Moins d’une semaine après avoir décroché son premier titre de champion de France Asphalte, Quentin Giordano peut désormais profiter de ces instants même si le rallye du Var, dernière manche du calendrier, arrive dans trois semaines à peine.
Dans un long entretien, nous avons pu échanger avec Quentin sur cette année évidemment particulière, riche en performances et en émotions au sein d’un team Sarrazin Motorsport, taillé pour le pilote lorrain. Avec Kévin Parent à ses côtés, et au volant de sa VW Polo GTi R5, Quentin Giordano aura été d’une régularité exemplaire, signant huit podiums en autant d’épreuves.
Bonjour Quentin. Tu es devenu champion de France des Rallyes Asphalte la semaine dernière. Est-ce que tu as bien réalisé la performance que tu viens d’accomplir ?
“J’ai réalisé depuis la semaine dernière oui, mais ça n’a pas modifié du tout au tout ma vie. Je suis content de laisser une trace dans mon sport en gagnant ce titre. C’est quelque chose qui restera et ça récompense tous les sacrifices que l’on a pu faire, moi et mes partenaires.”
On parle souvent d’une dernière épreuve spéciale particulière quand un titre est en jeu, c’était ton cas ?
“On m’a parlé de ça oui. Au départ, j’ai vu un commissaire avec une chasuble du rallye du Var. Et 45s avant le départ, je me suis revu en 2007 au départ de mon premier Var alors que c’était mon deuxième rallye. Je ne connaissais rien à l’époque, je savais à peine prendre des notes. Après avoir revu quelques images dans ma tête, je me suis reconcentré après ça. Dans la spéciale, j’étais relâché. J’ai fait le spectacle dans les épingles, j’ai fait signe à des spectateurs. J’ai fait très attention dans le sinueux et je voulais juste rallier à l’arrivée. Et comme j’ai un pilotage plutôt spectaculaire et que j’aime bien faire glisser la voiture, c’était sympa de pouvoir faire ça.”
Est-ce que tu imaginais un tel destin quand tu étais plus jeune ?
“Pas du tout non. Quand j’étais gamin, je n’ai pas eu trop accès au rallye. Mon oncle connaissait Alain Vauthier et Alain Foulon, et j’ai pu aller sur quelques rallyes comme la Lorraine et le Vosgien, mais rien de plus. Et puis un jour, je me suis dit que j’aimerais bien essayer de rouler en rallye car j’allais trop vite sur la route ! À 20 ans, j’ai cassé les pieds de nombreux teams pour pouvoir débuter en rallye. Mes parents ne voulaient pas car ils avaient peur. Au final, j’ai pu débuter dans la structure de Jacky Marché en 206 avec son fils Pierre également engagé. Ils m’ont tout appris, je n’y connaissais rien. J’ai donc découvert le monde du sport auto sur le tard.”
Que penses-tu globalement du niveau de cette saison ?
“C’est la saison avec le plus d’adversité que j’ai pu faire. L’an dernier, Camilli avait fait une saison extraordinaire, c’était incroyable d’être aussi performant avec si peu d’expérience. Il connaissait peut-être 15 à 20% du parcours. En France, la connaissance du terrain est vraiment quelque chose de très important.
Cette année, nous étions à trois nous battre pour la victoire sur chaque manche. Mais on a eu aussi Hugo (Margaillan) qui avait peu d’expérience en Rally2 mais une bonne connaissance des routes. Il a réalisé des performances assez incroyables. Il est parvenu à rivaliser avec Yoann, voire le surclasser dans certaines spéciales. Nico (Ciamin) connaît bien le championnat, c’est un très bon pilote, très performant. Et puis Yoann, il y a toujours beaucoup de rivalité avec lui et c’est un gars performant bien sûr.
J’insiste sur la performance de Hugo quand même. Il n’a pas beaucoup d’expérience en C3 et sa femme a très peu de rallyes en tant que copilote (15 rallyes). Vraiment bravo à lui, c’est top. En plus, c’est un super mec, super fair-play. C’est vraiment un bon gars qui mérite de continuer.”
Et maintenant pour 2023 ?
“Rien n’est encore décidé mais nous allons normalement remettre notre titre en jeu. Nous n’avons pas vraiment envisagé autre chose même si on aimerait bien faire quelques rallyes internationaux. Après six années de suite en championnat de France Asphalte, ce serait sympa de voir de nouvelles spéciales ailleurs.
Pour 2023, j’espère être aussi performant que cette année. On est bien, on est en place avec notre équipe, Kévin mon copilote, et cette voiture. Si on devait rouler à l’international, je pense qu’on ne sera pas ridicule même si jouer la victoire paraît trop compliquée.”
Quelles sont tes ambitions pour le Var ?
“Faire un beau rallye, faire du mieux possible. Je suis content de faire ce rallye en étant libéré. On va pouvoir se lâcher. Le rallye Vosges Grand Est a été un tournant dans notre saison et depuis, notre objectif n’est pas le même. Sur ce rallye, nous étions en bagarre avec Yoann et quand il est sorti, tout à changer. Dès lors, nous n’avions plus aucun intérêt à se méfier de ses résultats. Il fallait se concentrer avant tout les résultats de Nicolas Ciamin et rouler en fonction de lui.”
Est-ce que tu as eu des moments où tu étais proche d’abandonner ta carrière en rallye ?
“J’ai bien conscience que ce sport est élitiste et que sans mes partenaires fidèles qui m’ont soutenu jusqu’à maintenant, je n’aurais eu aucune chance de rouler à ce niveau. En 2016, après plusieurs années en mondial, j’ai eu quelques doutes et j’ai failli arrêter. Ma passion était géniale, mais je devais construire ma vie professionnelle et c’était le bon moment.
Mes partenaires m’ont soutenu et finalement, je suis revenu en France. C’était économiquement moins compliqué, le championnat était hyper concurrentiel et reconnu. En arrivant en 2017, on avait en tête de gagner le titre un jour, mais pas à court terme. Il y avait Yoann Bonato au toit du rallye français avec le soutien d’un constructeur. En persévérant, on pensait avoir une chance de gagner ce titre. Même au Cévennes la semaine dernière, on se disait que ce n’était pas terminé et qu’il pouvait tout se passer encore.”
En rejoignant l’équipe de Stéphane Sarrazin, tu as clairement haussé ton niveau.
“Oui clairement. On a évolué petit à petit ensemble avec l’équipe et on a vu qu’on pouvait arriver jusqu’à ce titre. Stéphane Sarrazin m’a beaucoup aidé à évoluer. J’apprends encore des choses grâce à lui. Sa force est d’être un team manager encore en exercice. Lors de sa participation au rallye d’Espagne, on a pu échanger ensemble sur certaines choses, c’était très sympa, j’ai pu l’aider à ma manière. C’est super de pouvoir s’appuyer sur quelqu’un qui voit les choses de la même manière que toi. J’ai suivi ce rallye d’Espagne de bout en bout, que ce soit pour Stéphane, mais aussi en tant que passionné de rallye tout simplement”.
Parle-nous un peu plus globalement de ton team, le Sarrazin Motorsport.
“À la base, la grande force du team, c’est vraiment son team manager. Il a essayé de mettre en place tout ce qu’il a vu avant dans ses équipes, quel que soit la discipline. Il a essayé de tout optimiser.
Il y a une superbe équipe autour de moi. Je peux compter sur Franck Barlet, chef de voiture qui a travaillé avec Stéphane à l’époque de la Peugeot 207 S2000. Il est juste top, il fait toujours du mieux possible. Ensuite, mon ingénieur Diego Moulin qui est un jeune avec trois ans d’expérience et qui passe son temps à l’atelier, il n’y en a pas deux comme lui.
Et bien sûr Yannick Hubert, le responsable technique. Il a été chef des ingénieurs chez DAMS à l’époque de Romain Grosjean et Jean-Eric Vergne. Il fait partie des ingénieurs de référence dans le sport auto. J’ai vraiment une grande chance de l’avoir avec moi et il a fait les 7 premières manches avec nous. Il apporte beaucoup aussi pour la gestion de course en tant que pilote.
Au global, j’ai quatre mécaniciens, un ingénieur, un logisticien et un responsable technique pour ma voiture. Il faut penser aussi à l’atelier. Nous étions 45 à table aux Cévennes pour fêter le titre !”
Que penses-tu du calendrier du championnat de France Asphalte ?
“Historiquement, le calendrier a toujours été comme ça et je n’ai rien à redire. Je sais à quel point c’est compliqué pour trouver des dates pour les épreuves. C’est un top championnat, hyper varié, avec les Cévennes, le Touquet, le Mont-Blanc ou encore le Coeur de France. Et en plus, tout est hyper bien organisé.
Après les Cévennes, je veux aussi mettre en avant la course de Patrick Rouillard. Il a été exceptionnel pendant les deux jours. Franchement, c’est remarquable d’être encore aussi rapide à son âge. Cela montre que tout le monde peut encore arriver à faire des temps dans ce championnat avec des voitures toutes performantes et un nombre incroyable de R5 à chaque fois. Je rêverai d’avoir encore autant de passion à 60 ans, comme Eric Mauffrey aussi. J’espère avoir encore les moyens de rouler pendant de nombreuses années comme ça. Je suis proche d’Alain Vauthier qui a près de 70 ans, et c’est fou de voir à quel point il est encore passionné de rouler avec une nouvelle voiture et d’apprendre encore. Ce sont de vrais passionnés et des défis de dingue.”
Enfin, terminons sur le seul point noir de ta saison finalement. Si la bagarre en spéciale aura été très belle et intense, la saison aura été ternie par des tensions entre toi et Yoann Bonato.
“C’est vraiment dommage car on a un super championnat et l’ambiance a été plombée à la mi-saison. Yoann n’a, je pense, pas aimé être battu. Peut-être qu’il y avait trop de pression autour de lui ou des personnes de mauvaise influence pour qu’il agisse comme ça, c’est vraiment décevant de sa part.
On a toujours eu de bons rapports. Pour moi, depuis tout petit lorsque je passais mon temps avec le petit frère de Yoann, lui c’était le grand qui faisait du rallye à haut niveau, « l’exemple ». Je ne savais même pas qu’un jour j’aurais la chance de faire du rallye. J’avais tout à apprendre de lui…J’ai été déçu de son attitude. J’ai toujours été fair-play avec lui, que ce soit en étant devant ou derrière lui et je n’ai pas compris cet acharnement à mon égard.
Au Coeur de France, j’en ai eu marre d’encaisser ses remarques, ses menaces de réclamations en me disant que la voiture n’était pas conforme, et ses pics en permanence depuis des mois. Cela a fait éclater les choses au grand jour et ça a calmé le jeu finalement. Cette situation m’a vraiment touché, car je suis quelqu’un d’humain et je déteste l’injustice, j’ai toujours été comme ça. J’espère que les choses vont se calmer l’année prochaine pour avoir un championnat avec une meilleure ambiance.”
Avant de le revoir en spéciale dans le Var à la fin du mois, Quentin Giordano sera également actif la semaine prochaine en commentant le rallye du Japon, manche de clôture du championnat WRC, sur Canal+.
Revivez la dernière spéciale de Quentin Giordano et de Kévin Parent avant l’obtention du titre de champion
Passionné de sport en général et surtout de rallye je n’ai aucun parti pris. Je sais que la tricherie fait partie du sport, aussi lorsque j’ai ouïe dire que la voiture de Quentin était plus performante, j’ai préféré vérifier par moi-même dans des relances, je n’ai plus eu aucun doute, je l’ai vu et constaté sur mon chrono. Je constate encore une fois que la tricherie existe, Je n’interviens pas pour cela, j’interviens car Quentin ne peut pas dire qu’il est fair-play alors que je l’ai vu insulter Yoann qui prenait une photo car ses mécanos étaient à coté de… Lire la suite »
Mdr mr giordano le soit disant amateur ah bon tu roule pour qui et quelle team une team de débutant ? Tu peux dire merci à yohan de ces déboire car sans sa tu serait pas champion le gros melon va augmenté n’oublie pas que quand tu sortez à tout va en championnat européen c’était pas non plus génial . J’espère une bonne correction l’année prochaine par yohan ou autre car la relève arrive .