Après avoir réalisé sa meilleure performance en Estonie à la mi-juillet, Adrien Fourmaux n’a pas eu l’occasion de confirmer en Finlande le week-end dernier, très vite relégué en fond du classement après un contact contre une pierre.
Ensuite, pendant deux jours et demi, le Français a majoritairement ouvert la route, prenant un maximum d’expérience pour sa deuxième participation à cette épreuve dans la catégorie reine.
Bonjour Adrien. Quel est ton bilan de ce rallye de Finlande probablement frustrant pour toi ?
“Finalement, c’était un peu comme l’Estonie pour moi en termes de performances. En tout début de rallye et au shakedown, j’ai été vraiment surpris de notre rythme par rapport à notre expérience. C’était vraiment encourageant pour notre deuxième rallye à ce niveau en Finlande. Globalement, j’ai été bien dans le match avec les autres jeunes pendant tout le week-end et je suis plutôt satisfait de mes performances.
Malheureusement, l’ES3 a changé beaucoup de choses pour la suite du rallye. Dans l’ES2, je savais qu’on avait bien roulé. Et sans avoir eu d’essais avant l’épreuve, j’étais vraiment très content de notre chrono ! Dans la 3, je comptais continuer sur le même rythme. Avec cette casse dans cette spéciale et la panne de direction assistée qui a suivi, on a au moins montré une belle détermination en ne baissant pas les bras pour réparer afin de parcourir le maximum de kilomètres. Je suis un peu désolé pour l’équipe, car on met à peine la roue sur le bas-côté et notre rallye est “terminé”. Quand je vois certaines vidéos avec des embarquées dans les fossés, je me dis qu’on a quand même manqué de réussite par rapport à d’autres, c’est comme ça.”
Parlons d’ailleurs de cette troisième spéciale et de ce contact contre une pierre. Que s’est-il passé ?
“Je ne voulais pas prendre corde dans ce virage, ce n’était pas du tout prévu et je n’avais pas d’intérêt à le faire. Mais la voiture s’est inscrite trop tôt dans le droite après avoir pris une trace. Malheureusement, il y avait une pierre ronde cachée dans l’herbe à cet endroit. La vis du bras de suspension a cassé tout de suite. On a d’abord recherché une vis de remplacement, mais finalement, on l’a fait un peu à la méthode MacGyver en prenant autre chose et en la fixant avec des riselants. Nous nous sommes assurés que ça allait être assez résistant quand même pour finir la boucle. Il fallait remettre le cardan ensuite et on perd une quinzaine de minutes. C’est un fait de course pour moi, rien de plus.”
Par la suite, comment juges-tu ton week-end et tes performances ?
“Après le passage à l’assistance du vendredi, j’étais moins engagé dans la voiture, je manquais de niaque finalement, mais les chronos étaient corrects pour moi. Quand tu manques un peu d’engagement, tu as le réflexe assez naturel de lâcher l’accélérateur dans certaines parties et à l’arrivée, tu perds vite 2/3 dixièmes au kilomètre.
Pour le samedi, j’étais en position d’ouvreur et je ne fais pas une trop mauvaise boucle le matin en comparaison de mes coéquipiers. Avec des essais, j’aurais peut-être pu trouver des solutions différentes en ouvrant la route afin de trouver plus de grip. Par le passé, certains pilotes qui devaient ouvrir la route utilisaient deux bases différentes en une journée d’essais pour simuler ce balayage. C’est le genre de choses qui peut aider. En ouvrant la route, il faut une voiture plus souple que d’habitude afin de trouver plus de grip. Il faut pouvoir bien freiner et bien motricer. Tu peux par contre faire ta propre trajectoire en essayant de conserver un maximum de vitesse. Globalement, je n’étais pas trop en confiance sur les freinages glissants et ça m’a coûté un peu de temps.
Dans l’après-midi, j’ai eu des conditions plus compliquées car il y avait un rallye national qui partait entre les deux passages, contrairement à la journée du vendredi. Ogier avait pu me parler de ce phénomène, c’était la même chose en Suède. Tu es toujours dans le loose et quand tu commences à en sortir, tu replonges dedans. Ce n’était vraiment pas évident. Malgré tout, j’ai adoré le deuxième passage dans Päijälä. Il y avait du grip et je me suis beaucoup amusé. D’ailleurs, c’est dans cette spéciale que Gus (Greensmith) a dit qu’il avait passé les meilleurs moments de sa vie. Je lui ai rappelé qu’il était marié et il m’a dit qu’il avait rapidement envoyé un message à sa femme après la spéciale !”
Qu’as-tu pensé de ta Puma Rally1 par rapport à la Fiesta WRC de l’an passé ?
“Les voitures étaient très impressionnantes. Quand on voit que les chronos étaient aussi rapides, voire même plus que l’an passé, c’est beau. On a plus de poids, on manque d’aéro, mais le gain de puissance fait finalement la différence. J’ai vraiment pris un plaisir de dingue dans la voiture, j’avais eu plus de mal avec la Fiesta l’an passé. J’ai vraiment noté une amélioration par rapport à 2021 et il était assez facile de comparer les performances. D’ailleurs, en regardant les intermédiaires des spéciales, j’ai pu voir que j’étais un peu diesel sur ce rallye, c’est comme si je ne voulais pas me faire avoir par le grip. J’étais à chaque fois de plus en plus à l’aise au fil des kilomètres car je faisais davantage confiance à cette adhérence. Il aurait fallu des spéciales bien plus longues pour moi !”
Dès demain, tu vas lancer ta préparation pour le prochain rallye de Ypres. Comment abordes-tu cette nouvelle épreuve ?
“En effet, je vais faire ma journée d’essais demain en Belgique sur une base assez proche des spéciales du rallye. J’espère que j’aurais une base avec un grip bien comparable à celui attendu sur l’épreuve. L’an passé, ce n’était pas tout à fait le cas en essais. Il faudra trouver des réglages me permettant d’avoir une voiture assez facile à piloter pour être en confiance sur asphalte.
L’approche sera encore différente des épreuves précédentes. L’asphalte m’a clairement mis dans une situation compliquée depuis plusieurs mois. Il faut que ce rallye se passe bien, c’est encore plus important que les autres. C’était une bonne chose de rouler dans les Vosges pour avoir du roulage sur l’asphalte avant la Belgique. Il va faire très sec, les cordes seront poussièreuses et il y aura donc beaucoup de saleté sur les routes. Ma position sur la route sera clairement un désavantage, à l’inverse de la Finlande ce week-end.
J’ai vraiment envie d’aller au bout d’un WRC asphalte sans avoir de problème. Je suis prêt à accepter d’être derrière les autres. Si je suis un peu mieux que prévu, je vais sans doute avoir envie de me freiner. Si j’arrive à m’amuser sur ce rallye, je pense que je pourrais être performant tout en étant en sécurité.
Même si les spéciales du rallye sont très proches de chez moi, j’ai finalement plus d’expérience sur une terre rapide comme la Finlande et l’Estonie que sur de l’asphalte avec peu de grip comme ça. J’ai fait seulement deux rallyes avec un tel profil : le Touquet et Béhune.
À Ypres, il n’y aucun droit à l’erreur, tu te retrouves très vite dans les fossés et tu ne peux rien faire par rapport à un Finlande par exemple qui peut pardonner plus, comme on a pu le voir avec certains qui arrivent à s’en sortir en s’appuyant sur les talus par exemple. Contrairement à ce que l’on peut croire, Ypres est un rallye très technique et n’est pas une succession de lignes droites et de carrefours.
Ce sera comme mon rallye à domicile et il faut se réjouir d’avoir cette chance. Des amis et de la famille vont venir me voir, c’est une occasion unique pour certains.”
Adrien détient un certain record mais…
Son patron : Applique toi, et arrête de faire le saut !
C’est exaspérant de lire ces commentaires qui affirment qu’Adrien Fourmaux a la grosse tête ou qu’il devrait veiller à ce que ses chevilles se dégonflent ! J’ai beau lire et relire son interview, il n’y a pas la moindre trace de ça ! Jalousie des médiocres ?
Cela étant dit, c’est vrai que la saison de Fourmaux est jusqu’à présent décevante. Même s’il accumule les km au fil des rallyes, il lui manque (comme à d’autres jeunes pilotes) des centaines de km d’essais privés qui lui permettraient d’être beaucoup plus à l’aise en compétition.