Après trois années en deux roues motrices et notamment la dernière en Opel Corsa électrique, Sarah Rumeau avait un cap énorme à franchir en 2024 en débarquant dans la catégorie Rally2, que ce soit sur asphalte ou sur la terre.
Auteure de plusieurs top 6 en deuxième partie de saison, principalement sur asphalte, la triple championne de France aura progressé petit à petit en ne commettant aucune faute, abandonnant finalement une seule fois en seize rallyes.
Comment juges-tu ton année 2024 ? D’abord sur l’asphalte, une surface que tu connaissais forcément un peu plus.
“Je suis vraiment contente de ma progression, surtout sur l’asphalte. J’avais forcément un gros step à passer après une année en Opel électrique en 2023. Il fallait y aller crescendo alors que j’avais trois ans d’expérience sur des deux roues motrices. Mon expérience était encore assez limitée, mais on a montré que l’on pouvait aller vite.
Je pense que l’on termine bien l’année avec une belle cinquième place au championnat grâce à notre régularité. Je regrette par contre nos ennuis au Mont-Blanc, car j’adore ce rallye, et on a eu des problèmes pendant tout le week-end. Le plateau était incroyable avec beaucoup de concurrence, ça aurait été sympa de pouvoir rouler normalement. C’était un rallye assez horrible pour moi et je n’ai jamais réussi à me relancer.”
En tant que débutante en Rally2, comment as-tu pu comparer tes performances avec les autres concurrents ?
“J’avais deux manières de me comparer et de juger de mes performances. En début d’année, c’était surtout avec mes deux coéquipiers qui ont plus d’expérience et de jolis palmarès. Petit à petit au cours de la saison, j’ai réduit l’écart au kilomètre avec eux et aussi les autres du championnat. Mais avec des profils d’épreuves et spéciales très différents sur ce championnat, c’est assez difficile de comparer. Néanmoins, j’ai remarqué que j’étais relativement mieux dans le technique.
C’est au rallye du Rouergue où j’étais le mieux et où j’ai vraiment franchi un cap. C’était déjà le cas au Charbo après un Touquet un peu délicat pour ma découverte même si j’avais fait le Côte Fleurie avant. J’avais beaucoup de pression pour cette première épreuve et je devais absolument finir le rallye et faire des kilomètres. Au Charbo, j’ai vu du positif malgré des soucis moteur lors de la troisième boucle. Encore un autre cap à l’Antibes en étant parfois très proche de Jean-Baptiste (Franceschi). C’était très positif.
Au fur et à mesure de l’année, j’ai évolué aussi en termes de réglage et de ressenti. Le Mont-Blanc reste une grosse déception même si j’y ai gagné le titre (championnat féminin).”
Est-ce que tes performances répondent à tes attentes ?
“Oui, c’est au-delà de mes attentes, même si je n’avais pas vraiment d’objectifs fixés, si ce n’est de progresser au fil de l’année. Après ma saison en électrique, on ne savait pas du tout comme j’allais évoluer et m’adapter. Au final, on termine à une bonne place au championnat avec une bonne évolution donc c’est vraiment positif.”
Maintenant, je sais où je dois m’améliorer. Il y a un million de petits détails à prendre en compte, il faut vraiment faire attention à tout. Dans ma technique de pilotage, ça commence à être propre et je sais où je perds du temps. Mais je garde quelques secrets pour moi ! Je suis bien dans l’étroit rapide par exemple, mais j’ai plus de mal quand il y a des changements de rythme.”
Tu as roulé toute l’année en Ford Fiesta Rally2 qui semblait en retrait des autres voitures cette saison. Quel est ton avis ?
“Cette saison, on a clairement vu que les C3 étaient au-dessus des autres sur l’asphalte. J’ai l’impression que la Ford est bien en châssis, mais j’ai cru comprendre que l’on manquait de puissance. C’est difficile de faire une synthèse pour moi car je n’avais pas piloté de Rally2 avant. Par rapport à une Opel Corsa, ça marche très fort ! C’était un outil incroyable que j’avais entre les mains et le but était d’exploiter au maximum le potentiel de la voiture et ne pas se dire que c’était la faute de la voiture, ce serait trop facile. Et comme j’avais la chance d’avoir de bons coéquipiers, j’avais cet élément de comparaison et je suis assez fière de ce que nous avons pu faire avec Julie.”
Passons à la terre maintenant. Quel est ton bilan de 2024 ?
“Personnellement, j’avais des attentes plus élevées sur cette surface, surtout après le premier rallye. Je l’avais déjà fait et j’étais assez contente de notre performance. Sur les rallyes suivants que je découvrais, c’était plus compliqué avec un seul passage en reconnaissances. Face aux habitués du championnat, j’ai eu du mal avec pas mal de notes à valider au premier passage.
Donc je suis globalement un peu moins satisfaite de ma saison sur terre. Je sais que je suis capable de faire bien mieux. Sur la fin d’année, c’était assez difficile aux Cardabelles, puis au Vaucluse. D’abord une double crevaison d’entrée, puis une casse moteur et l’abandon. Au Vaucluse, la journée a été difficile et je n’étais pas à l’aise en perdant notamment beaucoup de temps avec le frein à main. J’ai corrigé ça le lendemain en réalisant par exemple un temps à 1s/km du scratch sur un tracé qui demandait pourtant beaucoup de couple avec de grosses relances.
Je voulais vraiment faire mieux et j’ai vite payé mon manque d’expérience. J’avais découvert cette surface l’an passé avec cinq rallyes en deux roues motrices et il m’a manqué du roulage.”
Dans cette saison avec 16 rallyes, tu n’as abandonné qu’une seule fois sur un problème mécanique, et donc aucune sortie.
“C’était une année d’apprentissage et j’ai toujours gardé cette petite marge de sécurité, ce qui m’a évité de sortir. Quand tu joues le championnat, tu n’as pas la même marge et tu t’exposes davantage. J’ai eu quand même une bonne frayeur au Var avec un gros deux roues et on a eu de la chance.”
En cette fin de saison, on attend bien évidemment une annonce pour ton programme 2025. Quelle est la situation ?
“Pour l’instant, je sais que je vais continuer avec Iron Dames, et mon objectif sera de rouler encore en Rally2. Les discussions actuelles sont autour de ça. Le but sera de continuer et d’aller de plus en plus vite. Le championnat de France est une superbe référence avec un gros niveau. Je devrais annoncer mon programme dans les prochaines semaines.
C’était une grande fierté d’être les premières Iron Dames en rallye et de rouler sous leurs couleurs, car sans elles, rien n’aurait été possible. Nous donnerons notre maximum pour les remercier et les représenter au mieux en 2025.”
Superbe saison de Sarah et Julie. Si tout va bien ce devrait être le WRC2 en 2025 toujours avec Sarrazin motorsport. une nouvelle marche pour elles. Mais elles ont été solides et studieuses.
Le meilleur reste à venir pour cet équipage, c’est un plaisir de voir des féminines à ce niveau, c’est presque logique top 5 vu la régularité de la saison.