En Grèce, si la chance n’a pas souri à Laurent Pellier en Junior WRC, il faut néanmoins rendre hommage au parcours atypique, mais presque parfait, du jeune tricolore.
Un peu dans l’ombre des Loeb, Ogier, Fourmaux, Loubet, Bonato ou Astier au cours des dernières années, le sympathique Laurent Pellier s’impose cependant au fil des saisons comme une véritable référence du rallye international. Coup d’œil dans le rétroviseur :
En 2011, le jeune Pellier débute dans la discipline en copilote de son frère Grégory alors qu’il n’a que 16 ans. L’histoire est en marche. Pour son baptême du feu dans une Clio RS, lors du régional du Beaufortain, le Haut-Savoyard goûte immédiatement aux joies du succès grâce à la victoire de classe N3. Le plus jeune des frangins Pellier reste dans le baquet de droite jusqu’à la fin de saison, avant de tenter sa chance au volant…en circuit.
En gagnant le Défi Kart-Jeunes FFSA cette même année, Laurent se voit propulser dans une monoplace et n’imagine probablement pas qu’il se battra pour un titre mondial… en rallyes, 12 ans plus tard ! Et pourtant…
Grâce à ce premier accessit, le jeune espoir de Cluses (74) dispute la campagne de Championnat de France F4 en 2012. Sans aucune expérience, Pellier navigue loin des premiers, mais acquiert là de solides bases techniques. Une découverte.
En 2013, retour à sa discipline de prédilection. La carrière de rallyman du jeune Pellier est enfin amorcée sur le régional du Beaufortain au volant d’une Twingo R1. C’est que Laurent a de la suite dans les idées. Il se lance sans délai au sein de la relevée Twingo-Trophy face à des Garcia, Astier, Sirmain, Floret…Lors du Critérium des Cévennes, il finit 2ème de la Formule derrière l’excellent Axel Garcia avant de finir sa saison dans le Var où il change « de camp ». Pellier passe de la Twingo à la DS3 R1…et s’impose d’entrée de jeu. Une révélation.
Avec la même monture, la roue tourne… à l’envers l’année suivante : erreurs, problèmes mécaniques, malchance. 2014 est à oublier ! Mais le Clusien a de la ressource et persévère. En 2015, il remporte le titre de Champion de France Junior des rallyes avec la petite Citroën. Un titre qui lui permet de se présenter au Terre des Cardabelles au volant d’une « grosse » DS3 R3. Il démontre alors une capacité d’adaptation étonnante et finit 3ème des R3 avant de littéralement exploser sur les routes du 61ème Rallye du Var avec la même monture : 12ème scratch, 2ème R3 et 1er du Citroën-Racing Trophy. Une confirmation.
Ainsi, à 21 ans, le jeune économiste dans la construction, devient pilote officiel dans le cadre du Citroën-Trophy France au volant d’une efficace DS3 R3. La fusée Pellier est lancée. Toujours associé à Benoit Neyret-Gigot, le résidant de Vougy, explose lors du Tour-de-Corse 2016 où il domine Yoan Rossel à voiture égale avant de décrocher sa première victoire sur terre au Cardabelles (5ème scratch).
La campagne suivante, 2017, Laurent Pellier tente sa chance chez les « cousins » du Volant Peugeot 208 et s’offre quelques performances de haute-volée, sur toutes les surfaces. Il emporte la Formule et arrache le volant de la 208 T16 promis au vainqueur. Le voici propulsé en ERC où il découvre toutes sortes de terrains. Il s’adapte parfaitement, mais la saison 2018 s’avère compliquée car sa monture manque visiblement de performance. Pellier signe quelques exploits, mais surtout il se montre régulier, fiable et engrange de l’expérience. La preuve : en fin d’année, il s’engage sur le Rallye du Var au volant d’une DS3 R5. C’est la révélation du rallye : 3ème scratch à 11sec de Bryan Bouffier et devant Gryazin, Gilbert, Sarrazin ! Un authentique exploit… qui restera malheureusement sans effet !
En 2019, Laurent trouve quelques budgets pour faire le Touquet en Skoda R5, le Pays de Faverges en Clio N3, le National des Bornes en Mégane Maxi, le Mont-Blanc en Abarth 124 puis le Var en Hyundai R5…Difficile ! La saison suivante, un peu dépité, l’ex Champion de France-Junior joue le tout pour le tout en se présentant au départ de son seul rallye de l’année (!) le Mont-Blanc 2020, au volant d’une Alpine A110 Rally. En une spéciale, le talent et la capacité d’adaptation du pilote de Cluses explosent dans la Côte-d’Arboz où il claque le temps scratch devant les C3 R5 de Gilbert et Bonato. Il termine l’épreuve à la 6ème place, à 14sec de la Polo R5 de Giordano. Un nouvel exploit !
La fusée Pellier reprend son envol en 2021, au sein de l’ADAC Opel e-Rally Cup. Il écrase la concurrence : 6 courses, 6 victoires et un sacre. Une démonstration.
La démonstration continue en 2022. Laurent fait son retour dans l’ERC avec une Opel Corsa Rally4. Associé à Marine Pelamourgues, il s’impose 5 fois en 6 courses et devient Champion ERC4 Junior. Une fois encore, les talents d’acrobate du Haut-Savoyard ont fait merveille, surtout lorsque les conditions sont difficiles. Lors du mythique Barum-Rally, dans la terrible ES6 et ses 24km dantesques, sous la pluie et sur un grip inexistant, Laurent réussit un extraordinaire chrono à 10sec de l’A110 d’un certain… Raphaël Astier. Puis, sur le RACC Catalunya, Laurent et Marine finissent leur saison en apothéose par une incroyable 6ème place scratch finale ! Au passage, ils claquent même un 4ème temps absolu dans les 22km des Garrigues-Altes, devant des RC2…
Après le défi Kart-Jeunes FFSA, le titre de Champion de France Junior, le Volant Peugeot, l’ADAC Opel e-Rally-Cup, l’ERC Junior et une probante saison 2023 en mondial où Laurent a été surprenant d’aisance sur de nouveaux terrains (Suède…), il est maintenant grand-temps que la carrière de ce -toujours- jeune espoir tricolore de 28 ans décolle pour de bon.
Du circuit de Lédenon aux pistes défoncées de l’Acropole, de la monoplace à la Fiesta R3, du Beaufort à la Féta, le parcours étonnant de Laurent Pellier a révélé sa fiabilité ainsi que ses capacités à être rapide sur toutes les surfaces, au volant de n’importe quelle auto. En 2024, le Clusien mériterait bien un coup de pouce du destin non ?
il peut passer direct au WRC1, je pense qu’il a le niveau. C’est l’épopée Peugeot en ERC ou la 208 R5 n’était plus au niveau de la concurrence qui la “foutu dedans” puis en retrait, ces performances étais clairement plus que honorable.
Perso sur ce blogue depuis deux piges j’avance son nom et celui de Ciamin comme les deux seuls vrai espoirs tricolore a suivre avec un grand potentiel, espérons qu’il subisse pas le même sort que E.Camilli
Très bel article ! On ne peut que lui souhaiter le WRC 2 l’an prochain ou à minima un programme en ERC dans une Rally2.