A.Fourmaux : “Un système frustrant”



Après son troisième podium de la saison en Pologne fin juin, Adrien Fourmaux a été un peu plus en retrait en Lettonie, mais sa régularité habituelle lui a permis de tout de même marquer dix points supplémentaires au championnat.

Après un prometteur rallye en Pologne, tu as été un peu moins rapide en Lettonie. Que penses-tu de ton niveau sur ce rallye ?

“En Pologne, on était à 2 dixièmes au kilomètre, et en Lettonie à 3. Ce n’est pas une catastrophe non plus, mais on n’était pas aussi bien. À ce niveau, une petite baisse de performances comme celle-ci peut changer pas mal de choses.

J’étais moins à l’aise sur ce terrain avec globalement moins de grip. On a fait nos essais en Estonie, et le sol était assez différent. En Finlande, ce sera encore autre chose avec un profil forcément différent avec notamment beaucoup de jumps.

Et contrairement à la Pologne, on était mieux lors des deuxièmes passages, mais comme il y avait beaucoup de spéciales avec un seul passage, ce n’était pas bon pour nous. On a cherché des solutions pendant tout le week-end, c’était un peu mieux le dimanche. Après la Pologne et la Lettonie, on voit qu’on arrive à être très performant quand le grip est assez moyen/standard. Quand il y en a beaucoup (comme en Pologne l’après-midi), et très peu (en Lettonie), c’est un peu plus difficile.

En termes de réglages, on a affiné au cours du week-end. Martins (Sesks) est parti avec notre setup de base et a changé des petites choses sur les barres anti-roulis pour essayer de trouver plus de grip. On a essayé un peu le dimanche en changeant ça et c’était un peu mieux.

Dimanche, tu as rencontré un problème sur ta Puma, mais tu n’as pas précisé lequel.

“C’était un souci électronique sur le moteur. L’impact pour la performance était très minime, même inexistant en fait, mais c’était perturbant. Il fallait toujours avoir un peu d’accélérateur, sinon je pouvais caler. Le dimanche, c’est surtout un souci aéro qui nous a ralenti. J’ai cassé le pare-chocs avant dans une corde sur le circuit de rallycross lors de la deuxième spéciale. Du coup, la balance de la voiture a changé, j’avais moins d’appui et tout a basculé sur l’arrière.”

Pendant tout le week-end, le balayage a été au centre de toutes les discussions.

“Oui, il était vraiment énorme en Lettonie, je n’ai jamais vu ça, je crois. On a bien vu les performances de Thierry les deux premiers jours. Le sol était dur, mais avec beaucoup de loose dessus. En Pologne, il y avait moins de “billes” au-dessus de la route.”

Et avec un tel balayage, les pilotes à temps partiel ont été très avantagés. Quel est ton avis sur la situation actuelle et l’ordre de départ ?

“Pour avoir un championnat serré et de la bagarre jusqu’au bout, ce système est une bonne chose. Il avantage forcément les pilotes partiels qui partent de plus loin. Sur les 8 rallyes disputés, 6 ont été remportés par des pilotes partiels. Les pilotes à plein temps passent un peu pour des ridicules du coup. Donc j’aimerais bien un changement.

On peut par exemple interdire les pilotes à temps partiels, ou limiter le nombre de rallyes qu’ils peuvent faire dans la saison, ou encore faire partir les pilotes à temps partiels avant les autres. J’ai entendu parler du système de qualifications que je n’ai pas connu. Il y a du positif et du négatif. C’est mieux pour les pilotes expérimentés qui connaissent parfaitement leur voiture et leur terrain, mais ce n’est pas bon pour un jeune qui va vite se retrouver dans une situation compliquée alors qu’il découvre tout.

Actuellement, c’est un système frustrant, mais qui est bon pour le suspense et la bagarre pour le titre.”

Qu’as-tu pensé globalement du profil des spéciales en Lettonie ?

“Les routes semblent un peu plus artificielles en Lettonie par rapport à la Pologne et la Finlande. Il y a pas mal de terre qui a été ramenée pour faire des routes avec des gravats. Je trouve que c’était un rallye qui n’était pas trop technique et j’ai vraiment eu du mal à m’engager tout de suite. Après les reconnaissances, j’étais déjà assez perplexe  Niveau paysage, c’est assez limité également. Les spéciales n’étaient pas très grisantes et il y avait trop de chicanes et de piquets anti-cuts. Pour moi, ce n’est pas digne du championnat du monde.

Côté spectateurs par contre, c’était vraiment bien avec beaucoup de monde et beaucoup de respect.”

Tu as été bloqué en spéciale par la Hyundai de Tänak qui venait de passer sur une arche dégonflée. Quelle a été ta réaction en le voyant ?

“Qu’il n’avait vraiment pas de bol après le cerf en Pologne ! Et j’espérais qu’il ne soit pas disqualifié ou pénalisé en temps à cause de ça car ce n’était pas de sa faute. Je ne connais pas trop les circonstances en termes de sécurité, mais comme il y avait un caméraman officiel à cet endroit, je ne comprends pas trop pourquoi l’organisation n’a pas été prévenue.”

Qu’attends-tu de la Finlande ?

“Ce sera encore différent des deux rallyes précédents avec beaucoup de jumps et de ciels. Les réglages seront donc un peu différents avec un profil plus joli et vallonné, et globalement plus technique.

J’adore les spéciales de la Finlande, ça me plaît beaucoup et ça aide en performances quand tu prends autant de plaisir au volant. Il y a pas mal de spéciales de 2023/2022, donc je vais bien connaître, hormis pour le dimanche. L’an passé, j’avais fait vraiment un beau rallye avec un podium en étant mieux de jour en jour.




S’abonner
Notification pour
guest
50 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Jeff
Jeff
3 mois il y a

Une solution simple pour l’ordre des départs : au lieu de s’appuyer sur le classement du CDM, prendre un classement basé sur la moyenne des points marqués par rallye disputé. Les pilotes à temps partiel seraient ainsi moins favorisés. Pour leur 1ère prestation de l’année, il faudrait qu’ils partent en tête.

Sylvain
Sylvain
3 mois il y a

Un autre Français pour appuyer les propos de Fourmaux : « je connais très bien la situation. J’ai été le premier à dire pendant des années que ce n’était pas normal. Ca ne l’est toujours pas. Le WRC se prive de belles batailles entre les meilleurs pilotes, c’est dommage. J’ai longtemps mené ce combat sans succès. Si un autre parvient à le gagner, bravo à lui. Je ne sais pas pourquoi ça n’a jamais évolué. C’est sûr que ça compliquerait la tâche des jeunes pour se faire une place. Mais c’est le jeu : on n’est pas là pour faire plaisir… Lire la suite »