Vainqueur de son troisième rallye de l’année en RGT Cup, Raphaël Astier a décroché le titre de champion du monde de la catégorie lors du Barum Rally dimanche dernier.
Sur un terrain si piégeux, encore plus au volant d’une propulsion, le pilote ardéchois a mené son Abarth 124 Rally RGT à la victoire, triomphant face à son adversaire italien, Andrea Nucita.
Avant de finir sa saison au Valais puis au Var, Raphaël est revenu en longueur sur ce titre de champion du monde, ce fameux Barum Rally mais également sur son avenir.
Trois rallyes, trois victoires et un titre, c’est vraiment une saison parfaite pour toi.
C’est un peu surprenant et bizarre de gagner assez rapidement un championnat (en 3 courses). Cela aurait été presque mieux de le gagner au Valais pour l’emporter après une nouvelle bagarre. Nucita était la référence au début du championnat mais ça ne lui a pas réussi.
Au Tour de Corse, j’avais un mauvais setup pour mes débuts avec cette voiture mais je gagne finalement. À Rome, Nucita a eu des problèmes mais nous aussi sur la fin de rallye et on l’emporte. Et au Barum, il a fait deux bêtises en début de course, cela m’a un peu embêté car c’est un gars vraiment sympa. Ils avaient engagé Tempestini pour qu’il s’intercale entre nous et éviter que je sois champion sur cette épreuve, car même à la deuxième place, nous aurions remporté le titre.
Cela n’a pas été simple ce week-end, entre les conditions et des petits problèmes de boîte le samedi soir. Le dernier jour, j’ai vraiment attaqué car je me sentais en confiance, je voulais terminer sur une bonne note en gagnant et on signe des temps intéressants dans le top 20.
Je tiens à préciser qu’on a gagné ce titre malgré un temps de préparation assez réduit. On travaille tous les jours avec mon copilote et ce n’est parfois pas évident de trouver du temps . Avec plus de temps, on aurait pu mieux préparer le rallye mais gagner dans ces conditions est encore plus valorisant pour nous.
Un mot aussi sur mon copilote Frédéric, qui m’aide énormément mentalement, en plus de son gros travail de notes et de la gestion de l’épreuve.
Champion du monde RGT Cup, cela sonne bien non ?
Cela me fait plaisir de gagner un titre avec une propulsion en roulant sur des épreuves du WRC et de l’ERC. C’est une caisse phénoménale. L’an passé, Romain Dumas a gagné ce titre, donc c’est sympa de lui succéder. Il me donne encore beaucoup de conseils, il s’est pas mal intéressé à l’Abarth également et on s’appelle après chaque épreuve.
Ce Barum devait être un sacré morceau ?
J’ai toujours entendu dire que c’était compliqué et mythique. Et pour ma première sur ce rallye, il a plu tout le week-end ! On a fait une grosse séance d’essais le lundi avec Milano et PKM Consulting. Cela a vraiment été très important pour nous et cela a porté ses fruits d’entrée.
On a fait de bonnes recos, il n’y a pas trop de liaisons donc le timing était assez tranquille pour bien prendre son temps en spéciale.
Pour moi, le Barum c’est un mélange de Touquet et de Vosgien. Le goudron est particulier, le grip change tout le temps. Tu roules tout le temps avec un stress énorme, ce n’est pas habituel de rouler comme ça en France, et nous n’avions pas d’ouvreurs.
Il y a pas mal de vertical avec des profils entre routes étroites en sous-bois ou à travers champs. On avait un tapis de boue, une vraie pommade après le passage des quatre roues. Pour une propulsion, cette voiture est vraiment bluffante, que ce soit sur sec ou sous la pluie, la motricité est vraiment facile. Je préfère mieux gérer l’accélération avec la pédale, je n’ai pas dû tout utiliser le traction control qui était plus un handicap pour moi sur ce rallye.
Sur un tel rallye, on progresse beaucoup en expérience et en pilotage avec des glisses à 160 km/h.
J’ai été bluffé par le nombre de spectateurs et même lors de la cérémonie de départ. On entendait des trompettes par exemple et il y avait du monde de partout même sous la pluie. J’avais vu un peu la même chose en Pologne l’année dernière. On a eu un super accueil et même s’il n’y a pas de constructeurs officiels comme en WRC, le parc d’assistance était superbe avec énormément de structures professionnelles que je découvrais.
Quel est ton programme sur cette fin de saison ?
On va rouler au Valais car c’est une obligation du règlement, il faut être inscrit absolument sur la dernière marche. J’ai juste peur d’être tout seul maintenant que le titre est joué, c’est pour ça que je pousse Romain Dumas à venir pour s’offrir une bonne bagarre avec sa Porsche.
Après le Valais, je terminerai par le Var, c’est un peu mon rallye habituel de fin de saison, ce sera sympa de retrouver le championnat de France. J’aimerais vraiment terminer cette saison sur une très bonne note.
Vainqueur de la Finale de Coupe de France en 2016, vice-champion du monde WRC-3 en 2017, champion du monde RGT Cup en 2018, et en 2019, c’est quoi le programme ?
Il faudra trouver des partenaires, il ne faut pas rêver, nous devons nous battre pour trouver des budgets et ainsi continuer à rouler. Il faudra jouer surtout sur la communication.
Mon but en 2019 sera au moins de rouler en Europe et pourquoi pas en Mondial, quelque soit la voiture. On rêve tous d’être pilote officiel mais il faut garder les pieds sur terre.
Si on peut rouler l’an prochain en diminuant nos coûts, grâce à des partenaires et/ou des équipes, ce sera déjà une très bonne chose.
Un mot enfin sur le Team Milano Racing, l’équipe championne du monde à tes côtés.
Je ne connaissais pas ce Team Milano avant nos premiers contacts. L’Abarth m’a rapidement beaucoup plu, mais elle n’était pas très fiable à ses débuts. Pendant deux ans, Ugo, Patrick Canavese et leur team se sont bougés pour gommer les défauts de cette voiture et en faire vraiment une voiture performante et fiable.
C’est une équipe qui se donne à 200%, j’ai vraiment un grand respect pour eux et c’est un grand plaisir de travailler avec eux. Ugo fait vraiment un boulot monstre entre gestion et coordination de l’équipe.
Romain,
la réglementation n’est pas la même en championnat de France car le groupe gt+ autorise un turbo non bridé soit environ 340/350 ch alors que le groupe gt impose une bride de 35 mm sur ce même turbo soit environ 310ch, ce n’est donc pas la même chose et les performances s’en ressentent, notamment sur route sèche!
Bravo ! un bon pilote, un bon copilote, une superbe auto originale