souci, mais j’espérais juste que ce soit juste plié. On a roulé comme ça pendant 13km au ralenti pour épargner au maximum la mécanique.
Mais finalement, on avait un bras de suspension arrière qui était coupé en deux, et les autres étaient tordus. On avait deux bras de rechange, mais il en aurait fallu trois pour réparer. On a bien tenté des choses, mais ça n’a pas fonctionné.”
Que penses-tu de tes performances du dimanche ?
“On aurait voulu montrer plus de performances sur cette journée en roulant plus normalement. Dans la première, on ouvrait la route et la spéciale était ultra-cassante avec beaucoup de pierres lisses sur la surface. On faisait un peu le chasse-neige. Dans la deuxième, on a enlevé une couche grasse, car il venait de pleuvoir. Dans un seul intermédiaire, on perd trois secondes au kilomètre sur le meilleur. Lappi était assez lent aussi en partant derrière nous.
Les Hyundai ont vraiment pris des risques dans la première. Thierry a amélioré le temps de l’année dernière d’une seconde au kilomètre. J’ai été assez étonné de le voir attaquer autant alors qu’il avait sa cinquième place à conserver. Notre chrono était dans les temps de l’an passé.
Au final, on prend deux points sur cette journée du dimanche, c’est toujours ça.”
Après ta seule expérience sur la terre au Chili avec la Puma, as-tu appris des choses intéressantes au Kenya ?
“Comme Adrien, j’ai eu une journée en Angleterre. Pour le Kenya, ce n’était pas trop utile, mais j’ai quand même pu voir quel était le feeling de rouler avec une hauteur de caisse plus élevée que d’habitude, au moins trois centimètres de plus.
Après, ce rallye est très différent du Kenya. Et pour l’instant, la terre n’est pas ma surface de prédilection, car je manque d’expérience. C’est un rallye très particulier pour les notes. Le copilote a du mal à se retrouver, beaucoup de virages disparaissent avec les nombreuses cordes plus ou moins importantes. Mais Louis a été impeccable.
À ce sujet, les règles n’étaient pas encore très claires au niveau des coupes. Entre les deux passages de Kedong, ils ont demandé à tout le monde de ne pas prendre une coupe, sans que l’on sache vraiment pourquoi. Donc il y avait toujours une crainte de savoir si l’on pouvait couper ou non. Ce serait plus sympa d’avoir quelque chose de plus libre, comme à l’ancienne. Avoir par exemple le droit de faire sa propre trace entre deux cases de road-book où rien n’est signalé.”
Comment abordes-tu la prochaine épreuve en Croatie ?
“J’ai une bonne expérience en Croatie et je pense que je vais aborder ce rallye comme l’Europe Centrale. J’ai déjà ciblé deux/trois spéciales où je peux tenter des trucs, un peu à l’image de ce qu’avait fait Adrien en Fiesta WRC là-bas.
C’est un rallye où il peut vite pleuvoir et qui peut devenir très compliqué. On va essayer d’avoir la bonne approche en fonction des spéciales.
On aura deux jours d’essais pour préparer cette épreuve. Une journée normale où l’on pourra tester au maximum, et une deuxième journée qui sera consacrée aux essais des pneus Hankook pour 2025. Pour cette dernière, on fera deux/trois runs en Pirelli avec un setup de base, puis on prendra les Hankook, mais sans avoir le droit de changer la moindre chose sur la voiture.”
Avant de prendre le départ du Safari, tu as eu l’occasion de faire deux jours de “vrai” Safari en compagnie de Neuville, Evans, Ciamin et Yannick Roche, le copilote de Nicolas. Comment c’était ?
“C’était franchement une belle expérience proposée par le promoteur du WRC. Une chose à faire au moins une fois dans sa vie. C’était dans la réserve de Masai Mara à quatre heures de Naivasha. On a pu dormir sous une tente et aussi survoler la savane en montgolfière. On avait un bon pilote en plus !”
On le dit chaque année, mais ce rallye a quand même une saveur particulière pour tout le monde. Qu’est-ce que tu retiens de cette édition ?
“Sur le plan positif, la nature et l’environnement encore une fois, c’est fantastique. Mais aussi la météo qui peut changer d’une minute à l’autre. Tu passes de 35°C avec pas mal d’humidité, à une énorme pluie d’un coup. Il pleut souvent en Belgique, mais celle du Kenya n’a vraiment rien à voir. C’est assez impressionnant à vivre.
Ce rallye a aussi été pour moi l’occasion de vivre l’expérience du Kenya avec mon frère Charles. C’était vraiment chouette même si je ne l’ai pas vu énormément, ni mes parents, car ils étaient tous dans la structure familiale.
Sur le plan négatif, c’est clairement le trafic. Il n’y a pas trop de discipline et on se retrouve vite dans des embouteillages. On se retrouve parfois bloqués par des voitures qui sont en sens inverse. Et pour dépasser, c’est assez dangereux avec des camions souvent surchargés.”
Que penses-tu des changements de réglementation à venir ?
“Franchement, je trouve ça vraiment décevant. Pour moi, cela va complètement dans la mauvaise direction. On enlève l’hybride alors que les voitures d’aujourd’hui sortent au minimum avec de l’hybride ou sont 100% électrique. C’est en total décalage avec la mobilité actuelle. En plus, tous les constructeurs ont des kits en réserve, car la FIA avait un accord jusqu’à fin 2026 et qu’il fallait les acheter en prévision. Le règlement change du jour au lendemain et les constructeurs n’ont aucune vision à long terme.
Si la FIA voulait vraiment diminuer les coûts, il fallait figer totalement les voitures d’aujourd’hui et fixer une nouvelle réglementation pour 2027.
Donc ils veulent augmenter les performances des Rally2 et réduire celles des Rally1. En gros, on va se retrouver avec des voitures de catégorie différentes au même niveau. J’ai l’impression que c’est comme si une F2 pouvait concurrencer une F1. On a déjà vu en Suède cette année, en fonction des conditions et de la météo, que des Rally2 pouvant être plus rapide que les Rally1. Mais avec cette nouvelle réglementation, ce cas de figure arrivera aussi sur la terre, et souvent !
On se dirige un peu vers un championnat tourisme avec des performances nivelées. Et ils parlent aussi du 100% électrique sans aucune date et une probable équivalence de performances, c’est difficile de s’y retrouver.
Avec un tel règlement, les vieux vont vouloir s’en aller et les jeunes seront dans le flou, je ne suis pas très optimiste.”
Enfin on parle de ce paradoxe : le décalage entre compétition et mobilité individuelle, on est dans un changement de paradigme, et la rallye fait marche arrière, c’est pour le moins surprenant! Le choix des mots aussi est important : mobilité…
Un pilote qui est pas fan de la nouvelle réglementation, pourtant la fia a eu une écoute de l attente des gens,combien de centaines de fois on a entendu que le wrc2 était mieux, qu’on devrait supprimer le wrc1…
C est dommage car Ils l ont fait comme des brutasses , comme des chefs, un peu à marche forcée