Pour le dernier rallye terre du calendrier WRC, Adrien Fourmaux avait bien l’intention de briller une nouvelle fois. Si la performance et la vitesse étaient bien au rendez-vous, la fiabilité de sa Puma l’a empêché de faire mieux que cinquième au Chili.
Entre grosses performances, problème de fiabilité et conditions climatiques extrêmes, tu as vécu une semaine bien chargée au Chili.
En effet, on a eu trois grosses journées avec pas mal de différences entre chaque étape. C’est clair que la semaine n’a pas été de tout repos. Il y avait trois rallyes en un avec des profils différents et des conditions changeantes.
Le vendredi, on part super bien avec une très bonne première boucle en étant proche de la tête. Au deuxième passage, le premier de l’après-midi, on a la courroie d’alternateur qui saute. Sur le routier, j’arrive à réparer provisoirement et en remettant le ventilateur en carbone qui est bien tranchant, je perce une durite d’eau. Il a fallu improviser avec des colsons et du scotch, un peu à la MacGyver. Au final, on pointe six minutes en retard et on prend une minute de pénalité, c’était super frustrant. Si on n’avait rien fait, la voiture se serait de toute façon arrêtée en spéciale. Selon mon ingénieur, la courroie sautait tous les six kilomètres en gros, quand il y avait des compressions ou des sauts. Elle restait en place assez longtemps pour recharger la batterie.
Après ça, j’étais forcément un peu énervé, mais il fallait garder son calme. Pendant que moi je travaillais sur la courroie sur chaque liaison, Alex permutait les pneus, le timing était serré. Malgré cette incertitude sur la voiture et les alertes en spéciales, on parvient à sortir un deuxième temps à deux dixièmes du scratch, puis un scratch dans la dernière. J’ai tout optimisé en spéciales en étant appliqué, sans trop en faire.
Le samedi, en partant deuxième sur la route, j’étais vraiment très content de nos performances. On perd 30s sur Rovanperä qui a dominé toute la journée, et on fait mieux que Tänak par exemple. La mission du samedi était de grappiller des places pour partir plus loin le dimanche. Au final, il était mieux de partir devant le lendemain, mais on a marqué de bons points.
Il était prévu qu’il pleuve le dimanche et quand il se met à pleuvoir là-bas, ça ressemble beaucoup à la Grande Bretagne. Pour nous, la journée a été bonne car hormis avec Ogier, les écarts sont assez proches de d’habitude. On voulait sécuriser notre cinquième place du samedi soir, rouler sans prendre vraiment de risques. Nos ambitions étaient moins élevées que les autres jours. Au championnat, en plus, on n’avait plus grand chose à jouer et il aurait été bête de se sortir sur les dernières spéciales de l’année sur terre.
Sur un rallye que l’on découvrait, contrairement aux autres, on a prouvé que notre préparation fonctionnait très bien. On était dans le match et on a fait un rallye quasiment irréprochable avec Alex.
Qu’as-tu pensé du profil des spéciales sur ce rallye que tu découvrais ?
“Le vendredi était hyper intense avec des murs de chaque côté. Il ne faut surtout pas toucher les bords. Les routes sont rondes et fluides avec de belles cordes et du dénivelé, c’était vraiment magnifique.
Le samedi, c’était plutôt typé montagne avec de nombreux changements de rythme. Des portions très roulantes en descente, et d’un coup des lacets. Journée de dimanche un peu courte comme d’habitude, mais différente avec de la boue dans chaque spéciale. Dans ces conditions de brouillard, et je l’ai dit en direct, j’étais un peu mitigé sur le fait de maintenir totalement les spéciales. Il n’y avait aucun hélico, les secours terrestres auraient eu du mal à arriver en spéciales, et surtout, on ne voyait quasiment rien à certains endroits. Il y avait pas mal de ciels et j’espérais seulement une chose, éviter de faire une embardée sur un talus ou un croisement où des spectateurs seraient placés. C’était clairement à l’aveugle parfois, il fallait avoir des notes parfaites. Je pense qu’on pouvait perdre 1 à 2s/km au minimum par rapport à d’habitude. Dans ces conditions, ce n’est pas une question de performance selon moi, c’est plutôt à celui qui va être le plus débile (rires).”
Maintenant, retour sur asphalte pour la fin de saison. Quelle sera la préparation pour l’Europe Centrale ?
“Je vais avoir une journée en Autriche en fin de semaine. On va pouvoir rouler aussi au RallyLegend avec la Puma la semaine d’après. Ce sera pratique pour se remettre en mode asphalte. J’avais adoré cet événement en 2020, même si c’était en période de COVID avec moins de spectateurs. Ce sera une séance d’essais grandeur nature. Sinon, j’avais demandé à l’équipe de participer à l’Erbst Rally comme l’an passé, mais le team avait malheureusement d’autres priorités.”
Quel sera ton objectif pour ton épreuve ?
“J’avais beaucoup d’espoirs au Chili en me disant que c’était le dernier rallye terre de la saison et qu’il était possible de vraiment faire un joli résultat. En Europe Centrale, ça me semble plus compliqué, plus qu’au Japon en tout cas.
En partant cinquième sur la route le vendredi, ça s’annonce vraiment compliqué pour nous. On a pu le voir l’an passé avec une route rapidement pleine de boue après le passage de quelques voitures, et même d’une seule avec Thierry qui va vite pourrir la route. On va essayer de chercher notre premier podium sur asphalte, mais ce ne sera pas facile. J’ai un peu d’expérience de ce genre de conditions avec notamment le Touquet 2019 où l’évolution des routes était énorme. Un peu au Vosges Grand Est aussi. L’an passé à l’Europe Centrale, j’étais dans une situation différente avec des conditions assez similaires pour chaque Rally2.
Cette situation peut être très frustrante, mais il faut essayer de ne pas surconduire pour tenter de compenser la perte de temps. Tu peux aussi vite être fataliste et te retrouver loin en assurant trop.”
“ même d’une seule avec Thierry qui va vite pourrir la route. “
ah c’est possible ça…donc ouvrir la route c’est un avantage ???
Info, intox … il aurait ( je dis bien aurait) signer avec Hyundaï pour 2025 et 2026.