Au lendemain de l’arrivée du rallye de Finlande, Yoann Bonato revient sur un week-end riche en sensations.
Dans cette chronique, Yoann revient sur cette épreuve si particulière en évoquant notamment le mythique chrono d’Ouninpoha et ses sensations
Le rallye
“Pour préparer ce rallye, on a fait une séance d’essais à Mazamet avant l’épreuve. Même si le terrain ne pouvait pas être parfaitement représentatif de la Finlande, on était assez satisfait de cette préparation.
Le lundi en Finlande, la spéciale d’essais ressemblait plus à un chrono de la Pologne. Il y avait des virages plus brefs, sans trop de grosses courbes et plus étroit. On pensait avoir de bons réglages et finalement au shakedown, on a constaté que nos réglages de différentiel n’était pas forcément idéaux, mais il était trop tard pour changer ça. Vu l’objectif du rallye de toute façon et de la saison, ce n’était pas très grave en soit.
Au départ de la première spéciale, Mokkipera donc, le vendredi matin, nous étions en totale découverte en se demandant bien ce que cela pouvait donner avec une 4 roues motrices et pas mal de puissance sur des spéciales totalement nouvelles pour nous.
Au final, j’ai réussi pour la première fois de ma vie je pense, à avoir pris un peu de plaisir en étant largué au niveau des temps. En général, quand tu es largué et que tu arrives au point stop, tu n’es pas satisfait, mais ici, c’est tellement atypique et rapide que tu as toujours de bonnes sensations.
Nous sommes restés dans notre ligne de conduite comme au Portugal et en Pologne, nous étions là pour préparer l’année prochaine. Cela peut paraître un peu bizarre pour les gens autour de nous j’ai l’impression, mais dans une démarche de construction, notre progression est logique. On avait un objectif au départ et nous y sommes tenus pendant tout le rallye. A vrai dire, je n’avais même pas regardé la liste des engagés du rallye avant le départ.
Pour moi, c’est une des meilleures prises d’expérience que j’ai fait jusque là. Il est certain que faire ce genre de rallye à 200%, ça doit être encore mieux, mais l’important était d’être à l’arrivée.
Globalement, les écarts au kilomètre ont été plus importants dans les anciennes spéciales, connues de nombreux pilotes. Forcément, comme dans la spéciale de Surkee (à 2,33 s/km du scratch), l’écart peut vite grimper. Alors que nous sommes hésitants sur certaines parties, les autres passent à fond, et à l’arrivée, tu prends une raclée.
Pour résumer ce rallye, le bilan sportif n’est pas bon pour moi mais dans ma démarche de préparation pour l’année prochaine, cette épreuve était parfaite.”
Le mythe “Ouninpohja”
“C’est simplement une spéciale de dingue. Tout le monde en parle mais on comprend vite pourquoi. Bien sûr, c’est une spéciale longue mais ce n’est pas le plus important. Il faut rappeler que nous sommes limités à 80 km/h en reconnaissances et quand tu abordes ce genre de spéciales en course, la difficulté est extrême avec des moyennes à 130 km/h. A certains moments dans le rallye, tu te demandes où tu vas atterrir. Tu as beau te dire que ça va sauter en reconnaissances mais une fois en spéciale, tu décolles de 30 mètres, tu retombes dans les trajectoires et les virages s’enchaînent avec les notes.
Ouninpohja, c’est la spéciale typique du rallye en trois dimensions. C’est droite, gauche, haut, bas en permanence ! Tu sautes, tu ratteris, ça tourne et ça continue pendant plus de 30 kilomètres. Au final, c’est une spéciale super difficile mais aussi super bandante même si tu prends une pilule à l’arrivée.”
Pierre-Louis Loubet
“Sur ce rallye, un gars a fait des temps hallucinants, c’est Pierre-Louis Loubet. Il a fait des chronos incroyables avec une expérience très limitée sur un terrain si difficile. Il m’a vraiment bluffé. En plus, le contexte n’était pas évident puisqu’il a démarré le rallye en étant sorti l’année dernière mais également en essais avant le départ.
A l’age qu’il a, je pense qu’il a vraiment une belle carte à jouer. Cela m’a bluffé car à son âge je n’étais pas capable de faire ce qu’il a fait, et d’ailleurs ce n’est toujours pas le cas aujourd’hui ! C’est vraiment dommage qu’il soit sorti car il a tenu un gros rythme pendant deux jours, donc c’était vraiment convaincant.
De toute façon, si tu veux attaquer en Finlande et que tu es dans les temps des meilleurs alors que tu découvres le rallye, dans 101% des cas, tu termines par une sortie de route. C’est difficile de faire autrement ici.”
La prochaine épreuve : l’Allemagne
“Pour l’Allemagne, on aura les évolutions sur asphalte et on découvrira tout ça lors du shakedown le jeudi matin. J’avais surtout besoin de rouler sur terre l’année prochaine, là sur le tarmac, je n’ai pas besoin d’enchaîner les kilomètres, la voiture je la connais bien désormais. Ce qu’il faudra en Allemagne, c’est apprendre le rallye.
J’ai déjà fait cette épreuve en 2007. Je l’avais bien aimé mais j’avais trouvé ce rallye difficile avec beaucoup de carrefours et des notes assez compliquées. Forcément, en étant honnête, il ne faut pas qu’on soit aussi loin que sur la terre. Après, je ne vais pas non plus partir avec l’esprit de gagner le rallye.”
Tout simplement un modèle à suivre dans son approche du rallye et son auto critique
Mes respects !!
Un type honnête et lucide, il sait qu’il ne sera jamais Ogier et n’hésite pas à féliciter ses adversaires : un grand monsieur!