Engagé en Roumanie depuis le début de saison pour apprendre la compétition en rallye avant de pouvoir rouler en France, Eliott Delecour, 17 ans, va conclure cette année 2024 par une participation au rallye du Var avec une Renault Clio Rally4.
Titré en Roumanie cette année dans le trophée Clio, Eliott va ainsi avoir une belle occasion de connaître son niveau face aux références de l’asphalte en France, et notamment des concurrents de la Stellantis Motorsport Rally Cup.
Avant de te voir au rallye du Var la semaine prochaine, tu as fait toute une saison en Roumanie avec une Clio Rally5. Quel est ton bilan de cette première année ?
“Cette saison a été au-delà de mes attentes. Déjà, car je n’avais pas prévu de rouler en Clio Rally5, mais plutôt en Dacia, et aussi parce-que les résultats ont été très bons en gagnant le championnat. Cette première saison m’a apporté énormément de choses. On a su être rapides sur les deux surfaces et dans toutes les conditions.
En Roumanie, les routes sont assez polyvalentes, mais avec un profil assez rapide sur l’asphalte. Nous sommes souvent au rupteur avec la Clio Rally5, ce qui est assez rare en France, je pense. Ce sont des routes avec un grip assez faible, donc c’est un bon apprentissage pour un jeune comme moi. Dès la première séance d’essais, j’ai pu rouler sous la pluie avec de l’herbe de chaque côté de la route, et ce n’était pas plus mal comme ça.
Cette année, c’était aussi un challenge de rouler avec des pneus Hankook qui manquent encore de développement selon moi. J’ai pu essayer les Michelin avec la Peugeot 207 S2000 et j’ai bien vu la différence.
Après avoir démarré avec cette Clio Rally5 qui est une voiture très efficace, je n’ai pas peur de rouler avec de plus grosses voitures. Lors de mon épreuve en 207 S2000, je me suis senti par exemple tout de suite très à l’aise.
Qu’attends-tu de ce rallye du Var ?
“Je ne me rends pas vraiment compte du niveau du championnat en Rally4. Beaucoup de monde pense que je connais bien les spéciales du rallye du Var, mais j’en connais réellement une seule, celle de Roquebrune. Tout le reste est inédit pour moi. J’ai regardé pas mal de caméras, Salanon, Loeb, et mon père en Aston par exemple. Mais tout va se faire à l’envers cette année, donc je ne suis pas sûr que ce sera très utile.
Je vais avoir une demi-journée d’essais avec la Rally4 et environ 40/50 km, donc je vais forcément manquer de roulage. Mais malgré ça, j’espère pouvoir titiller les trois premiers de la Coupe Stellantis (Ascenzi, Darmezin, Sarrazin). Je pense que c’est largement faisable. La Rally4 a globalement le même esprit que la Rally5, donc je pense que l’adaptation sera rapide. S’il pleut, je pense que ça peut être un avantage pour moi.
Comme pour la Peugeot 207 S2000, je vais rouler avec la Renault Clio Rally4 de Franck Chaput.
As-tu des idées de ce que tu vas pouvoir faire en 2025 ?
“Je ne suis pas pressé, mais s’il y a une belle opportunité pour l’année prochaine, je ferai du rallye ma priorité. Je passe le BAC l’an prochain et je vais évidemment essayer de continuer mes études, tout en poursuivant mon apprentissage en rallye. Je suis en train de me renseigner pour avoir le statut de sportif de haut niveau, mais à mon âge, c’est assez inhabituel. J’ai un ami en circuit qui est dans le même cas, mais c’est moins courant en rallye.
Pour l’instant, c’est trop tôt pour parler de l’année prochaine. Tout peut vite changer. Je n’avais pas prévu de rouler au rallye du Var il y a quelques jours, et pas non plus de rouler avec la S2000 en septembre dernier.
L’idéal pour moi, serait d’aller directement en WRC Junior. C’est le mieux à faire pour apprendre tout de suite des épreuves du championnat du monde, avec en plus toutes les surfaces représentées. Certains diront que c’est peut-être griller les étapes, mais ce serait pour moi la meilleure formation possible.
Je vais tenter Rallye Jeunes, même si j’ai cru comprendre que si j’avais la chance de décrocher le volant, je ne pourrais pas rouler pour une autre marque que Stellantis au cours de la saison. C’est dommage.
C’est maintenant assez courant de voir des pilotes comme moi débuter si tôt. En Roumanie, j’avais une fille de 17/18 ans, et un Italien aussi face à moi. La Roumanie permet de faire ça et je devais simplement laisser le volant à mon copilote sur les liaisons. À la base, j’avais plutôt prévu de rouler en Lettonie, mais le règlement a changé juste avant dans ce pays. Pablo Sarrazin a pu rouler un tout petit peu là-bas par exemple. En Roumanie, c’est plus ouvert avec une fédération qui a ses propres règles.”
Tu avais démarré ta saison 2024 avec une participation au Winter Romania Historic Rally. Est-ce que ce rallye est prévu aussi pour 2025 ?
“Jusque-là, c’est mon plus beau souvenir, et pourtant, j’étais au volant d’une Dacia ! J’ai pu rouler avec mon père en copilote et c’était magique. Je me rappelle d’une spéciale de nuit où la neige était en train de tomber avec une spéciale le long d’un lac gelé. Il y avait un très beau parcours de 200 km sur la neige et la glace. Cette année, le rallye est une semaine avant le Monte-Carlo et je vais encore essayer d’y participer. J’ai une Ford Escort propulsion de 180 cv qui m’attend en Roumanie pour cette épreuve. Et pour ajouter au plaisir, on peut rouler avec des pneus clous étroits type Suède qui sont interdits en WRC depuis plusieurs années.”
Quels sont les partenaires qui te suivent pour l’instant ?
“J’ai une collaboration avec RRS pour un contrat de deux ans. Ils me font confiance depuis mes débuts. On sait que ce n’est pas évident de miser sur un jeune, et c’est fou d’avoir un partenariat comme ça à mon âge. C’est une belle opportunité pour moi et je les remercie encore.
Pour le Var, la participation a été permise grâce au Leclerc de Cogolin que je remercie énormément. J’ai pu emmener le gérant en essais sur un circuit et on a finalisé notre engagement au Var comme ça.”
Quelle est l’incidence de ton père sur ta progression en rallye ?
“J’ai toujours eu un pacte avec mon père. Je dois lui montrer que je m’investis à fond pour chercher des partenaires. S’il doit m’aider, je dois toujours être là avec lui pour travailler ensemble.
Grâce à lui, j’ai gagné un temps énorme en expérience. Depuis tout petit, je roule dans des voitures de compétition très différentes. J’ai toujours regardé ce qu’il a fait et j’écoute évidemment encore ses conseils. Mais j’ai un pilotage complètement différent de lui. Je suis encore plus proche du volant que lui ! J’accorde beaucoup d’importance à la position dans la voiture et j’essaie d’être le plus haut possible pour voir parfaitement les cordes et la route. C’est primordial pour moi.”
Oulala monsieur va taper les 3 premiers de la stellantis….. il a le melon le jeune !!!
Confiance et maturité, il croit en son destin qui semble tout tracé. Très attendu mais sûr de son potentiel…..les 3 premiers de la 208 Cup vont, plus que jamais, chausser la godasse de plomb.
Son pilotage est superbe, pureté absolue au rallye St Yriex avec la 207 S2000 !