À cinq jours du départ de la 91e édition du rallye Monte-Carlo, Jeff nous offre un nouveau récit consacré à l’une des légendes du championnat du monde des rallyes, et spécialiste de cette épreuve : l’Allemand Walter Röhrl.
Le célèbre Col-du-Corobin, à côté de Digne-les-Bains, est officiellement la toute première spéciale comptant pour le Championnat du Monde des Rallyes. C’est aussi la première spéciale du 42 ème Monte-Carlo, le 21 janvier 1973. Déjà âgé de 26 ans, Walter Röhrl participe, comme 270 autres pilotes, à son premier rallye de Championnat du Monde.
En France, on avait déjà aperçu le longiligne Allemand sur les routes du Lyon- Charbonnières 1971 mais il demeure quasi-inconnu. Au volant d’une très lourde et poussive Opel Commodore GSE Gr2, le pilote de RFA se classe modestement 139 ème du Corobin mais ensuite 32 ème dans Pont-des-Miolans, puis 21 ème dans la tempête historique de Burzet, 6sec devant la R12 Gordini de Ragnotti. Déjà un exploit ! Il récidive dans le Moulinon, 22 ème à 4sec de Jeannot… Les premières ébauches du chef-d’œuvre. Röhrl domine largement la classe 6 et termine 45 ème à Monaco.
En 1987, après la folle épopée des surpuissantes GrB, le choc est brutal. Les GrA, encore sous-motorisées, sont de bien ternes nouvelles reines de la route. Les Lancia Delta HF de Biasion et Kankkunen sont imbattables. A bientôt 40 ans, le « roi » participe à son dernier Monte-Carlo au volant d’une lourde et poussive Audi 200 Quattro de 238cv. Walter Röhrl, homérique, réussit six temps scratchs, autant que la Lancia du vainqueur moral Kankkunen ! Avec sa « limousine », l’Allemand domine Embrun, survole Sisteron et écrase littéralement les dernières spéciales pour monter sur la 3 ème marche du podium. En treize Monte-Carlo, Röhrl n’est jamais sorti de la route (!) et surtout, il a remporté quatre victoires… et quelles victoires !
Affirmer que Walter Röhrl demeure le meilleur et plus grand champion de l’histoire du Monte-Carlo est un point de vue. Je ne sais pas…mais ce n’est probablement pas loin de la « vérité » ! En tout cas, je pense que c’est un des trois plus grands champions de la classique Monégasque. Au fil des décennies, les spéciales, la concurrence et les conditions climatiques sont devenus assez incomparables. A l’époque, les kilométrages effectués étaient bien plus importants, les reconnaissances aussi, et les voitures beaucoup moins fiables. Tout a changé. A mon sens, Jean Luc Thérier a été un des plus grands pilotes de l’histoire de cette épreuve… mais il fut bien trop malchanceux. Sandro Munari était impérial, Didier Auriol phénoménal, Carlos Sainz impressionnant, François Delecour héroïque, Tommi Mäkinen dominateur… mais seuls Sébastien Loeb et Sébastien Ogier peuvent se targuer d’avoir mis le « curseur » aussi haut que jadis un certain… Walter Röhrl.
Les deux tricolores comptent chacun huit victoires à Monaco. Certes, Ogier a remporté une édition comptant « seulement » pour l’IRC alors que Loeb a gagné à chaque fois en WRC… mais Sébastien Ogier a triomphé avec cinq constructeurs différents alors que Sébastien Loeb s’est « contenté » de 2 marques… Ce n’est pas un point de vue : la domination de Loeb et Ogier sur les spéciales du Monte-Carlo a été écrasante. Invraisemblable parfois. Pour moi, sur ce juge de paix, les deux Sébastien sont à tout jamais inséparables et indissociables, seulement comparables à… Walter Röhrl. Vingt victoires à trois bonhommes, et si peu d’erreurs…Trois pilotes intouchables, trois destins exceptionnels, trois champions extraordinaires érigés en monstres-sacrés sur les mêmes routes, celles du Monte-Carlo.
Lors de l’édition 1975, Röhrl évolue au volant d’une Opel Ascona. Il navigue au milieu des Lancia Stratos, Fiat Abarth 124, des Munari, Mikkola ou Alen et réussit quelques chronos inouïs mais le moteur de sa monture casse dans le Moulinon. Ici, il reviendra…
En 1976, avec une modeste Kadett GT/E, le Teuton termine 4 ème derrière trois intouchables Lancia Stratos mais devant Clark, Alen, Fréquelin… Toujours avec la Kadett, Walter claque des chronos « d’un autre monde » en 1977 mais le moteur cède à nouveau. En 1978, le prodige Allemand pilote une Fiat 131 Abarth et perd 4min30 dans Saint-Jean-en-Royans, pour échouer au pied du podium, à 3min19 du vainqueur Jean Pierre Nicolas. Sur les terres de ses débuts, Röhrl survole les 19km du Corobin où il inflige 37sec à la Stratos de Michèle Mouton et 50sec à Nicolas.
Malchanceux mais à l’arrivée en 1979, l’ancien séminariste et skieur de Regensburg commence à écrire la préface de sa légende en 1980. En janvier de cette année-là, la neige est abondante et le Monte-Carlo se déroule sous un beau manteau blanc. Au volant de sa Fiat 131 Abarth équipée de pneus Pirelli, Walter prend les commandes dès l’ES2 et ne les lâche plus. Une sorte de domination « à la Loeb » ! Sur son terrain de jeu favori du Moulinon – Antraigues, Röhrl relègue sont second, le premier Champion du Monde de l’histoire, Björn Waldegård, à 2 min en 38km… à voiture égale ! Après plus de 500 km de chronos, Waldegård finit 3 ème à 11min28sec. C’est Bernard Darniche qui monte sur la 2 ème marche du podium final, à 10min38sec du géant Allemand.
Suite de récit à découvrir demain matin avec les autres exploits de Walter !
Toujours aussi bien relaté,bravo! La photo me rappelle des souvenirs,la photo est pris à Turrieres(04)au coeur de la spéciale Selonnet/Bayons,avec le fameux Col des Garcinets!
et michèle mouton qui roulait avec lui chez audi ,qui a eut aussi ascona ,131 ; évincée de peugeot à cause des finlandais” montant”, 1ere femme française à ce niveau qui les mangeait , c’etais une performance mais on oublie vite