Au terme d’un rallye à l’issue malheureusement fatale pour lui, Laurent Pellier est passé par toutes les émotions en Croatie pour sa deuxième apparition dans le Championnat JWRC.
Dans cette seconde chronique de la saison, Laurent est logiquement revenu sur le scénario incroyable auquel il a dû faire face en Croatie tout en évoquant les spécificités du rallye et son adaptation à la Ford Fiesta Rally3 sur l’asphalte.
Tu termines cette épreuve par un abandon mécanique alors que la victoire était clairement à ta portée. Forcément, ce doit être très frustrant pour toi ?
“Le plus frustrant dans ce cas, c’est que tu ne maitrises absolument rien. Si tu grilles un joker en sortant de la route, tu ne peux t’en prendre qu’à toi. Le moteur aurait pu casser à la suite d’un surrégime ou je ne sais quelle erreur de pilotage, ce n’est pas le cas non plus. Dans notre cas c’est juste de la mécanique pur et dur. Outre le zéro point du classement général, nous avons loupé de nombreux points bonus car nous n’avons pas pu signer certains temps scratchs. C’est la double peine car en JWRC chaque temps scratch rapporte un point.”
“En Suède, on devait rouler le c** serré financièrement parlant. Pour la Croatie, j’avais trouvé une solution la semaine avant de partir, et maintenant que cette caution ne « devrait plus être un problème », nous n’avons plus vraiment le droit à l’erreur à cause de cet aléa mécanique.”
Avant d’être confortablement installé en tête, tu étais en bagarre face à l’Irlandais Creighton, ton fameux rival de la Suède. T’attendais-tu à retrouver cette opposition ?
“Oui je m’attendais à ce qu’il aille vite, William est un pilote rapide qu’il ne faut pas sous-estimer, bien au contraire ! C’était sa troisième participation en Croatie et les spéciales n’ont quasiment pas changé. Il y a beaucoup de virages cachés et de nombreux changements de grip. Je pense que c’est un rallye où l’expérience et la connaissance sont un réel atout.”
“On a essayé de mettre un gros rythme tout de suite, malgré la découverte du terrain et de la voiture sur asphalte. Dans la première spéciale on lui en met 15 avec 2 marches arrière, le frein à main ne marchait pas.“
“Je pense que ça l’a piqué à froid car ensuite nous faisions les mêmes temps. L’après midi avec la découverte des pneus durs, je fais un tête à queue sur une portion sans grip. On lâche la tête mais on fini la journée à seulement 9s du scratch. C’était de nouveau serré !”
Qu’as tu pensé du profil des routes de la Croatie. Est-ce que cela ressemble à quelque chose que tu connais déjà ?
“C’est un très beau rallye mais très difficile. C’est tellement varié en typologie et en grip que dans l’ensemble, ça ne ressemble pas à un autre rallye. Certaines parties, me rappelaient la Corse, d’autres le Barum ou encore Rome. Tu passes d’une spéciale très étroite et lente à du plus rapide, avec des ciels et bosses cachées. En recos on à même eu de la neige sur les bas-côtés avec 4°C. Et sur le routier tu vois la mer !”
“Il y a de nombreux risques de crevaisons, les pierres sont vraiment tranchantes dans certaines cordes, et puis il y a régulièrement des petites bordures le long des routes qu’il faut juste raser, sous peine d’arracher une roue.”
“Tu trouves aussi les «anticuts» qui sont fait de petits plots en béton qu’il ne faut pas toucher non plus. Toutes ces petites choses donnent des notes plus chargées que d’habitude. Cela donne plus de boulot au copilote, et au pilote plus d’infos à analyser dans les notes mais aussi visuellement.”
Quel est ton avis sur cette Ford Fiesta Rally3 sur l’asphalte ?
“L’auto est toujours sympa à piloter. Dans ces conditions de faible grip, on arrive à bien s’amuser avec les quatre roues motrices c’est plutôt efficace. Après, il ne faut vraiment pas moins de puissance sur l’asphalte pour contrer le poids et les quatre roues motrices, et je ne parle pas de lorsque nous n’avions que 2 cylindres LOL !”
Tu avais évoqué la volonté de faire des essais avant les prochaines épreuves. As-tu eu l’occasion de le faire pour celle-ci et comment ça va se passer pour la Sardaigne ?
“Non, je n’ai pas pu retoucher une voiture de rallye depuis la Suède. Nous avons de nouveau tout découvert en express lors du Shakedown. Pour la Sardaigne en revanche, j’essaye de trouver une fiesta pour faire une petite séance d’essais avant de partir. Je n’ai pas besoin de beaucoup de kilomètres. Juste de prendre quelques informations et d’essayer quelques setups. Vu le niveau du championnat nous ne pouvons plus nous permettre de découvrir à nouveau la voiture sur une nouvelle surface. Nous allons voir avec nos partenaires ce qu’il est possible de faire mais une demi journée d’essais serait déjà super pour rivaliser d’entrée à armes égales avec les autres.”
“La chance n’était pas avec nous en Croatie mais ce sont des choses qui arrivent. Les rallyes qui approchent vont être encore plus exigeants techniquement et physiquement, rien n’est perdu bien au contraire cela vient juste de commencer !“
Tout çà est de très bonne augure pour la suite de la saison en tout cas !
Vraiment dommage ça aurait pu être une belle victoire de classe, j’espère que les moyens arriveront pour être encore plus affûté.