Pour le neuvième rendez-vous de la saison, Adrien Fourmaux affrontait la Finlande, l’épreuve la plus rapide et la plus vertigineuse du championnat.
Et malgré une entame de rallye assez difficile, le Français a su encore éviter les soucis, tout en se montrant assez performant pour décrocher son quatrième podium de la saison.
En plus d’évoquer évidemment son week-end, on a profité de cette chronique au coeur de l’été pour évoquer ses attentes et son avenir en WRC.
Ton début de rallye a été plus compliqué que prévu, mais petit à petit, tu as retrouvé un rythme correct pour finalement terminer 3e.
“Clairement, ça n’allait pas vendredi matin. On ne savait pas top où se situer après le shakedown car le terrain était rapidement détruit et que ce n’est pas trop représentatif du rallye.
Dès les premiers kilomètres, j’ai senti que la voiture n’était pas du tout à l’aise dans ces conditions, et donc moi non plus. En regardant les caméras embarquées vendredi matin, Malcolm a vite compris que l’on devait trouver rapidement des solutions car j’étais tout le temps en train de me battre avec la voiture. En rentrant à l’assistance, il a tout de suite dit aux ingénieurs que si l’on continuait comme ça, c’était la sortie de route assurée.
Ensuite, on a trouvé un setup pas trop mal pour le samedi. J’ai pu me libérer un peu, notamment dans la spéciale de Päijälä où on fait le 5e temps devant Ogier au premier passage, et le 3e dans l’après-midi devant Evans et Ogier. Mais globalement, il fallait se battre pour faire un temps et la voiture a été assez compliquée à piloter pendant tout le week-end. Comme j’ai pu le dire après la Lettonie dans ma chronique, la voiture a du mal quand le grip est assez faible, et avec la pluie, c’était souvent le cas ce week-end.
À l’arrivée, on termine finalement à 0,24 s/km d’Ogier, donc ce n’est pas si catastrophique que ça. On a vite été distancé le premier jour et on a su réagir et réduire l’écart petit à petit. On savait que notre vitesse n’était pas suffisante, mais on voyait bien qu’il y avait pas mal d’erreurs et de sorties. Il fallait être patient et essayer de gagner des places en fonction des soucis des autres. C’est tout ce que l’on pouvait vraiment faire.”
Tu termines ton rallye par la cinquième place du super-dimanche et le quatrième temps en Power Stage. Comment juges-tu ta dernière journée ?
“Dans la première spéciale, ce n’était pas très technique. Il y avait beaucoup de rupteur et pas énormément de pilotage. Et on sait que la vitesse de pointe n’est pas notre point fort, tout le monde peut d’ailleurs le voir en vidéo sur les embarquées. Dans la Power Stage, c’était mieux pour nous avec une vitesse moyenne assez classique sur un rallye terre. Au final, on marque quelques points, mais je voulais faire mieux que ça et on a été un peu impuissants par rapport aux autres.”
Ton absence d’essais pour cette épreuve a évidement été un handicap que tu n’as jamais pu vraiment combler.
“On le savait avant de venir. On a fait une seule journée d’essais en Estonie pour préparer les rallyes rapides de l’été. Sauf qu’en Finlande, le terrain est bien différent. Déjà, le sol est super dur avec quasiment aucun cailloux au-dessus. C’est vraiment très compact. Et en plus, il y a bien évidemment de très nombreux ciels et jumps. Ce sont vraiment des spéciales en 3D, un vrai rollercoaster (montagnes russes).”
Cette année, la spéciale d’Ouninphja était de retour dans son format long avec plus de 30 km. Comment c’était ?
“C’est juste magnifique et incroyable. En plus, c’est long en kilomètres, mais pas trop en temps finalement. Ça ne s’arrête jamais, il y a tellement de ciels qu’il est difficile de ne pas confondre les virages et les jumps. C’est un truc de dingue. On ne s’en rend pas compte avec les vidéos, mais c’est très valloné avec un dénivelé impressionnant. On s’attaque parfois à des murs.
C’est une vraie spéciale de championnat du monde, on sent que c’est un autre niveau. J’ai vraiment beaucoup travaillé pour préparer ce chrono que tout le monde connaissait en regardant les embarquées de Latvala et Lappi avec les WRC de 2017. Et en plus le faire pour la première fois directement avec la Rally1 et une voiture de plus de 500 cv, c’est encore mieux. Je suis assez content de nos performances pour cette découverte. Je me suis vraiment régalé, un peu plus au deuxième tour avec un grip plus constant et la connaissance du terrain.
Avec l’ensemble de tes résultats et notamment tes quatre podiums, es-tu confiant pour 2025 ?
“Mon seul objectif sera d’avoir une année complète, comme cette saison. Je ne suis pas intéressé par une demi-saison. Je suis vraiment loin de la retraite et je suis prêt à me battre sur chaque rallye du calendrier. Après, on ne maîtrise pas tout, et si un constructeur s’arrête par exemple, il faudra reconsidérer les choses et peut-être se contenter d’un programme réduit pour faire une année de transition, mais ça ne doit pas durer.
Jusqu’ici, on fait une bonne saison avec par exemple autant de podiums que Neuville, et plus qu’Evans et Tänak. C’est d’ailleurs assez cool de se dire qu’on a fait des podiums sur les rallyes normalement les plus difficiles pour nous avec la Suède, la Finlande et la Pologne.
J’ai montré que je pouvais être fiable et performant sur l’ensemble des terrains du championnat, mais aussi que je peux développer une voiture. Ce week-end, on avait des difficultés, mais on n’a rien lâché. On arrive aussi à faire de bonnes Power Stage comme en Croatie. Je pense donc être un pilote qui peut intéresser un constructeur sur l’ensemble de la saison. En disant ça, ce n’est pas pour autant que je vais avoir des appels !
Du côté négatif, je suis globalement déçu de nos dimanches, car pour différentes raisons, on n’a pas réussi à marquer trop de points avec ce nouveau système. Il y a eu pas mal d’occasions manquées et j’espère qu’on pourra faire mieux sur la fin de saison.”
Comment abordes-tu la fin de saison ?
“Avec pas mal d’espoirs car nous serons bien préparés pour les quatre rallyes à venir. Le risque de revivre un vendredi comme en Finlande est assez faible. On sait que la voiture marche bien en Grèce avec un terrain plus propice pour la voiture, et on va avoir cette journée d’essais. Au Chili, le grip sera assez bon, et Tänak a montré l’an passé que la voiture était bonne aussi sur ce terrain. En Europe Centrale, j’ai gagné le Rally2 l’an passé et j’étais vraiment à l’aise. Pour le Japon, c’est peut-être un peu différent avec une météo potentiellement difficile.”
Aussitôt revenu de la Finlande, tu vas vite repartir pour préparer la fin de saison.
“Oui, car je pars aux Etats-Unis dès demain matin pour faire quelques journées au simulateur. D’abord pour préparer les deux rallyes terre à venir et essayer de faire progresser la voiture, mais surtout pour faire du développement sur la voiture pour 2025.
On aura aussi deux journées en Grèce pour préparer la prochaine épreuve, dont une pour rouler avec les pneus Hankook.”
Dans mon commentaire précédent, il fallait lire débraquer l aéro….. Désolé
Bonjour, merci RS et merci Adrien de nous éclairer. Encore un rallye plein de maturité, les connaisseurs seront applaudir une nouvelle fois ta perf. Parce qu encore une fois il fallait mettre ton orgueil de compétiteur de côté le vendredi. Pour cela il faut un mental très fort. Après avoir revu les spéciales dans lesquelles il y avait de longs moments pleine charge, il y paraît que la Ford rend pas mal de vitesse de pointe aux concurrentes. Je ne suis pas spécialiste de l’ aero mais j’ ai des notions et persiste à penser qu’il y a trop de… Lire la suite »