Caracolant en tête du championnat avant le Rouergue, Yoann Bonato a mis un point d’honneur à remporter une nouvelle victoire face à une concurrence pourtant particulièrement affutée, représentée notamment par Hayden Paddon et Anthony Puppo.
Surfant sur cette victoire, Yoann s’est lancé lui-même dans l’écriture de sa chronique, laissant libre court à son imagination…
Les reconnaissances d’avant-rallye
“Ce fut un peu la course car nous étions encore dans les spéciales de Pologne le dimanche après-midi. Une fois le podium passé, on a sauté dans la voiture pour rejoindre Varsovie, même pas le temps de prendre une douche. Je vous laisse imaginer les quatre heures de route dans la voiture avec ces superbes odeurs….. de transpiration !
Nous avons atterris le lundi matin à Genève, puis nous avons filé chez le team Bonneton pour qu’il nous prête une voiture de reconnaissance. La voiture habituelle de CHL (Mitsubishi Lancer Evo X) était encore sur le chemin du retour lors des recos du Rouergue.
Et nous voilà donc arrivés le lundi soir à Rodez avec la tête dans le pâté. Une bonne nuit, mais surtout une bonne douche et place à un rallye quelque peu différent de la Pologne : le Rouergue.
Le parcours est assez classique, seules quelques petites nouveautés sont à noter. Nous ne partons donc pas dans l’inconnu puisque nous avions participé au rallye en 2015 avec l’équipe déjà.”
La présence de Paddon, un plus pour la motivation ?
“C’était un truc de fou lorsqu’on a vu que Hayden Paddon était inscrit, nous en avions entendu parlé mais sans certitude d’une réelle participation. Pour nous, c’était une énorme occasion de mettre le CFR en valeur. Avec Benj’, on s’est dit tant pis pour le championnat, l’occasion est trop belle, on va tenter le coup. Puis nous avions une revanche à prendre sur Anthony Puppo qui nous avait battu lors du rallye d’Antibes. Autant dire que la motivation était à son comble !”
Une nouvelle victoire et une équipe en or
“Comme chacune des manches du championnat de France, le Rouergue a sa particularité et ses difficultés. Les routes se dégradent fortement au second passage dûe à une chaleur excessive. Je ne sais pas quelle température nous pouvions avoir dans les voitures mais nous n’avons pas trop l’habitude avec Benjamin. Habitant aux 2 Alpes à 1 600 mètres d’altitude, il fait tout le temps frais ! On dort avec la couette même l’été, “quelle chance diraient nos voisins grenoblois” !
C’est un rallye qui demande beaucoup d’engagement mais toute la difficulté réside dans la lecture de la route ! Il peut y avoir énormément de gravier par endroit, soit à cause des nombreuses cordes, soit parce-que le goudron s’arrache suite au passage des concurrents. A cela, il faut ajouter ces plaques de goudrons noires très glissantes sous la pluie comme sous la canicule ! Bref, un rallye qu’il ne faut pas négliger en terme de difficulté ! Le rôle de nos ouvreurs fut primordial et Alex Court-Payen accompagné de Christophe Ailloud Perraud, ont rempli leur rôle à merveille. Nous pouvions vraiment leur faire une confiance aveugle ! La preuve en est puisque nous travaillons ensemble depuis 2004 en alternance avec Cédric Chalvin, Thierry Michaud, Jerome Schmitt et Guillaume Tardy.
Les mécaniques ont également eu un rôle primordial car les fortes chaleurs sollicitent la mécanique. A la fin de la première étape, nous avions le différentiel arrière qui commençait à faire un peu de bruit alors que ce dernier était neuf. Nous avons décidé de le remplacer par sécurité ! Je suis parti manger et me reposer pour laisser bosser mon équipe en toute confiance malgré un timing très serré pour ce genre de réparation. Lorsque je suis revenu et que l’équipe avait terminé le remplacement du pont arrière, j’ai vu qu’ils avaient tout donné pour être dans les temps ! Avec la chaleur extérieure et celle des pièces, ils n’étaient pas loin de poser un renard* (vomir) ! Pourtant, l’apéro n’avait encore pas commencé !! N’est-ce pas Max, Matthew, Roméo et Lucien ? Ils étaient blancs comme des c.. !!! Je ne les remercierai jamais assez de se donner autant que ça !”
Dans les coulisses du Rouergue
“Le matin de la conférence de presse, il y avait dans mon hôtel un kiwi au petit déjeuner. Je l’ai discrètement mis dans ma poche et l’ai offert à Hayden lors de la conférence de presse en lui faisant croire que c’était un cadeau de bienvenue en Aveyron. Il s’est marré, a pris le Kiwi dans sa main et m’a montré l’étiquette. En rigolant, il me dit d’observer le petit autocollant. Il y avait écrit dessus “from New Zealand”, on a bien rigolé. Le courant était bien passé entre nous. Mais il m’a vite fait comprendre qu’il ne nous ferait pas de cadeau ce week-end en retour. Je n’en attendais pas tant de la part d’un compétiteur comme lui !
Avant le rallye, nous avons également mangé avec la famille Auriol qui a toujours été un grand soutien et qui a lancé notre carrière en sport auto.
Nous avons vraiment été surpris par les encouragements du public à notre égard ! Les gens en Aveyron sont de purs passionnés et connaisseurs, c’est toujours un plaisir d’échanger avec eux, faire quelques selfies ! L’ambiance dans les lieux comme Moyrazes ou le Nayrac doit être énorme en tant que spectateur !”
Et la suite maintenant ?
“Nous avons désormais une bonne pause avant d’enchainer sur la deuxième partie de saison. Nous n’avons pas d’essai prévus avant l’Allemagne, nous enchaînerons ensuite sur le Mont-Blanc, le Coeur de France, une séance d’essais avant l’Espagne et une autre avant le Pays de Galles puis le Var.
Pour le moment, place aux vacances en famille ! Je suis parti de la maison pendant 2 semaines consécutives et mon petit bout de chou grandi à une vitesse folle !”
J’y retrouve dans ces quelques mots, l’essence même de ce qui m’a fait aimer le rallye.
Passionnément.
J’adore cette chronique, Yoann Bonato a vraiment un sacré coup de volant, et a défaut d’avoir percé en Wrc, on pourra dire qu’il a l’état d’esprit des Bug/Ragnott’… comme tu le dit Jeff Boulet, ça nous fait aimer cette discipline ^^!
J’aimerai bien le voir avec une auto plus compétitive (Wrc en championnat du monde, ou une Fabia en wrc2)