Après avoir déjà remporté le titre Stellantis avec Léo Rossel pour leur première saison ensemble (2022), Guillaume Mercoiret vient d’être sacré champion de France copilotes sur asphalte sur les routes du rallye du Var.
Et comme son pilote, le Gardois rêve désormais de goûter au mondial pour continuer sa progression.
Pour ta deuxième saison en Rally2 avec Léo Rossel, tu as donc été titré champion de France sur asphalte. Que dire de cette saison ?
“Avec un titre au bout, c’était forcément une saison incroyable. On a démarré la saison par le Touquet avec de grosses performances d’entrée et des écarts importants dans les deux premières spéciales. C’était notre première victoire en championnat de France et c’était un super moment. On a ensuite enchaîné les rallyes avec l’objectif clair d’être champion en fin d’année.
On ne voulait pas griller les étapes en 2023 et on a accumulé de la confiance pour réussir en 2024. Même si on a eu nos soucis au Charbo (sortie) et au Rouergue (incendie), on n’a jamais rien lâché, un peu comme lors de notre saison en Stellantis. On est vite passé à chaque fois à autre chose pour se relancer tout de suite.
On a essayé d’optimiser toutes les choses qui étaient possibles. Avec Léo, nous sommes deux gros travailleurs. Quand on a un problème et/ou que l’on se sent en dedans, on se demande tout de suite ce que l’on peut faire pour réagir.”
Comment as-tu progressé au cours de l’année ?
“J’ai clairement passé un step dans mes notes. C’était un vrai sujet pour moi dans cette saison 2024. Sur l’écriture d’abord, mais aussi sur la gestion des rythmes d’annonces des notes. J’essaie de m’inspirer du travail de personnes plus expérimentées en ayant toujours les yeux et les oreilles grandes ouvertes. En écoutant et en observant les autres en permanence, on peut apprendre beaucoup de choses, que ce soit d’un geste ou d’une parole.
J’ai aussi toujours autant de plaisir de parler à Didier Clément (responsable compétition clients chez Citroën). Il est toujours plein de ressources et a des anecdotes extraordinaires. Il peut par exemple me parler de problèmes rencontrés par Sébastien Loeb sur un rallye en particulier. Jacques-Julien Renucci m’a également bien aidé dans l’écriture de mes notes. En étant ouvreur, j’ai pu aussi m’améliorer sur des abréviations par exemple et plein de petites choses.”
Après le Touquet 2023, notre premier rallye en Rally2 sur asphalte, je me rappelle de notre débrief avec Léo en redescendant chez nous. On se disait que nous n’étions vraiment pas au niveau de professionnalisme des autres.
Maintenant, quand j’arrive sur un rallye, je sais parfaitement où je suis. J’anticipe davantage les choses car en rallye, tout ce qui est imprévu génère du stress et est énergivore. Même si tu ne peux pas tout anticiper, il faut essayer de le faire au maximum.”
Est-ce que tu t’inspires du WRC ?
“Oui, je regarde également quelques embarquées en WRC. Je suis assez fan du travail de Martijn Wydaeghe et de son rythme dans les annonces (copilote de Neuville). Ingrassia, Landais, et bien d’autres, sont aussi incroyables. Parfois, je reprends des choses, parfois non. Il ne faut pas tout copier, certaines indications me parlent plus que d’autres.”
Comment es-tu arrivé dans le milieu du rallye ?
“Je ne viens pas du tout d’une famille qui s’intéressait au sport auto. Je m’y suis intéressé sur le tard grâce à un ami, Romain Durand. À ses 17 ans, il avait organisé une petite fête et il cherchait un copilote pour démarrer en rallye avec une Saxo N2. Il ne trouvait personne et je me suis proposé sans rien n’y connaître du tout. J’ai donc découvert le rallye directement dans un baquet (rallye du Gard 2015). On m’a expliqué les règles de pointage juste avant le départ, et 3 km après, j’étais déjà fan. Au début, c’était plus un délire avec un pote. Petit à petit, c’est devenu plus important et on a roulé sur des autos plus performantes comme une Twingo R2 puis une Clio R3 qui était une voiture incroyable avec son moteur atmo. On a finalement roulé en championnat de France Junior avec la Ford Fiesta R2J.”
Comment t’es tu retrouvé à copiloter Léo ?
“Nous avons grandi dans le même village (Saint-Jean-du-Gard), mais nous n’étions pas du tout proches en primaire et au collège. Un jour, Yohan Rossel m’a appelé, car il avait besoin d’un copilote pour faire des essais avec Nazim Bangui (Peugeot 208 Rally4). Et ensuite, quand Yohan avait des besoins, il pouvait me faire confiance. J’ai donc vraiment appris à connaître la famille comme ça.
Avec Romain (Durand), j’étais donc engagé en championnat de France Junior. Nous étions concurrents de Léo en R2J. On a véritablement commencé à se fréquenter à ce moment-là. Après quasiment deux saisons, Romain a souhaité s’arrêter et Léo m’a appelé juste après le Terre de Lozère. Je me suis donc directement retrouvé dans une Rally2 du team Sarrazin pour mes débuts avec Léo au Terre des Cardabelles. Je n’étais clairement pas au niveau et j’avais assez peu d’expérience. L’entente a tout de suite été bonne entre nous. On a une communication très franche et directe. J’ai alors vraiment travaillé fort pour élever mon niveau rapidement.”
Quel est ton parcours d’études ?
“J’ai fait 3 ans de STAPS, mais je ne suis pas allé au bout. Puis, je me suis réorienté en école de commerce à Montpellier, à l’IDRAC Business School, où j’ai obtenu mon Master l’an dernier. J’ai fait mes 5 ans d’école en alternance. Sur cette période, ça ne s’arrêtait jamais, entre mes études, le travail et le rallye. Je ne comptais pas mes heures et ça m’a permis de bien développer mes capacités de travail. C’était très dur, mais je ne regrette pas du tout cette période.
Comme j’avais de bons résultats à l’école, j’ai pu m’aménager plus facilement un emploi du temps adapté aux rallyes. L’IDRAC a vraiment été très investie sur cette période. C’est vraiment une école qui accompagne les sportifs dans leurs projets, et je suis très fier de porter leur couleurs sur les rallyes. D’ailleurs, plusieurs pilotes et copilotes sont également passés par cette école, comme Romain Durand et, plus récemment, Ewen Leenhardt. Ewen m’a sollicité pour des conseils, et j’essaie de l’aider dans ses préparations de rallye. C’est un jeune très motivé, avec une grande envie de progresser. J’éprouve beaucoup de plaisir à l’accompagner, car nous partageons les mêmes valeurs humaines.”
Léo ne l’a pas caché, il souhaite évoluer en WRC2 la saison prochaine. Es-tu prêt ?
“J’ai quelques petites connaissances du mondial. Déjà, j’ai fait le Monte-Carlo cette année avec Nicolas Latil et j’avais eu l’occasion de bien étudier le règlement en WRC à cette occasion. J’ai également fait ouvreur de Yohan Rossel lors du rallye de l’Europe Centrale. J’ai eu des moments riches en expérience grâce à ça.
Comme Léo, j’ai envie d’aller en mondial évidemment. Je me sens prêt et je n’ai pas peur de devoir travailler pour ça. J’ai bien conscience que ce sont deux steps au-dessus en termes de professionnalisme. Je suis en train de retravailler mon anglais et j’ai imprimé le règlement WRC et mis du stabilo un peu partout ! J’ai maintenant organisé pas mal de choses dans ma vie pour devenir peut-être copilote professionnel un jour.
Mais ce n’est pas une finalité pour moi d’être suffisamment rémunéré en tant que copilote pour en vivre. Je pense que c’est une erreur de ne penser qu’à ça. L’important pour moi, c’est de vivre une aventure sportive à l’international et d’être au niveau pour me mesurer aux meilleurs. Le but est de m’investir avec Léo pour aller plus haut.”
Je me rappelle de Guillaume quand il courait avec Romain Durand ! J’étais copilote dans la même ligue et on les voyait tous les deux avec la combinaison Renault, une concentration à toute épreuve, et une gentillesse incroyable ! Il mérite vraiment d’en arriver là je trouve. Le travail paye toujours et visiblement c’est un sacré bosseur
Bravo pour votre saison les gars !
Il ne faut pas oublier la victoire en coupe de france 2023