L.Rossel : “On veut rouler à l’international en 2025”



Titré champion de France Asphalte hier sur les spéciales du rallye du Var, Léo Rossel a franchi un nouveau pas dans sa carrière et ambitionne logiquement maintenant d’évoluer à un niveau supérieur.

Au lendemain de ce titre, Léo nous a accordé un long entretien pour revenir sur cette saison 2024 remarquable, et évidemment de parler de son avenir.

Après des débuts très prometteurs en 2023 en Rally2, tu gagnes dès ta deuxième année le championnat de France asphalte. Objectif rempli ?

“Oui totalement. Depuis notre victoire en Stellantis, l’objectif était assez clair. Une première année pour apprendre et une autre pour gagner, comme on dit souvent. Je suis forcément hyper content d’avoir réussi à le faire. On a bien utilisé l’expérience de l’an passé pour être tout de suite au niveau des meilleurs en début d’année.

Pour cette deuxième saison, on a tout mis en œuvre pour gagner. La concurrence était forte avec notamment Yoann (Bonato) que nous n’avions pas réussi à battre la saison d’avant. Il y avait aussi pas mal de nouvelles équipes et pilotes comme Eric (Camilli) en Hyundai.

En début de saison, tout allait bien sur l’humide comme on a pu le voir au Touquet où tout a super bien fonctionné. Sur le sec, c’était beaucoup plus compliqué. J’avais à peine 50 km d’essais avant chaque épreuve alors que la concurrence roulait globalement un peu plus que nous. Du coup, je manquais de roulage et j’ai eu du mal à trouver les bons réglages tout de suite. J’étais assez déçu, car on n’arrivait pas à répéter nos performances de 2023 alors que les autres allaient un peu plus vite. J’avais globalement un manque de grip et je ne trouvais pas la bonne fenêtre d’exploitation de la voiture. Elle était moins facile à piloter, un peu trop racing et extrême. J’étais bien en essais, mais moins dans les spéciales sur le bosselé par exemple.”

Ta deuxième partie de saison a été particulièrement bonne en marquant le maximum de points au Mont-Blanc, au Coeur de France puis au Critérium des Cévennes.

“Principalement car on a trouvé les bons réglages sur le sec après le Rouergue. Le premier jour au Rouergue, on a vraiment souffert face à Eric et je manquais globalement de feeling. Donc, après le Rouergue, on est repartis de zéro. Et dès le Mont-Blanc, c’était beaucoup mieux sur le sec. Depuis, j’ai une caisse au top et on a pu le prouver sur toutes les manches. Au Var, c’était une machine de guerre même avec deux roues de secours dans le coffre à chaque fois.”

Comment s’est passé ce rallye du Var justement ?

“En arrivant au Var, je n’avais pas eu de stress en début de semaine, et petit à petit, en croisant beaucoup de personnes et en parlant à chaque fois de ce titre, le stress est monté petit à petit. Certains me disaient que la cinquième place suffisait, mais par rapport à la liste des engagés, ce n’était pas gagné. En cas de souci comme une crevaison, tout pouvait changer. On a abordé cette épreuve comme une autre, en sachant que le parcours était nouveau à 70% pour moi. Seul Mathieu (Franceschi) était dans cette situation et je pense que la majorité des pilotes connaissaient de 2015 ou 2016. Je ne savais pas si j’allais être à l’aise ou non.  Je voulais garder un bon rythme pour ce week-end car j’ai pu voir dans le passé, que tu pouvais vite perdre 1s au kilomètre, si tu n’étais pas tout à fait dedans. J’avais une voiture parfaite et j’étais vraiment en confiance, donc j’ai préféré rouler comme je sais le faire.

La première spéciale m’a tout de suite fait du bien alors que j’avais une bonne marge de sécurité. Le seul chrono où je me suis vraiment employé était Pignans de nuit. C’est une spéciale que je n’aime pas et je ne voulais pas me faire avoir, donc je voulais mettre un bon rythme.

J’ai été assez surpris de me trouver en tête au bout de deux jours et j’ai été un peu déçu de laisser passer la victoire comme ça, car je pense que c’était largement possible de gagner. Mais une erreur est si vite arrivée. Samedi soir, mon frère m’a dit que je pouvais peut-être lever un peu le pied. Et dimanche matin, c’est le brouillard qui m’a freiné tout de suite.”

Maintenant que ta saison en France est terminée, on veut évidemment savoir ce que tu vas faire en 2025. Que peux-tu nous dire pour l’instant ?

“Sans surprise, on veut rouler à l’international. On a affronté les meilleurs du championnat français et je veux maintenant me mesurer à d’autres adversaires sur d’autres terrains. Quand tu commences à battre un gars comme Yoann (Bonato) qui est très professionnel, tu es très content. Quand tu le fais deux fois, c’est extraordinaire, alors quand ça devient régulier, tu sais que tu as passé un step.

Pour moi, il faut aller en mondial maintenant ou jamais, et ne pas avoir de regrets. Si je reste en France, l’objectif serait peut-être de remplacer Yoann un jour pour plusieurs années en championnat de France, mais ce n’est pas ce que je veux.

Pour partir en mondial, les budgets explosent évidemment, mais on essaie d’y travailler depuis de nombreux mois. Mais c’est tellement compliqué à mettre en place. Citroën fait en tout cas le maximum pour m’aider à rouler en WRC2. Ils ont déjà deux très bons pilotes avec mon frère et Gryazin, le but serait donc d’être le troisième pilote. Apprendre aux côtés de mon frère serait le meilleur choix pour moi. Le pire serait de se retrouver seul dans mon équipe, ce serait alors compliqué de débarquer en mondial sans repères. Par le passé, Yohan a pu apprendre avec Ostberg dans son équipe, et ça l’a beaucoup aidé. Après son titre en France, il pensait être tout de suite dans le rythme au Monte-Carlo, et dès les essais, il a compris que le niveau n’était pas du tout le même. J’ai pu d’ailleurs avoir une petite idée au Var avec Kris Meeke. Il prenait d’énormes cordes par rapport à nous et les traces étaient impressionnantes, j’ai halluciné. Il y avait souvent 30cm d’écart entre ses cordes et les miennes. Au final, il a seulement réalisé le meilleur temps dans le Faron où il fallait prendre des risques pour être rapide et où il n’y avait pas forcément de cordes à prendre ! Il avait certains avantages en roulant en ouvreur, comme de pouvoir chauffer ses pneus jusqu’à 30s du départ car il n’avait pas besoin de pointer trois minutes avant.

J’espère avoir un programme pour au moins deux ans, car en une seule année en WRC2, ce serait forcément compliqué de faire de bons résultats face à des gars très expérimentés dans la catégorie. Ce serait dépenser beaucoup de budget pour une seule année sans avoir vraiment d’issues derrière.

L’ERC reste une possibilité, mais le plus important serait de découvrir les épreuves du mondial pour préparer l’avenir. En une manche du WRC2, tu peux prendre tellement d’expérience par rapport au championnat français.”

Cette année en France, tu auras été finalement rapide partout, sauf à l’Antibes.

“C’était un peu bizarre à l’Antibes. Il y avait pas mal de paramètres qui ont joué sur notre mauvaise performance. Je me suis souvent trompé dans les pneus, je ne voulais pas faire d’erreurs après la sortie du Charbo et je ne roulais pas avec ma voiture habituelle. Je perdais 4/5s dans chaque spéciale et tu te retrouves vite décroché au général. En début d’année, je savais que ce serait probablement la manche la plus compliquée, même si j’adore les spéciales. Après l’Antibes, les essais du Vosges ne m’ont pas rassuré. Anthony (Fotia) était plus rapide que moi sur la base d’essais et j’avais quelques doutes. J’ai passé une mauvaise nuit le jeudi soir, et finalement, on fait le scratch dans la première et on gagne le rallye.”

Avant le Var, tu as pu rouler sur la terre au Vaucluse. C’était prévu depuis longtemps ?

“C’est une opportunité que m’a donnée la famille Baud. Ils voulaient aider un jeune et le but était de faire un rallye terre. Grâce également à mes partenaires Minerva et Michelin qui m’ont donné un coup de main, on a pu s’engager au Vaucluse. C’était une bonne base pour s’entraîner, même si les rallyes français ne sont pas du tout comparables aux épreuves du mondial.”

La saison WRC2 démarre dans deux mois au Monte-Carlo. Est-ce que tu penses pouvoir y participer ?

“Ce serait assez décevant de ne pas être au départ du Monte-Carlo. J’étais déjà assez déçu l’an passé de ne pas y être. Mais c’est le rallye le plus cher de la saison et celui où tu peux abandonner après seulement quelques kilomètres si tu te fais piéger. À l’époque, je n’avais pas assez de recul, mais Didier Clément (responsable de la compétition clients) m’a vite fait comprendre qu’il fallait que je sois patient. Et je lui fais 300% confiance ! Et même s’il a seulement été là au Touquet, j’ai pu compter sur lui pendant toute la saison quand j’avais besoin de lui et d’informations, même au milieu de la nuit alors qu’il était sur une manche WRC2 à l’autre bout du monde.”

Ce week-end, beaucoup de membres de ta famille étaient au Var, dont ton frère. Est-ce qu’il t’a conseillé ?

“C’est le seul rallye où il a été présent cette année. Même si on se croise rarement sur les épreuves, on échange souvent ensemble. Quand il est sur une manche en WRC2, j’essaie de suivre chacune des spéciales en direct. Parfois, je note des pièges en regardant les autres concurrents et je lui transmets des informations. Comme dit Didier Clément, on a le droit de faire se piéger, mais pas de se faire avoir sur des pièges connus. Avec Yohan, on partage tout ensemble comme des frères jumeaux.”


Dans les prochains jours, nous publierons également un entretien avec Guillaume Mercoiret, champion de France Asphalte copilotes avec Léo Rossel. “Merci pour lui, il le mérite largement.”




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Afond
Afond
50 minutes il y a

Félicitations pour son titre de champion de France asphalte Avec un bébé cette année il aura passé une saison 2024 exceptionnelle
Comme la dit bonato il faut pas qui c’ éternise en chanpionnat de france si le budget suis(les sponsors)le wrc 2 en 2025 pour apprentissage

Hug34
Hug34
1 heure il y a

Bravo à eux il l on mérite