En panne de victoires depuis son succès au Lyon-Charbonnières en avril dernier, Yoann Bonato a retrouvé la plus haute marche du podium au Coeur de France à l’issue d’un superbe duel face à Yohan Rossel.
Dans le Loir-et-Cher, le pilote des 2 Alpes a d’abord fait le dos rond sur le sec, concédant le minimum de temps face au jeune gardois, avant de porter l’estocade sous la pluie du dimanche pour l’emporter.
A l’issue de cette troisième victoire consécutive au Coeur de France, Yoann revient en longueur sur son week-end, évoquant également ses maigres chances de titre et la suite de sa saison dans les Cévennes.
Félicitations Yoann ! 5 mois sans victoire, c’est une éternité pour toi finalement, une première depuis ton engagement complet en Championnat en 2017. Quelles ont été tes premières réactions à l’arrivée ?
“Je suis vraiment très content ! J’avais presque l’impression de vivre ma première victoire en championnat de France, c’est pour dire si l’émotion était intense. Mais ce qui est important surtout, c’est que ça récompense tout le travail fourni par l’équipe CHL après un Mont-Blanc compliqué où nous n’avions pas forcément été en mesure de nous battre pour la victoire.
Ici, grâce à la réactivité de l’équipe, on a pu être dans le match d’entrée de jeu, face à un adversaire de taille et ça, c’était la grosse satisfaction du weekend !”
Et en plus, celle-ci est très belle avec une énorme bagarre face à Yohan Rossel, dans des conditions particulières. Est-ce que tu savoures encore plus cette victoire avec ce scénario ?
“La bagarre a été énorme tout le weekend ! On attendait la pluie dimanche pour pimenter un peu la course, on a été servis. On reprend l’avantage dans des conditions pluvieuses et boueuses sur un rallye qui va très vite. Sur certains freinages tu penses avoir du grip, finalement quand tu poses le pied sur le frein tu n’en as pas… Et au moment où tu t’y attends le moins, ça passe. Alors la première satisfaction déjà, c’est d’avoir terminé le rallye sans faire d’erreur dans ces conditions. J’imagine que Yohan Rossel a joué intelligemment sa course dans l’objectif du championnat et c’est tout à son honneur. Pour nous, je confirme, le scenario de ce weekend était parfait.”
Quels sont les risques représentés par de telles conditions ? Est-ce qu’un Coeur de France avec pas mal de dégagements permet d’être un peu plus “serein” sous la pluie ?
“Il y a du dégagement sur un Cœur de France, c’est sûr… Mais il y a aussi beaucoup de rapide… Je ne pense pas que ce soit un moyen de se lâcher plus sur un rallye comme celui-ci. Quand tu te retrouves dans l’herbe mouillée à 200km/heure, il n’y a pas grand-chose qui te freine à part l’obstacle au bout du champ qui va arrêter ta course. D’ailleurs je tiens à souligner le travail des organisateurs qui font le maximum pour protéger les obstacles. Pour les équipages c’est important de pouvoir rouler dans un contexte sécurisé au maximum, c’est rassurant, mais je ne crois pas que cela influe notre niveau d’engagement. Quel que soit le contexte, on y croit et on fait le maximum.”
As-tu eu peur de revivre le Mont-Blanc avec un Rossel trop fort en début de course ?
“Au Mont-Blanc on n’était pas dans coup, l’objectif du rallye s’est vite transformé à trouver la solution pour revenir dans la course.
Ici d’entrée de jeu on était dans le rythme, ça nous a permis de confirmer que les problèmes de sous-virage rencontrés au Mont-Blanc avait été résolus.
Du coup, pas de peur particulière. Pour nous, l’idée c’était de rester au contact pour jouer la victoire sur un maximum de spéciales dans un rallye où il était clair que ça allait se jouer à la seconde.”
Penses-tu que ton choix de pneus a été crucial pour la dernière boucle ? Est-ce que les chronos de l’ES10 t’ont surpris, tu étais alors à 13s de Rossel ?
“Pour la boucle où il a plu, évidemment, c’était le bon choix. En revanche, dans la première c’est un pari qu’on a pris et sur le sec l’impératif était de ménager les pneus au maximum pour pouvoir les exploiter sous la pluie le moment venu. Donc volontairement, on savait qu’on allait en laisser. Avec Benj on s’était dit, si on prend 10 secondes ce sera bien, au final on en a pris 7 donc c’était encore mieux. Il ne nous restait qu’à attendre la pluie pour jouer notre carte.
C’était un choix audacieux, certes, mais surtout sécuritaire et que nous avons jugé le plus juste pour arriver au bout en évitant les pièges. Faire un rallye comme celui-ci, dans des conditions humides, sans les pneus adéquats c’est non seulement difficile, mais aussi extrêmement risqué. D’ailleurs la stratégie de nos concurrents n’était pas tellement éloignée de la nôtre : Yohann Rossel avec deux P01 et deux 11, Quentin Gilbert en R11 et nous en P01, nos temps à tous sont très proches les uns des autres. C’est une bonne nouvelle pour cette gamme Michelin qui fonctionne super bien sous la pluie !”
Je sais que tu considères que le titre est mort depuis le Mont-Blanc, mais un abandon de Yohan aux Cévennes pourrait quand même changer pas mal de choses non ?
“Bien sûr que c’est un scénario qui permettrait de renverser la donne. Mais Yohan Rossel réalise une saison bien mesurée et intelligente donc il n’y a pas de raison qu’il n’aille pas au bout de sa victoire.
Et puis avec Benj, on n’a pas envie de gagner grâce aux abandons des autres. Je pense que notre Championnat on le perd sur mes deux erreurs de début de saison et à cause du problème mécanique au Vosges. Cette année, si on ne remporte pas le titre, c’est à cause de nous et au rapport de nos résultats, Yoha Rossel mérite vraiment de gagner son championnat.”
Les Cévennes justement, c’est une épreuve qui a marqué ton retour au plus haut niveau avec une victoire en 2015, déjà avec CHL. Et l’an passé, tu as été intouchable. Quel est ton avis sur cette épreuve, probablement la plus particulière de la saison ?
“Je ne dirais pas que c’est une épreuve particulière. C’est une épreuve qui a vraiment sa place dans le calendrier et comme chacune des manches du Championnat de France, elle a ses spécificités.
Les Cévennes, c’est une terre emblématique de rallye, c’est LE rendez-vous des passionnés. C’est magique les Cévennes ! Pour moi, en France, c’est un peu comme la Corse, là où on rencontre un public encore plus passionné qu’ailleurs et où on sent que le sport automobile est une véritable culture locale.”
Je ne veux pas critiquer RS, dont la qualité des articles est généralement remarquable, mais je trouve l’avant dernière question un peu bizarre. Les esprits chagrins pourraient penser que d’aucun espère que Yohan Rossel chute, ou qu’il y a parti pris. heureusement, Yoann Bonato, avec le fair-play et l’esprit sportif qu’on lui connait remet les choses en ordres…
ALLEZ YOHAN !!!
tu mérite une place en wrc !!!
grand pilote et toujours humble et lucide dans ses analyses