Aujourd’hui, 31 juillet 2019, je suis triste mais surtout, je me sens comme orphelin. J’ai envie de rendre un dernier hommage au maitre.
Il y a 50 ans, en janvier 1969, rallye Monté Carlo. Un virtuose réalise un grand numéro de voltige et un ballet ininterrompu de survirage et de glisse qui réchauffe l’atmosphère hivernale et les milliers de spectateurs postés au bord des routes d’Ardèche et du Vercors. Le spectacle est magnifique, le chrono n’en revient pas. La petite R8 va rallier l’arrivée à une incroyable 5ème place scratch !
« Jean Luc est le meilleur d’entres nous… » dira Rorhl plus tard… « Jean Luc fut le plus doué de tous… » diront aussi Todt, Fréquelin et Ragnotti… A 23 ans, le jeune Normand découvre l’épreuve au volant d’une petite R8 Gordini Gr.1 et les conditions extrêmement changeantes permettent au funambule d’entrer par la grande porte dans la légende de l’épreuve. Après des débuts fracassants en rallye en 1968, les observateurs attendaient avec impatience ce Monté Carl’ pour y voir Jean Luc confirmer son potentiel hors norme. Il faut dire que plus les conditions sont difficiles et plus la nouvelle pépite du rallye français arrive à surclasser tout le monde. Certains avaient en mémoire le Lyon Charbo 68 où le p’tit débutant Thérier avait signé, au volant de sa R8 Gord’ Gr.1, le scratch sur la neige de « Riotord – St Bonnet le Froid » devant toutes les grosses autos…Un signe !
Ce surdoué de l’improvisation, ce génie du pilotage ne connaitra jamais le sacre suprême sur ces routes mais il y a écrit quelques pages mémorables de son parcours. Il finira 2ème de l’édition 1971 au volant d’une A110 1600…Effectua des chronos stratosphériques au volant d’une Golf Gr.2 de 162cv préparée par Cresson en 1979, année où Jean Luc domina la classe et Guy Fréquelin tout en intégrant le top 10… avant d’abandonner ! Surtout, il aurait DU gagner en 1981 au volant de la Porsche Alméras sans la glace déposée par des c… ! Sur la neige il tenait régulièrement le rythme de l’Audi Quattro de Mikkola…
À Monaco, Jean Luc montera sur le podium en 82, fut le premier leader en 83 au volant d’une R5 Turbo avant d’abandonner alors qu’il livrait un combat mémorable avec Walter Rohrl. Et que dire de la prestation du Normand en 1984 ? Sur la neige, Thérier est au final devancé par les trois Audi Quattro mais il réussi l’exploit de dominer parfois leurs pilotes Blomquist et Mikkola. Seule la Quattro de Rohrl le devance alors. Les autres propulsions de Bettega, Biasion, Alen, Saby sont loin !…
En 1985, la carrière du virtuose Normand est stoppée nette sur le Paris Dakar. Cet accident, ses circonstances, ses conséquences furent dramatiques pour Jean Luc. Pour tous ses fans, il y a eu avant et après janvier 85. Jean Luc Thérier c’est le Rallye avec un grand R, celui que j’aime. Mais l’histoire de Jean Luc Thérier reste aussi une symphonie inachevée. Pour moi, il demeure inégalable.
Le génie de Jean Luc Thérier résidait dans cette aptitude à l’anticipation, ce « sixième sens » qu’on possède…ou pas ! Un don précieux et rare. Irremplaçable !
Thérier c’était et c’est toujours ce sens inné de l’improvisation, le Talent brut absolu. C’est le modèle, le précurseur, la référence!
Et puis, plus que tout, Jean Luc était un Bonhomme, un vrai. La grande classe. Le plus grand de tous. Salut l’artiste.
Récit par Jeff Boulet, “notre historien”
Je dis simplement merci pour lui !
Merci à tous de ces témoignages .
J’étais à Chambéry à l’assistance Alpine cet hiver de 1969 (arivée de la spéciale de la chartreuse 45 km) et je revois Jean Luc THERIER tel un gamin surexité expliquant comment il avait doublé un grand nombre de voitures sans pouvoir les compter et trouvant sa R8 gord très bonne sur la neige !!!