Y.Rossel : “La voiture est maintenant plus polyvalente”



Obligé de battre Oliver Solberg pour rester dans la course au titre en WRC2, Yohan Rossel a fait le boulot au Chili, rivalisant toute la course avec les Skoda du team Toksport, et l’autre C3 de son coéquipier Nikolay Gryazin.

Après avoir décroché sa première victoire sur terre de la saison, le Français est maintenant dans l’obligation de gagner à l’Europe Centrale pour dépasser Oliver Solberg au championnat, tout en étant tributaire des résultats de Sami Pajari au Japon le mois d’après.

Tu as toujours été très rapide sur terre cette saison, mais tu n’avais pas encore gagné sur cette surface en 2024. Tu dois être très satisfait de cette victoire ?

“C’est une sacrée victoire oui. Il nous a toujours manqué quelque chose cette année pour gagner sur terre. La performance était clairement là, on a bien progressé et il fallait réussir à tout mettre bout à bout. Tout le monde le mérite, Citroën, DG et toutes les personnes impliquées dans ce programme. On reste dans la course au titre, c’est super.”

Tu évoques justement cette progression sur terre. Comment tu l’expliques ?

“Cette année, on a fait un gros travail sur tous les points qui pouvaient être optimisés, et ça fonctionne. D’abord avec de nouvelles évolutions qui sont arrivées pendant l’hiver avec l’échangeur, le radiateur et aussi de nouveaux amortisseurs. On a beaucoup plus facilité maintenant avec plus de valvings (*modifications des vitesses de fonctionnement de l’amortisseur). Grâce à ça, on a plus de choix au niveau des réglages. Quand on fait des clics d’amortisseurs par exemple entre deux spéciales, on peut être plus précis et efficace. On a aussi allégé la voiture.

En plus de ça, on a eu quelques manches de préparation avec le Terre d’Aléria et un rallye aux Canaries. C’est vraiment un avantage par rapport aux autres saisons où il était difficile de revenir sur une manche WRC sans avoir roulé pendant de longues semaines. Avec la présence de Gryazin sur une deuxième voiture, c’est aussi un autre avantage pour le développement et les réglages. Au final, ce sont pleins de petites choses qui nous permettent aujourd’hui d’être compétitifs sur l’ensemble des terrains.”

Tout le monde craignait l’usure des pneus au Chili. Qu’est-ce que ça a donné pour toi ?

“Franchement, j’étais assez inquiet après les reconnaissances de la journée du samedi, un peu comme tout le monde finalement. On a eu un peu pluie et tout allait bien. J’ai même peut-être trop géré les gommes le samedi matin.

Sur ce rallye, je savais que la première journée allait être compliquée à cause de notre position sur la route. Gryazin et Greensmith étaient avantagés et il fallait tout donner pour rester au contact.”

Dans l’ES10 du samedi après-midi, tu as été dans une situation difficile à gérer en te retrouvant derrière Solberg qui venait de crever. La visibilité était déjà très faible dans le brouillard et avec une voiture juste devant toi, c’était encore pire. 

“J’ai assez vite compris qu’il n’allait pas me laisser le dépasser. C’était hyper dangereux. On ne voyait qu’à 20 mètres dans le brouillard, et avec lui devant, c’était encore pire. J’ai été obligé de quasiment m’arrêter pour avoir un minimum de visibilité. Je me suis rapidement dit qu’on avait toutes les chances d’avoir une correction de notre temps. Je trouve ça dommage d’avoir réagi comme ça, car j’ai déjà été dans la situation inverse, et j’ai à chaque fois laissé la voiture de derrière me dépasser. Quand tu crèves, c’est ta faute, et tu dois te garer. Je ne veux pas rentrer dans la polémique, mais c’est juste dommage.

Dans un brouillard comme ça, tu sais que celui qui prend de gros risques peut faire de gros écarts. Finalement, on fait un bon chrono dans la dernière pour nous mettre dans une bonne position le dimanche. On avait juste un doute sur la pénalité pour un départ anticipé le samedi. La pénalité a été enlevée le samedi soir, puis remise dimanche matin, ce n’est jamais une situation plaisante. Au final, on prend la pénalité pour trois millièmes. C’est le mondial, on sait qu’il peut arriver à plein de choses au cours du week-end.”

À la fin du rallye, Toksport a porté réclamation pour supprimer ou au moins augmenter ce temps forfaitaire et ainsi “t’enlever” la victoire. Comment as-tu réagi à ça ?

“Ils ont essayé et je comprends ça. Ça prouve aussi qu’on les embête, et c’est plutôt une bonne chose. Certains ont commencé à dire que je n’étais pas assez bon dans le brouillard. On a prouvé le contraire dans la spéciale suivante. C’est de bonne guerre.”

On a l’impression que le développement a été plus soutenu cette année avec pas mal d’essais dans le Sud-Ouest de la France.

“Pas plus que ça non. Le rythme de développement est le même. Par contre, j’ai eu deux jours d’essais avant la Finlande et c’est assez rare de pouvoir enchaîner comme ça. J’avais un axe de travail et on a énormément progressé sur ce point. La voiture est maintenant plus polyvalente et peut convenir à tout le monde, on le voit d’ailleurs chaque week-end.”

Dans moins de trois semaines, tu seras à l’Europe Centrale avec l’obligation de gagner pour croire encore au titre.

“Pour ce rallye, je vais avoir une journée de tests sur place. Je n’ai pas roulé sur asphalte depuis la Croatie, ni en essais, ni en course. Après, je sais que la voiture fonctionne très bien sur asphalte et sur ce rallye. J’ai suivi le Coeur de France et j’ai bien vu que la voiture était très performante, ce qui a toujours été le cas sur cette surface.

L’an passé, on avait le même objectif de gagner pour garder espoir. On n’avait fait que trois spéciales avant de se sortir, donc on doit se servir de cette expérience de l’an passé pour éviter de faire la même erreur. J’aime rouler dans des conditions comme ça à l’automne. C’est un rallye exigeant car les liaisons sont très longues et c’est aussi éprouvant. Là-bas, le choix de pneus est aussi primordial et il ne faudra surtout pas se tromper.”

Tu es associé avec Florian Barral depuis deux mois seulement. Comment ça se passe avec lui ?

“Florian est un copilote avec beaucoup d’expérience. Il a roulé avec de nombreux copilotes différents et dans beaucoup de pays différents aussi. Je savais qu’il allait s’adapter très vite. On a forcément encore une marge de progression ensemble, mieux se caler dans des conditions de brouillard comme au Chili par exemple. C’est une première victoire en WRC2 pour lui, c’est important. Il a été parachuté comme ça sans trop de temps pour s’adapter, et ça marche bien.”

C’est quoi ton programme avant l’Europe Centrale ?

“Je viens à peine de rentrer en France et je vais aller à Nice pour préparer la finale avec Bruno Riberi et la Citroën C3 Rally2 de l’équipe. C’est un super projet avec lui. On aura les dernières évolutions sur la voiture, on va essayer de bien l’encadrer pour sa finale à la maison. Une finale, ce n’est jamais facile, c’est un sprint, et on va croiser les doigts pour que ça se passe bien. Si on fait le même week-end que le Chili et le Coeur de France avec deux victoires, je crois que je ne pourrais pas te répondre avant une dizaine de jours !

Et si tout se passe bien à l’Europe Centrale, on suivra de loin le Japon. J’avoue que je ne me suis pas du tout intéressé aux calculs pour le titre. (Pajari et Rossel pourraient être à égalité de points et avec des places identiques). Je vais voir avec Didier Clément et l’équipe, ils doivent savoir comment nous départager si besoin !”




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Seb Osier
Seb Osier
3 heures il y a

Interview très intéressante pour moi. Avec une mention spéciale pour “quand tu crèves c’est ta faute”.
Joli rallye du chili et attente du résultat final avec impatience.

r 5
r 5
3 heures il y a

Super résultat pour Rossel,c’est pas vous Sylvain qui me répondait après la Grèce que Rossel n’avait aucune chance pour le titre face à Solberg et Pajari??!…Quand je remarquai que ses adversaires directs ne le citaient même pas pour le titre,et que de toute façon Solveig serait titré dès le Chili…Et bien pas tout à fait!