Associé à Elliot Delecour qui fêtait sa première participation au rallye Monte-Carlo à seulement 17 ans, Romain Roche a encore été bluffé par le talent de ce petit jeune, promis à un bel avenir.
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Après avoir déjà interviewé Elliott à plusieurs reprises ces dernières semaines, nous avons souhaité cette fois recueillir l’avis de Romain sur ce pilote à la trajectoire très particulière.
Que penses-tu de votre performance sur ce Monte-Carlo ?
“Pour ma part, d’après ce que j’avais déjà vu d’Eliott, il a réalisé un rallye conforme à mes attentes. On a été dans le match pour gagner le Rally4, ce que nous avons réussi à faire, tout en étant capables de faire quelques coups d’éclats et d’éviter les erreurs.
C’est même un petit peu mieux que ce que j’avais imaginé, notamment le premier soir où il était tout de suite sur un gros rythme avec une belle place au général. Dimanche matin dans le Corobin, il a recommencé avec le 22e temps scratch entre de bons pilotes de Rally2.
Tous les pilotes ont leur altitude de croisière, mais ont des phases de décollage différentes. Habituellement, c’est plus progressif, comme un avion, mais pour Eliott, c’est plus une fusée, car il peut être à son maximum dès le départ.
Avant le rallye, mon rôle était de lui expliquer ce qui l’attendait cette semaine, tout en essayant d’anticiper un maximum les choses.”
Votre course a été marquée par une crevaison qui vous a coûté plus de quatre minutes.
“Le premier soir, je lui ai dit nous serions probablement moins dans le coup le vendredi car les autres pilotes seraient plus en forme. Il a essayé de compenser en attaquant plus. Finalement, on crève dans une corde, mais c’était un peu la roulette russe. On a pris peut-être 295 cordes dans la semaine, et il y avait une pierre cachée dans la boue.
On perd quasiment quatre minutes, car on a eu du mal à changer la route. Nous n’étions pas assez préparés à ça, surtout de nuit, et nous avons négligé ce point. C’est frustrant, et ce n’était pas un moment agréable, mais on ne peut s’en prendre qu’à nous.”
Comment marche votre duo ?
“J’essaie de jouer le rôle d’éponge en absorbant toutes les choses qui peuvent générer du stress, afin de permettre à Eliott de se concentrer uniquement sur le pilotage. Le rallye est un jeu, et il faut avant tout s’amuser. Eliott est quelqu’un de très calme, et au départ de l’ES1, il avait beaucoup moins de stress que le commun des mortels. Sa plus grande interrogation était de savoir ce qu’il allait pouvoir manger après la deuxième spéciale !”
Etait-ce trop audacieux de participer au Monte-Carlo à seulement 17 ans ?
“Chez les Delecour, l’extraordinaire, c’est l’ordinaire. À 17 ans, il a un environnement plus favorable que n’importe quel autre pilote. Son papa a fait 24 fois le Monte-Carlo, et même si ça peut paraître fou de s’engager dès cette année, Eliott a une destinée un peu différente des autres, que l’on peut comparer à Solberg et Rovanperä.”
A-t-il beaucoup appris sur ce Monte-Carlo ?
“C’est peut-être surprenant, mais je pense qu’il n’a pas appris tant de choses que ça. Il n’a pas une formation standard, et a déjà une grosse expérience avec deux parents qui étaient pilotes. Il n’a pas commencé en karting à 6 ans, comme d’autres pilotes, mais il s’est vite retrouvé au volant d’une Clio Rallycross en train de faire des tours autour de la maison. Il a déjà goûté à beaucoup de choses, comme un rallye sur neige en Roumanie avec une Logan, ou un autre en 207 S2000 sur un national en France. Pour moi, il a par exemple beaucoup plus appris à la Ronde du Jura car les conditions étaient vraiment extrêmes, et l’auto plus puissante, que cette Rally4 plus facile.”
Avant de rejoindre Eliott, tu as eu l’occasion de copiloter son père François à plusieurs reprises. Tu connais maintenant bien la famille.
“Ce sont des gens très attachants, et des liens se sont tissés entre ma famille et la famille Delecour. On partage beaucoup de choses en dehors du rallye. J’ai envie de l’aider car il y a ce lien affectif entre nous.
Je crois au potentiel du gamin, et j’essaie d’apporter ma vision du rallye plus moderne, en utilisant par exemple plus de technologie par rapport à l’époque de François.
D’un autre côté, ma priorité est mon activité professionnelle qui est en plein développement. Donc je manque cruellement de temps pour être sur de pouvoir l’accompagner à l’avenir. Je suis quasi-certain que Eliott est content du job que je fais. J’ai un rôle d’accompagnant avec lui, un peu comme un parrain. Je lui ai vite trouvé un petit surnom, “Loulou”, que vous pouvez entendre en caméra embarquée.”
Est-ce qu’Eliott te rappelle un autre pilote ?
“Pour l’instant, il me fait penser à Mathieu Arzeno avec qui j’ai fait plusieurs Monte-Carlo. En 2010, on avait démarré sur un gros rythme, et à l’époque, Olivier Burri, qui est un grand habitué du rallye, nous avons dit que nous étions partis trop vite et que ça n’allait pas durer. Et il a eu raison. Malgré cet abandon, c’est un de mes meilleurs souvenirs.”
Quelle est la suite maintenant ?
“Ce gamin a du talent, et il faut maintenant trouver la bonne structure pour l’exploiter. J’ai une phrase que j’aime bien pour parler de son potentiel. C’est bien plus simple d’amener de la technique à quelqu’un qui a du talent, que d’amener du talent à quelqu’un qui a de la technique.
Pour moi, il doit trouver un manager pour gérer tout ça avec une réflexion à mener sur le long terme. Selon moi, il doit faire une formule de promotion cette saison. S’il survole tout de suite, il aura probablement rapidement de l’aide, et s’il prend 2-3 ans pour gagner, ce serait aussi très bien. Le niveau est énorme, que ce soit en Stellantis ou en Clio, donc je n’ai pas de préférence à lui conseiller.
En plus d’un programme comme celui-ci, j’aimerais bien le voir en WRC3 sur des manches où il est autorisé à rouler, comme l’Estonie et la Finlande (limite d’âge). Ce seraient des expériences extraordinaires pour lui, et bien plus intéressant que de rouler en Rally2 sur un championnat de France par exemple.”
2025 en Stellantis, 2026 sur une C3 officielle en CF Asphalte, 2027 en WRC2…C’est mon oari !
Si telle est notre future pépite (et je le pense), ne pas tergiverser et végéter en cdf trop longtemps ! Trop de bons pilotes s’y sont faits ” piéger” ou s’en sont contentés sans sortir d’une zone de confort… Une Formule de promotion oui (pourquoi pas sur terre), l’idéal un mécène avec les reins solides (et qu’importe sa nationalité ! ) pour aller rouler le plus tôt possible en Europe ou ailleurs (exposition médiatique). Que ses parents aient l’immense joie un jour de le voir sur la marche “royale” du M.Carlo ! (et du Var pour le côté affinités). Bonne… Lire la suite »