Vainqueur sortant du WRC-2 au Monte-Carlo, Yoann Bonato a eu un rallye bien plus mouvementé cette saison, handicapé par différents problèmes mais aussi par une entame de course ratée.
Plus dans le rythme au fil du week-end, le français a su décrocher le podium en WRC-3 à l’issue d’une belle bagarre face à un adversaire qu’il connaît parfaitement : Yohan Rossel.
Et comme depuis 2018, Yoann nous accompagnera toute la saison à travers ces chroniques en fin de rallye. Dans ce premier récit, le pilote des 2 Alpes revient sur ce premier rendez-vous, loin d’avoir été simple !
Contrairement à l’an passé, tu as connu un Monte-Carlo très mouvementé et avec bien moins de réussite. Fais-nous un résumé de tes problèmes pour que l’on comprenne mieux ton week-end?
“D’abord dans l’ES 2, j’ai clairement pris la mauvaise décision : nous avions fait le bon choix de pneus et la voiture marchait vraiment très bien. Quand nous avons rattrapé le concurrent devant nous, j’ai préféré ne pas en rajouter, rester dans notre rythme que j’estimais correct et surtout ne pas faire d’erreur aussi tôt dans la course. Cette décision était une erreur; on prend 1 minute au final, par manque d’engagement, clairement ! Tout était réuni pour faire une belle spéciale alors c’est un peu frustrant.
Ensuite, nous avons eu un souci de puissance sur un simple capteur mais ne sachant pas réparer, nous avons du attendre de rejoindre l’équipe pour résoudre le problème.
Et pour finir, à l’entrée du parc fermé final, nous avons rencontré un problème électrique qui nous a demandé de laisser nos dernières forces pour pointer au dernier CH du rallye.
Quoi qu’il en soit, comme à l’accoutumée, notre équipe a fourni un travail exemplaire aux assistances. Les gars sont des machines, c’est un plaisir de les voir bosser, même si le plus souvent, lorsqu’ils bricolent, je suis en train de manger un bout sous la tente. La logistique, elle aussi, constitue un soutien indispensable dans notre implication sportive, on ne la remercie jamais assez. Nous sommes à la fois reconnaissants et fiers de faire partie de cette superbe équipe.”
Es-tu déçu de ton niveau de performances (quand tout allait bien !) ?
“Non bien au contraire, je trouve que notre niveau de performance était très bon quand tout allait bien, Il faut se remettre dans le contexte du mondial où le niveau est bien plus élevé qu’en France. Après une année en Championnat de France, nous avons besoin d’un peu de temps pour reprendre le rythme du championnat du monde. Nos chronos le vendredi, le samedi matin et les chronos du dimanche sont bons. Nos concurrents Eric Camilli et Mads Ostberg ont été très forts ce weekend et nous les avons battu quelques fois. C’est une sacrée satisfaction vu le niveau de performance de ces 2 artistes. J’espère pour Eric qu’il pourra continuer sa campagne mondiale.”
Etait-ce étrange de se battre face à autant de C3 autour de toi, une voiture que tu connais particulièrement bien ?
“C’était génial de voir autant de pilotes sur des C3 R5. C’est une voiture avec laquelle je roule beaucoup en développement et voir que notre travail fonctionne pour tout le monde est une énorme satisfaction. S’il n’y avait que moi qui arriverait à rouler avec, cela signifierait que mon travail en développement n’est pas adapté à la compétition client. Au contraire, ici je pense que tout le monde s’est senti très à l’aise dans l’auto malgré ces conditions infâmes !!
L’important pour moi est de constater que notre travail en développement doit satisfaire le plus grand nombre de pilotes. C’est la même philosophie lorsque je travaille pour Michelin.”
Comment juges-tu tes choix des pneus ?
“Les retours de nos ouvreurs et nos informations météos étaient très bons. Nous avions beaucoup de monde dans les spéciales et globalement nos choix se sont révélés au top. Il y a peut être la spéciale 12 où j’aurais du mettre les pneus neige pourtant embarqués dans le coffre, mais nos soucis de puissance nous ont fait perdre un peu la logique des choses car nous étions trop concentrés à essayer de solutionner cette panne. Au final nous étions les seuls en slicks dans ces conditions, mais mon souci était plutôt de rallier l’arrivée tant bien que mal pour rejoindre nos mécaniciens.”
A-t-on des chances de te revoir dans ce championnat WRC-3 cette saison ?
“J’espère pouvoir faire quelques courses encore cette année, nous serons sûrement en Allemagne mais j’aimerais vraiment faire de la terre cette année, c’est une surface que j’adore mais sur laquelle je ne roule jamais.”
Quel est ton avis sur cette édition, en termes de parcours et de conditions ?
“Les conditions étaient à la hauteur d’un Monte Carlo. Si la DDE faisait bien son travail, il n’y aurait pas de glace et le rallye serait trop simple !!!!!! lol!
La difficulté cette année se trouvait notamment dans les hautes températures. La raison est simple : quand il fait chaud, les cordes sont très boueuses et tu ne prends quasiment pas un virage sur l’asphalte du weekend. Ajouté à cela que les plaques de glace deviennent très localisées et se transforment en vitres ! A contrario, lorsque les conditions sont très froides, le rallye est souvent plus facile à appréhender. Pour faire court, cette année, nous étions proche d’un rallye du championnat de Belgique !”
Après cette ouverture de saison au Monte-Carlo, on attend forcément des nouvelles de ton programme en France. Que peux-tu nous dire là-dessus ?
“Nous serons présents en championnat de France grâce à notre équipe CHL et nos partenaires habituels dont Igol en chef de file ! Ce championnat me tient à coeur, il nous a vu grandir et aujourd’hui il bénéficie d’une médiatisation exemplaire ! C’est un immense tremplin pour tous les jeunes et moins jeunes! 😉 Je n’ai pas de sentiment de lassitude sur ces épreuves tant elles sont magnifiques et variées. Je suis pressé d’être au Touquet désormais.”
Enfin, comment passez-vous le temps avec Benj ton copilote sur les longs routiers ?
“Bien souvent on essaye de faire un premier bilan de la course. On en profite pour appeler nos familles et nos amis et faire un gros point avec l’équipe pour l’étape à venir !
C’est aussi un moment de décontraction où tu oublies un peu la course. 4h de liaison ça fait mal au c..dans une voiture de course !!”
y a pas à tordre du c.. pour c…. droit, les sportifs en rallye sont bien les plus sympas et les mieux éduqués du monde sportif, hormis peut être les joueurs de polo à Cambridge pendant un brunch avec la reine. .. mouais
La terre moi je demande que ça !!! Bravo pour ton professionnalisme sacré champion !!!