Il lui aura manqué seulement quatre kilomètres. Tout proche de la victoire au rallye d’Antibes, Yoann Bonato s’est fait piéger dans la descente vers Saint-Laurent, lieu d’arrivée de cette troisième manche du championnat de France asphalte des rallyes.
Avant cela, le pilote CHL avait d’abord résisté aux assauts de ses adversaires le samedi, avant de faire la différence le dimanche dans des conditions très délicates, avant cette malheureuse touchette.
Dans cette nouvelle chronique, Yoann évoque dans un premier temps cette erreur, puis son début de course idéal, les conditions météos particulières et enfin les évolutions attendues sur sa Citroën C3 R5.
Ne perdons pas de temps…Que s’est-il passé pour toi dans le dernier chrono ?
‘Je me suis fait surprendre par une coulée d’eau à la sortie d’un virage. La voiture est partie en aqua planning et je n’ai pas réussi à éviter l’impact à l’arrière gauche. Ça a cassé une biellette de pince et nous a ouvert la roue.
A partir de là, c’était beaucoup trop dangereux de rouler avec une roue folle, donc on s’est arrêté pour réparer. Pour nous l’objectif à ce moment-là c’est d’être en mesure de pointer à l’arrivée et viser 5 points supplémentaires dans notre course au championnat.’
Ce sont quoi les premiers mots/pensées qui te viennent à l’esprit à ce moment-là ?
“Tout de suite je pense à la déception des gens qui nous soutiennent. Je me dis « on n’a pas réussi à concrétiser un résultat qui était à notre portée ». Surtout dans ce rallye ; la météo était compliquée, ça a demandé beaucoup d’énergie à beaucoup de monde autour de nous et on n’a pas su récompenser cette mobilisation avec un résultat. Donc je m’en veux, énormément dans un premier temps.
Et puis, il y a la réaction des personnes qui nous entourent. Christophe LECUREUX, le responsable de CHL par exemple, se montre extrêmement solidaire. Il est déçu bien sûr, nous le sommes tous, mais il est en empathie avec nous. Et ça c’est énorme ! Ça me confirme une nouvelle fois à quel point nous évoluons dans une dynamique collective, tous, au sein de l’équipe, au service d’un seul et même projet ! Pour rester concentré sur l’objectif c’est essentiel ! Puis il y a nos ouvreurs, nos familles, nos amis, on ne se rend pas toujours compte à quel point les gens sont déçus pour nous. Ce qui signifie aussi qu’on sait les rendre heureux lorsque tout fonctionne, et ça n’a pas de prix !”
Avec le recul, qu’est-ce que tu aurais pu faire de différent pour éviter ça. Gérer encore plus ou il y avait mieux à faire sur l’instant ?
“Ce n’est pas évident de savoir comment on aurait pu éviter ça. On aurait pu rouler encore moins vite mais j’avais déjà un rythme vraiment lent. Je n’étais pas du tout dans une phase d’attaque. Gérer 30 secondes sur 10 km c’est quelque chose de vraiment simple et difficile à la fois. C’est quelque chose dont j’ai aujourd’hui l’habitude et je sais qu’à ce moment-là, je ne prenais pas de risque. Après, dans le contexte météo, ce jour-là, en partant devant on a un peu ouvert les pièges dans cette spéciale, mais ça fait partie du jeu. Quand on ouvre la route, cela signifie qu’on est leader c’est donc la meilleure chose qui puisse arriver.”
Malgré cette grosse touchette, tu as pu rejoindre l’arrivée pour marquer 5 points supplémentaires. Comment as-tu réussi à terminer justement ?
“On avait toutes les pièces dans la voiture, ça nous a permis, sous des trombes d’eau, de bricoler une solution provisoire. Pour nous c’était impératif d’arriver à sortir de la spéciale pour marquer des points supplémentaires et on y a mis toute notre énergie ! Au final on marque 3 points qui sont les points d’arrivée mais on marque aussi 2 points à la classe, de par le nombre d’abandons. Pour l’anecdote, quand j’ai rebranché mon casque, je me suis dit que j’allais prendre un coup de jus à a la Cloclo.”
Avant cela, tu avais réalisé un samedi prometteur, puis un dimanche matin excellent. Pensais-tu réaliser une si grande différence le dimanche matin justement ?
“Honnêtement, dimanche matin on a bien roulé mais sans prendre trop de risques. Bien sûr en France le niveau du championnat est élevé, donc pour creuser les écarts il faut quand même se cracher un peu dans les mains. Mais il faut aussi prendre en compte que dimanche matin les spéciales étaient exigeantes, notamment la première, nouvelle pour tout le monde. Au vu des conditions, j’espérais qu’on creuserait l’écart, mais je ne pensais pas faire une aussi grosse différence avec le deuxième.”
As-tu déjà rencontré de telles conditions dans ta carrière ? Est-ce que le plaisir est encore bien présent dans ces cas là ?
“En termes de pluie, ce sont des conditions qu’on a déjà rencontrées, mais très rarement. Là il y avait vraiment beaucoup d’eau. Ce n’est même pas comparable à un Monte Carlo sur le niveau de difficulté car très différent. Avec l’eau, la difficulté est qu’il est très compliqué de lire la hauteur d’une coulée d’eau. Certaines peuvent passer à 100 km/h, d’autres à 150, sur le coup c’est difficile d’arriver à analyser celle qui va te poser problème ou pas. Avec une plaque de glace en comparaison, si elle est indiquée, tu sais quel comportement adopter parce que tu sais la conséquence qu’elle va provoquer sur la voiture, peu importe la plaque.
Ce weekend les conditions étaient vraiment extrêmes, on ne peut pas dire qu’on prend du plaisir dans ces conditions, c’est plus de la survie.”
Au championnat, tu glisses maintenant au 2e rang à égalité au championnat mais le classement reste très serré. Parmi tes 3 rivaux, est-ce que tu te méfies d’un adversaire en particulier ?
“C’est top pour le sport que le championnat soit aussi serré. Pour nous c’est un peu dommage cette troisième place et en même temps on est content que la compétition soit à ce niveau. Parmi mes 3 rivaux, je pense que tout le monde est très rapide. Évidemment Gilbert qui finit devant, évidemment Rossel à la deuxième place et évidemment Ciamin qui abandonne comme nous, tous je les prends très au sérieux. On sait qu’on est dans le match, le championnat est très serré, j’espère qu’on ne va pas faire trop d’ombre au Championnat du monde ;-)”
On a vu Mads Ostberg rouler en essais pour développer cette C3 R5. Que peux-tu nous dire sur ces développements et ceux à venir ? Est-ce que tu roules bientôt d’ailleurs ?
“Citroën poursuit son travail de développement sur la C3 R5 Ils ont beaucoup roulé sur la terre et de nouvelles séances d’essais sont prévues sur asphalte. Des évolutions vont sortir, on est pressé de les avoir. Pour le moment, la voiture a connu des petites évolutions mais pas de step avec des jokers passés.
Dans deux semaines nous validons la dernière phase asphalte, les évolutions vont arriver et la voiture sera vraiment plus performante que ce qu’elle est maintenant. Au vu de ses performances actuelles, c’est de très bon augure pour la suite.
Je pense que Citroën a vraiment bien rectifié le tir par rapport à ce qui avait été fait avec la première version de la R5. Aujourd’hui ils proposent un produit vraiment compétitif et surtout très fiable pour une deuxième année de compétition. Dès la première année d’ailleurs, on a vu que l’équipe avait fait du super boulot sur ce projet C3 R5, c’est top de travailler dans ces conditions.”
Salut fabix.
Peux tu développer STP?
Je ne suis pas certain de comprendre ton commentaire..
Adepte des possibles nouvelles je suis très curieux!!!
Merci.
Décidément, j’aime beaucoup la chronique de Yoann. Non seulement elle recèle des informations sur la course ou sur un point clé de la course mais en plus elle est d’une très grande sportivité. Merci Yoann et Rallye-Sport.