Engagé surprise du championnat de France des rallyes terre avec une Hyundai i20N Rally2, Laurent Pellier a tout de suite joué les premiers rôles, terminant finalement vice-champion de France avec notamment une victoire au Terre de Vaucluse.
Avant de rejoindre le rallye du Var la semaine prochaine, Laurent est revenu avec nous sur cette saison 2024, tout en évoquant son avenir et en donnant son avis sur la situation actuelle en WRC.
Tu termines cette saison par une place de vice-champion de France et une première victoire. Es-tu satisfait de ton année sur la terre ?
“Oui, cette saison a répondu à nos attentes même si on aurait aimé gagner plus tôt, et plus qu’une fois. On savait que la tâche serait difficile face à des connaisseurs comme Margaillan et Todeschini. La particularité de ce championnat est d’avoir un seul passage de reconnaissances et cela change pas mal de choses. On avait ce handicap avec beaucoup de boulot en matinée avec les reconnaissances, et moins de possibilités de travailler les vidéos, car on partait de zéro au niveau des notes.
En termes d’agenda, le championnat terre était aussi idéal pour moi avec un format compact qui m’a permis de pouvoir concilier ma vie professionnelle avec le rallye.
Globalement, on a réussi à optimiser tout notre package et à augmenter la performance de la voiture au fil de la saison en travaillant avec Pirelli et 2C Compétition.”
Tu étais le favori ce week-end au Terre de Vaucluse et tu as parfaitement assumé ce statut.
“Sur le papier, ça pouvait paraître facile pour certains, mais le rallye n’est pas une science exacte, on le sait. Le début de rallye n’a pas été idéal avec une faute dans la première spéciale, et une crevaison dans la suivante. Je n’avais qu’une seule roue de secours et il ne fallait pas rencontrer un autre souci de ce genre, sinon, c’était terminé.
Initialement, je n’avais pas prévu de rouler au Vaucluse, car le titre était joué. C’était soit rien, soit le Vaucluse et le Var, donc c’est super d’avoir trouvé un accord avec tous les partenaires et Hyundai. C’est bien de voir que notre travail est récompensé.”
Comment s’est dessiné ce programme en championnat Terre ?
“À la base, je n’avais pas prévu grand-chose en 2024, j’étais même proche de la retraite ! Les premiers contacts avec Hyundai ont été lancés grâce à Vincent Ducher que je connaissais de Sainteloc, et avec qui, j’ai toujours gardé de bons contacts.
Je n’avais pas vraiment de doutes sur les performances de la voiture, car j’ai vu qu’elle avait plutôt bien marché en 2023, ni sur les pneus. Le seul souci, c’était d’être un peu seul à rouler avec la i20 et les pneus Pirelli. Nous n’avions pas vraiment de points de comparaison et il était difficile de savoir quand nous avions un avantage avec notre voiture ou non.
Pour la performance pure, on a globalement souffert de patinage assez régulièrement. On a essayé différents valvings avec l’équipe pour s’améliorer en cours d’année.”
Qu’as-tu pensé de cette équipe 2C Compétition que tu découvrais ?
“L’équipe est top. On a appris à travailler ensemble assez rapidement, car le programme s’est finalisé au dernier moment. Au Vaucluse, c’était sympa d’avoir trois Hyundai au sein de l’équipe. On a essayé d’échanger un peu avec les autres pilotes.”
Tu vas donc finir ta saison au rallye du Var. Quel sera ton objectif ?
“Il y aura encore une très grosse liste des engagés, comme au Mont-Blanc. C’est difficile d’arriver en cours de route dans ce championnat et on va passer de l’équipe CHL où j’avais roulé sur l’asphalte, à 2C Compétition. Je vais avoir aussi un nouveau copilote, car Kévin (Bronner) est au Japon en tant qu’ouvreur de Munster. Ça fait encore pas mal de nouveautés pour moi.
C’est un rallye super exigeant où tu as plusieurs spéciales de nuit et avec un format inhabituel de trois jours. On va essayer de se battre un peu plus avec Eric (Camilli) qui sera notre référence. Au Mont-Blanc, c’était pas mal pour un début, et au Coeur de France malheureusement, le rallye s’est arrêté dès la deuxième spéciale avec une sortie. J’ai à cœur de montrer que je peux être polyvalent en étant performant sur les deux surfaces.”
En cette fin de saison, la question est évidemment de savoir ce que tu vas faire la saison prochaine.
“Ce serait bien d’avoir quelque chose pour éviter la retraite ! On a eu des discussions avec Hyundai et nos partenaires, mais aussi avec d’autres équipes. J’aimerais bien redoubler sur le championnat terre, car on reste un peu sur notre faim. On espère pouvoir profiter de cette belle saison pour rebondir. Revenir en France m’a ouvert d’autres portes avec certains partenaires qui sont revenus vers nous.”
Quel est ton avis sur la situation actuelle du championnat WRC et plus précisément des Rally1 ?
“Premièrement, j’ai retrouvé de l’intérêt à suivre la dernière journée grâce aux changements pour le dimanche. Ce système a été très critiqué, mais je trouve que c’est une réussite. Il faudrait sans doute moins de points attribués pour le dimanche, et je crois que c’est prévu.
Sinon, ce n’est pas normal que les constructeurs ne connaissent pas les détails de la prochaine réglementation. Il semble qu’il n’y ait plus d’hybride en 2025 et ce n’est pas encore officiel alors que le Monte-Carlo est dans deux mois. Ils ont essayé de passer ça en force en début d’année, pour finalement revenir sur cette idée. Si je suis un constructeur, je ne voudrais pas m’engager car il n’y aucun règlement clair pour les années à venir.
En Europe, on voit bien que l’avenir passe par l’électrique, mais faire du rallye comme on le connaît, ce n’est juste pas possible avec cette technologie. C’est un dilemme, car le constructeur sera forcément intéressé d’engager une voiture qui est proche de celle qu’il vend tous les jours. On assiste à un tournant général de l’automobile, c’est l’avenir du sport automobile qui est en jeu, et pour nous aussi dans nos championnats nationaux. La sensibilisation à l’écologie fait aussi partie de la problématique.
Le WRC utilise actuellement un carburant zéro émission, et je ne comprends pas du tout la raison pour laquelle ils n’en parlent pas. Ils ont fait la promotion de l’hybride, mais pas de ça.”
Tu as roulé dans de nombreuses formules de promotion dont plusieurs saisons en France dans le groupe R1. Que penses-tu de la nouvelle réglementation FR6 ?
“La démarche est bonne avec une vraie caisse qui apporte de la sécurité, c’est un des points principaux. Ça reste cher quand même, ça me fait penser à la réglementation R1 avec des coûts un peu plus élevés. À ce niveau-là, les coûts les plus importants sont l’assurance et les pneus. Peut-être qu’il serait intéressant d’avoir des pneus à faible coût pour l’ensemble des championnats juniors dans le monde.”
Un pilote rapide et intelligent à qui je souhaite tout le meilleur pour les années à venir (et que j’espère bien retrouver sur le championnat terre l’an prochain).