Safari Rally : Choc des cultures, couronnement des dieux



Quelques jours après l’arrivée du rallye du Kenya et la victoire d’Elfyn Evans, Jeff nous retrace l’histoire de ce monument unique et impitoyable du championnat du monde des rallyes.

Avant ce nouveau récit, on rappelle que Jeff a publié son premier livre “Etoiles du Rallye, de l’Ardèche à la Finlande” en fin d’année dernière.


Autant c’est avec nostalgie que j’évoque les championnats du monde des rallyes d’antan qui offraient une vraie diversité de terrains et une véritable mixité ; je repense bien sûr au Tour-de-Corse, à la Catalogne ou au Sanremo qui nous manquent beaucoup ; autant le retour du Kenya dans le calendrier mondial depuis 2021 m’enthousiasme.



Le Safari n’est plus tout à fait l’impitoyable marathon d’une époque « bénie des dieux » mais l’Afrique reste l’Afrique…

Coincé entre Tanzanie, Ouganda, Éthiopie et Soudan « les pieds » dans l’océan Indien, le Kenya est un joyau d’Afrique de l’Est. Et du patrimoine « rallystique ».

En 1920, le Kenya devient une colonie Britannique. En 1953, en l’honneur du couronnement de la reine Élisabeth II, l’East African Coronation Safari voit le jour. Plus de 5000 km de pistes, de savanes, de forêts tropicales, d’imprévus…Depuis cette date, au départ de la capitale Nairobi, le rallye le plus difficile du monde offre aux équipages des difficultés inédites mais aussi des paysages à couper le souffle et quelques rencontres… exotiques !

Le Safari Rally, épreuve atypique, éprouvante, interminable, se déroule la plupart du temps sur des pistes ouvertes à la circulation et sur des distances invraisemblables. Au milieu de mille dangers et sur des pistes en perpétuelle évolution, il faut un grand sens de l’improvisation, un certain feeling et beaucoup d’humilité pour s’imposer au Kenya. En Afrique la victoire est un très long voyage, pas une destination !

Partout, le rallye moderne a perdu son côté aventure, partout… sauf au Safari ! Pour rejoindre la capitale Kenyane, les sprinters du championnat du monde doivent apprivoiser le « black cotton » une sorte de verglas local, les hautes-herbes, les saignées, les rivières, les averses tropicales, le brouillard des montagnes, le sable, la poussière, le soleil brûlant, la boue…A l’image des esprits, le danger plane sur la course et s’immisce partout, tout le temps, sous le regard impassible des fiers Masaï ou les acclamations d’un nombre inimaginable d’autochtones aussi enthousiastes que disséminés.

Au Kenya, depuis plus d’un demi-siècle, la popularité du Safari Rally demeure considérable et les pilotes sont traités comme des « demi-dieux ». Cette manche est une immense fête populaire ambulante, un mythe, un événement à nul autre pareil. Cependant, lors d’un Safari, les participants doivent veiller à respecter les « seigneurs» des lieux : léopards, éléphants, zèbres, rhinocéros, singes, buffles…et le roi de la savane, le lion. Au Kenya, c’est la nature qui décide.

Chasse gardée (et colossal marché) de Mercedes, de la marque au Lion (Peugeot 404 / 504 / 504 Coupé) puis des constructeurs Japonais, le continent Africain représente un perpétuel défi pour la fiabilité des montures et des pilotes. Les premiers rois du Safari Rally se nomment Joginder Sing le local de l’épreuve, Björn Waldegård le «roi de l’Afrique» Suédois et Shekhar Mehta l’Ougando-Kenyan. Certains pilotes, Walter Röhrl en tête, détestaient cette course aléatoire où pourtant, nombre de « guépards » du rallye moderne ont décroché plusieurs couronnes, comme Richard Burns, Tommi Mäkinen, Sébastien Ogier ou Kalle Rovanperä. Mais ce sont surtout les immenses Juha Kankkunen et Colin McRae, avec leurs 3 victoires chacun, qui ont excellé au pied des 5199 m du Mont-Kenya.

«Braveheart» disait : « …ici, il ne faut pas avoir de rythme, je veux dire qu’il faut le casser en fonction des difficultés immédiates…Une seconde d’avance suffit pour l’emporter »… L’Afrique et ses dieux ont fait de l’Ecossais un des leurs. Un couronnement.

Dans l’ancienne colonie de l’Empire britannique, le soleil se lève dans un ciel qui parait bien plus haut que nulle-part ailleurs. Le matin, lorsque l’horizon circulaire se dévoile quand le soleil et la lune finissent leur combat, tout est plus intense : la lumière, les odeurs, la chaleur, les images, cette débauche de couleurs et de sensations qui transcendent la vie. Le Kenya c’est « l’Empire des sens »…

En 2002, en reconnaissances, Sébastien Loeb qui découvre alors l’Afrique tombe en panne et raconte pour le magazine Auto-Hebdo : “La nuit est tombée. C’est étrange la nuit africaine, on ne voit rien mais on n’en ressent pas moins sa grandeur… et notre petitesse.”

Au Kenya, la victoire, tout comme la vie, a un prix.
De Jean-François B*

*Dans un des 36 chapitres de son livre « Etoiles du Rallye, de l’Ardèche à la Finlande » intitulé « Colin McRae, flat-out of Africa » Jeff évoque le lien particulier qui unissait Colin McRae à l’Afrique. Et bien d’autres choses encore…Toujours disponible aux éditions NEOPOLYCHRONO :

https://neopolychrono.fr/produit/les-etoiles-du-rallye-de-lardeche-a-la-finlande/




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Buz
Buz
14 heures il y a

Bonjour Jeff. J ai dévoré votre article comme j ai dévoré votre livre, Étoiles du rallye, de l Ardèche à la Finlande. Que de magnifiques souvenirs avec ses lieux et ses équipages de légendes. J ai noté une petite erreur page 18. En 1983 au Monte Carl, le Grizzly ne sort pas définitivement dans Entrevaux, mais c est dans St Michel les Portes qu il envoie son Ascona 400 dans le décor. C est très facile de me souvenirs de cela, puisque j étais pas loin de l endroit ou l Opel a terminé sa course. Et de mémoire ce… Lire la suite »

lorr
lorr
2 jours il y a

actuellement les WRC 1 sont moins adaptés à des épreuves comme le safari rallye, la faute d’une réglementation ou les teams avec quasi aucune modification sur leurs autos “très, très peu”

Lancia préparer le safari 8 mois à l’avance, Jorge Récalde testé la Delta en long en large des équipes au seins des teams travaillés spécifiquement pour cette épreuve.

Actuellement c’est trois jours de prépa en Sardaigne ont chargent l’auto et les équipement et go ont part au Kenya.

faire le Kenya avec une WRC1 ça équivaut à faire rouler une F1 dans la savane