L.Pellier : “J’ai énormément appris, et même réappris”



Titré en Junior ERC la saison dernière, Laurent Pellier a gagné sa place en Junior WRC pour cette saison, et dès le lancement en Suède, le Français a joué les premiers rôles de sa catégorie au point de jouer la victoire jusqu’à l’arrivée.

Dans cette première chronique de la saison, Laurent évoque évidemment cette rude bataille pour la victoire, mais aussi toutes les nouveautés qu’il a fallu découvrir en seulement quelques jours pour être au niveau de ses adversaires.

Pour ta première dans ce championnat, sur cette surface et avec cette voiture, tu ne t’attendais pas du tout à te battre pour la victoire, et pourtant…tu échoues à 6 dixièmes de cette dernière. Que retiens-tu ? Plutôt la réussite de ton week-end ou cette déception de perdre ?

“Je retiens énormément de positif. Il y a un côté frustrant dû au faible écart, c’est évident, mais si nous avions terminé deuxièmes à 30s, personne ne prononcerait le mot déception.

Nos objectifs d’avant rallye ont largement été remplis puisque nous visions un top 5, nous avons réussi à signer des temps scratchs dès le vendredi, et à nous battre pour la victoire.

Nous n’avons pas commis d’erreur tout en découvrant l’auto, la surface et en tenant un gros rythme. C’était inespéré avant le rallye ! Outre le résultat, j’ai énormément appris ce week-end, et même réappris. Mon dernier rallye en 4RM remontait au Touquet 2019 !”

Comment s’est passée ton intégration dans ce championnat ? Tu as connu de nombreuses formules de promotion dans ta carrière, est-ce que c’est comparable avec ce Junior WRC ?

“L’intégration s’est bien faite. Nous avons commencé dès le samedi jusqu’au lundi avant l’épreuve. Ceci nous a permis de revoir tout ensemble ou presque, les points importants du JWRC, mais aussi des points importants de la réglementation en général.

Nous avons pu échanger et apprendre à connaitre les membres du team M-Sport Poland, mais également nos concurrents lors d’activités “média” ou sportives. Nous avons aussi reçu une formation technique sur notre Fiesta Rally3.

Pour moi c’est une vraie formule de promotion car nous avons tous les mêmes autos et l’équipe veille vraiment à l’équité entre tous. Par rapport à mes autres expériences, le principal changement est que nous roulons tous avec la même écurie mais malgré tout, très indépendamment. Par exemple, nous nous retrouvons ensemble pour manger au catering mais pour autant nous ne connaissons pas les setups de chacun.

Il y a un truc nouveau pour ma part que j’ai bien apprécié, c’est le kiné ! Dans la dernière de samedi, on a fait un saut de 30m qui a secoué à la réception. J’étais content de pouvoir compter sur lui, le soir même.”

Qu’as tu pensé globalement de cette Ford Fiesta Rally3 ? Il semble que l’adaptation a été très rapide.

“J’ai trouvé la voiture très intuitive et facile à appréhender. Globalement, je me suis toujours vite adapté et M-Sport a la réputation de faire des voitures “faciles”. J’étais plutôt confiant vis à vis de la voiture, moins vis-à-vis de la surface ! De plus, le setup de base mis par M-Sport était relativement bon pour moi.

Les ingés me demandaient pas mal mon feed-back, nous avons fait de très légers ajustements, mais l’auto était bien équilibrée avec le setup de base. On a connu de légères pertes de puissance à cause du froid. L’équipe a pu rectifier la chose dès l’assistance suivante. Il faudra voir sur des rallyes plus cassants, mais ici nous avons pris beaucoup de plaisir dans l’auto !

Je pense sincèrement que le Rally3 est une bonne catégorie. C’est le bon compromis pour débuter en 4RM avant de poursuivre en Rally2 avec des setups plus complexes.”

Quel est ton avis sur le parcours et les spéciales ?

“J’ai été assez surpris par la variété des spéciales. Ok, tu es toujours entre des murs de neiges et des sapins mais aucune ES ne ressemble à la suivante.

Tu vas trouver vraiment de tout, du large, de l’étroit, parfois du lent, même si c’est rare. On a fait des spéciales à moins de 90 km/h de moyenne et d’autres à 124 km/h !

Il y a beaucoup de long – très long virages, pour lesquels il a fallu adapter un peu les notes. J’ai pris en compte la distance en plus de l’angle de ces virages particuliers. Dans certaines spéciales, il y avait un peu trop de rapide à mon goût. J’entends par là, des lignes droites, ou des virages à fonds “facile” où tu mets la 5, tu soudes et tu attends. Mais bon j’avoue que décoller en glisse sur un ciel, fond de 5 de nuit… C’est quand même génial !”

Avec ce rallye, tu découvrais donc une nouvelle surface. Quelles en sont les particularités au niveau du pilotage ?

“Oui c’était une première pour moi sur la neige et la glace. Dans l’ensemble j’ai retrouvé les sensations de la terre. En pilotage pur, il faut anticiper un peu plus l’inscription je trouve. Tu as plus de grip longitudinal que latéral. J’ai d’ailleurs eu beaucoup de mal à trouver les points de freinages.

Il a aussi fallu comprendre le potentiel des pneus clous car le grip est impressionnant et il y avait d’autres paramètres inconnus comme la gestion de l’usure ou les pressions optimales.

Les murs de neige ce sont quelques choses également ! Tu vas t’appuyer dessus pour rentrer plus vite, mais si tu t’appuies de trop… Sois-tu t’enfonces et ça te « cales » ou alors ça te renvoie l’avant dans le mur de neige et tu sors la pelle… Heureusement nous n’avons pas vécu la dernière option !”

Tu as maintenant deux mois pour préparer au mieux le prochain rallye en Croatie. Quelles sont les priorités ?

“Avec Marine nous avons 3 pistes à approfondir.

Par rapport à l’ERC, le mondial est quand même plus exigeant, physiquement et mentalement car tu as 100km de chronos supplémentaires et une journée de course en plus. Cela m’avait marqué en 2016 lors du Tour de Corse, et nous avons pu bosser ça pendant l’hiver. Globalement ça a été pour nous ce week-end, mais il faut poursuivre le travail, notamment pour les rallyes cassants et chauds.

Pour compenser ma méconnaissance des épreuves, je vais travailler les caméras avant les rallyes. Habituellement, je check une fois après les recos mais pas beaucoup plus. Là on ne peut pas se permettre de soulager au premier tour, surtout sur des ES déjà faites par le passé. Un pilote comme Loeb a dû y passer, je n’aurais pas le choix.

La dernière piste est qu’il faut que nous puissions rouler avant les épreuves comme font nos rivaux. On ne peut pas perdre 60km à découvrir l’auto sur chaque surface si on veut jouer devant.

Les pneus du Shakedown font partie du quota pour la course, donc on est indirectement limité en nombre de passages. Avant la Croatie, il faut que nous puissions nous financer une séance d’essais asphalte ou un petit rallye à minima. Et cela sera valable avant les autres épreuves bien évidement.

Pour conclure j’aimerai profiter de ma chronique pour vraiment remercier les personnes qui nous ont soutenus tout le week-end ! On a reçu énormément de messages et ce, tout au long de l’épreuve. On a clairement senti l’engouement du WRC, et j’ai aussi l’impression que les passionnés ont vibré avec nous. C’était dingue !”




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Sylvain
Sylvain
1 année il y a

Ces interviews sont passionnantes, elles font vivre le rallye de l’intérieur, c’est vraiment bien pour les fans que nous sommes, merci!

Fangio72
1 année il y a

Laurent PELLIER (et sa copilote) ont le potentiel pour évoluer à un niveau encore bien supérieur …
Laurent est un vrai “Pro.” ex. Pilote Peugeot (au pire moment avec cette 208 T16 en mal de fiabilité et de développement !),
L’ADAC Opel e-Rally Cup lui à permis de relancer sa carrière et je lui souhaite très fortement que ce JWRC lui permettre de le retrouver l’année prochaine en WRC2 …
En attendant, bonne saison 2023