M.Franceschi : “Je ne réalise pas trop encore”

Déjà vainqueur des quatre premières manches de la saison, le jeune pilote de Fayence a mis un point d’honneur à remporter cette épreuve supplémentaire, synonyme de titre. Au lendemain de ce sacre acquis avec Lucie Baud et le team AMD Motorsport, Mathieu est revenu avec nous sur cette saison fantastique.

Hier, tu as remporté ta 5e victoire de la saison mais aussi le titre de champion de France des Rallyes Terre. Comment te sens-tu ?

“Ce matin, le réveil était facile pour aller au boulot ! On n’a pas vraiment pu en profiter hier, notamment parce-que mon frère a abandonné et qu’il a fallu l’attendre pour se regrouper avec toute l’équipe. J’étais entre deux émotions. On va peut-être faire un petit truc dans les jours à venir, on verra bien, je ne sais pas.”

Côté sportif, cette saison aura été extraordinaire pour toi avec 5 victoires en autant d’épreuves. Que penses-tu de cette domination et de cette dernière victoire ?

“Je ne réalise pas trop encore, que ce soit pour le titre mais aussi les victoires. Je vois tous les “1” sur EWRC et ça m’arrive assez souvent d’aller voir sur le site pour vérifier !

Ce dimanche, nous sommes partis sur un bon rythme pour bien défendre notre première place. Après une première spéciale mitigée, on a roulé très fort mais sans prendre de risques. Je n’avais pas le droit à l’erreur car si j’abandonnais et que Florent (Todeschini) gagnait, l’écart aurait été de trois points entre nous avant le Vaucluse, soit rien.

Sur les premières spéciales du samedi, on a roulé un poil un ton en-dessous de d’habitude, j’étais à l’écoute du moindre bruit et j’essayais d’éviter le maximum de pierres.”

Quel était ton objectif en début de saison ?

“C’était principalement de prendre du plaisir. Progresser petit à petit évidemment et avec cette progression, être en mesure de gagner des rallyes et peut-être jouer le championnat. En début de saison, Matthieu Margaillan poussait fort. Après, il a eu plus de difficultés mais Florent est rapidement arrivé au contact. Je suis certain que le niveau du championnat est très élevé. On roulait parfois plus d’une seconde au kilomètre plus vite que l’an passé, comme par exemple dans la spéciale du Camp.”

Comments as-tu progressé cette année ?

“J’ai évolué dans la conduite en elle-même. Une R5 est toujours assez simple à prendre en main mais ensuite il faut beaucoup de roulage pour trouver plus de performance et l’exploiter. J’ai gagné en fluidité et en facilité de conduite. J’ai passé des caps petit à petit. Pour les notes, on a toujours des choses à améliorer, en rajoutant un mot par exemple.”

Cette Skoda a été redoutable cette saison. As-tu rencontré des problèmes avec ? 

“Non même pas, aucun souci sur l’auto ! AMD a tout mis en place parfaitement pour que la voiture soit irréprochable. Ils ont même changé des pièces avant les préconisations du constructeurs. On sait bien que la Skoda est imbattable sur le rapport qualité/prix avec un SAV très complet. En plus, l’équipe savait bien gérer cette voiture, Cédric et Jérémy bien l’exploiter et avec les pneus Michelin, tout était réuni pour performer.

Au final, huit personnes sont dans le team pour ma voiture et celle de mon frère. J’en profite pour les citer.

De gauche à droite sur la photo : Roman, mécanicien de la Clio, Enzo, chef de voiture de la Skoda, Manon, soleil de l’équipe, elle conduit le camion, elle nous fait à manger, elle est aux petits soins pour nous. Ensuite Manu Aymonod, team manager et patron de AMD. De l’autre côté, Jérémy, ingénieur du team et en charge de l’exploitation, Sébastien, mécanicien de la Skoda, Rémy, chef mécanicien de la Clio et enfin Cédric Mazenq, le boss des ingénieurs.

En terme de budget, il faut compter environ 15 000€ pour une course, c’est un budget conséquent !”

Est-ce que tu seras bien présent au Vaucluse après ce titre ?

“Oui cela ne change rien pour la dernière manche. En plus, c’est un rallye que j’adore et autant aller tenter de chercher le Grand Chelem ! On m’a dit que personne n’avait fait ça jusque là. Il y aura peut être des pilotes surprises comme chaque année et ça pourrait être intéressant…

Sans la pression du championnat, il sera intéressant de voir mon rythme en étant plus libéré. Je ne vais certainement pas gagner une seconde au kilomètre, mais peut-être quelques dixièmes !”

Et pour 2023 ?

“On commence évidemment à réfléchir à tout ça. On cherche des partenaires avec l’intention de faire de l’international mais cela demande forcément des budgets énormes. Alors si des personnes sont motivées pour rejoindre notre aventure dans cette ambiance familiale, elles sont évidemment les bienvenues.

Il y a un an à cette époque, j’étais contrait d’arrêter la 208 Rally Cup. C’était la douche froide à l’époque alors que je pensais être bien entouré en faisant confiance à certaines personnes. J’étais assez résigné pour le rallye et je voulais me consacrer avant tout à ma vie. Avec l’accident de mon frère au Var, cela ne s’est pas arrangé. Mais lors de ce rallye, il roulait avec l’équipe AMD et à force de se voir, j’ai vite constaté que l’on partageait des valeurs commune avec un team familial.

À l’avenir, je ne me vois pas rouler sans eux. On se voit même en dehors des rallyes, c’est plus qu’une équipe, ce sont des amis. Je partage leur état d’esprit sur ce sport mais aussi dans la vie et c’est important pour moi.”

À tes cotés, Lucie Baud vient de remporter un deuxième titre de championne de France !

“Tout comme moi, elle a eu un coup de foudre avec le team AMD. Elle avait le même état d’esprit que moi pour se relancer en prenant du plaisir après une année 2021 décevante. Je n’ai rien à dire sur son boulot, elle sait ce qu’elle fait et on allait dans le même sens tout au long de la saison.”

Une chance de te voir au Var ?

“Pas du tout non, ce n’est pas prévu. On ne va pas rouler sur un coup de tête comme ça de dernière minute sans être parfaitement préparés. La Skoda va rouler deux semaines avant au Vaucluse avec moi et le team n’a pas l’intention de bousculer ses habitudes pour rouler ensuite.”